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At the far edge of Fate.


Gabriel Tinuviel
Vampire • Sang-Pur
Gabriel Tinuviel
Gabriel Tinuviel
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 53
Puissance : 3/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : At the far edge of Fate. Original
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 53
Puissance : 3/5
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Exodial : Nom / Race
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Race : Vampire - Sang-Pur
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Puissance : 3/5
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Exodial : Nom / Race
Image du personnage : At the far edge of Fate. Original
Mar 6 Juil - 23:58



At the far edge of Fate





❝ Would you follow me ? ❞


Ce matin-là, alors que la brume matinale recouvrait encore la région de Drënalya, je venais prendre mon tour de garde à la frontière Eliraan. Les gardes présents en poste sur notre campement étaient des plus sérieux. Il était hors de question de confier la tâche à des fainéants qui laisseraient passer l’ennemi au profit d’une sieste mortelle. Nous étions le dernier rempart de chair et de sang protégeant le peuple. En observant l’horizon ce matin là, alors que les oiseaux ne chantaient pas encore, je fus subjugué par le calme apparent de Vënrya. D’ici, personne ne pourrait croire qu’une guerre sans précédent ravageait ces terres… Je pris une grande bouffée d’air frais avant de prendre la place d’un des soldats. Nous échangions quelques mots sur le calme de la nuit, la seule visite impromptue fut celle d’une famille de cervidé qui fut accueilli comme elle se devait par un groupe de vampire en poste depuis des semaines. C’était une scène peu ragoutante, la chasse avait été désordonnée, ils avaient fait ça comme des malpropres. Je levais les yeux au ciel, ordonnait que ça soit nettoyé avant d’attirer des bêtes sauvages et passait à autre chose.


Avant que les soldats aient le temps de finir de se relever pour s’affairer à la tâche, un bruissement lointain d’ailes attira notre attention. Les ordres fusaient, chacun prenant son poste, réveillant les dormeurs. Hommes et femmes furent équipés à la hâte alors que le hurlement profond d’un dragon se fit entendre, déchirant le silence et éveillant la nature en panique. Les oiseaux chantaient à tue-tête d’une voix paniquée, la faune semblait se replier dans la forêt craignant d’être chassée. Pourtant, la créature ne venait pas pour eux. Il se rapprochait et je pouvais distinguer de plus en plus clairement ses détails. C’était une Wyverne cuirassée et son cavalier portait haut un grand drapeau avec nos couleurs. Je relevais alors le bras, main ouverte, pour signaler à mes hommes de se relaxer. Il se posa rapidement près de notre avant-poste, d’abord ses deux pattes arrière puis ses ailes crochues, qui firent légèrement trembler le sol à son contact. Le Vampire sur son dos se glissa sur le sol et se rua vers ma position avec une rapidité qui me fit craindre le pire. Mon regard se durcit alors que je me rapprochais de lui et, haletant, il me tendit une missive scellée du sceau royal. Derrière lui, sa monture respirait fortement, montrant clairement que le trajet avait été effectué à la hâte et sans arrêt. Il s’ébroua et posa son regard perçant et curieux dans le mien avant de se coucher pour se reposer. J’attrapais la missive, reposant mon attention sur l’urgence du moment et fit sauter le sceau d’un geste vif. Je déroulai la missive entre mes doigts fins, découvrant l’écriture de mon père.


Les troupes Eliraans sont de plus en plus nombreuses, nous avons réussi à les repousser jusqu’à Heiron mais le prochain assaut de leur part pourrait être le dernier. Nous savons que ce bastion comporte de nombreux mages et portails, nous risquons de nous faire submerger. Toutes les garnisons de réserve sont appelées sur le front d’urgence. Abandonnez les avant-postes, le peuple sera retranché dans l’intérieur des terres. Ceci est un ordre royal. Départ imminent pour Heiron.


Je fronçai les sourcils. Ferma le poing sur la missive, l’écrasant entre mes doigts. Merde, merde, merde ! Stupide guerre insensée ! Je renvoyais le messager qui avait tout un peuple à repousser dans les terres en urgence. Il grimpa sur sa monture en toute hâte et l’animal gronda, mécontent, avant de prendre à nouveau son envol.



Notre Roi nous appelle au front ! Ne prenez que le strict nécessaire, je vous veux tous sur vos montures dans deux minutes sinon nous partons sans vous !




Les combats s’étaient intensifiés ces derniers mois, ça je le savais déjà.  Mais que tous les corps armés soient réquisitionnés sur le front, c’était une étape au dessus. Ca devenait sérieux. Pas que ça ne l’était pas déjà mais ce combat là serait d’une envergure destructrice. La minute qui suivit fut pleine de brouhaha, de cris et de claquements de métal. J’étais déjà prêt. J’avais ma lance rétractée - pas plus grande qu’une dague -, quelques armes de jet et une épée qui étaient à ma ceinture. Une armure gravée de nos armoiries, renforcée, protégeant mes points faibles. Il ne me restait plus que ma monture à préparer. J’attachais en toute hâte sa cuirasse, protégeant son poitrail, son ventre, ses pattes et sa tête ; lui enfilait son arrachement et sa selle en cuir clair et il fut fin prêt. J’avais la chance d’avoir un Griffon Royal comme monture, une sous-espèce de Griffon, blanc, plus rare que les communs aux teintes plus chatoyantes, vivant en forêt et en basse montagne. C’était une espèce migratoire qu’il était difficile de trouver. Plus endurant, plus grand et plus agressif que l’espèce mère, il était un atout non négligeable contre les dragonniers ennemis. Je pris ses rênes pour le sortir de notre étable de fortune créée à partir de bois et de grands draps. Et prit place sur son dos. Il étira ses larges ailes immaculées en repliant sa tête contre son poitrail, réveillant ses muscles endormis. Autour de moi, les chevaliers et les soldats se mettaient en rang petit à petit.


Nous étions une petite garnison d’une cinquantaine d’homme, bien peu comparé à d’autres de plusieurs centaines. Mais nous ne valions pas moins pour autant. Durant ces nombreux mois de gardiennage, j’avais appris à connaître ces hommes. Ils étaient tous de braves soldats, loyaux et souhaitant plus que quiconque protéger le Royaume et leurs familles. Malgré les inconnues dans la grande équation d’une guerre, je me sentais en confiance avec de telles personnes à mes côtés. Tous sans exception furent prêt dans les temps et nous abandonnions notre grand camp sans un regard en arrière. Le voyage fut rapide. Les chevaux étaient au grand galop, les dragons et les griffons planaient au dessus de la cavalerie ; ainsi, la distance nous séparant de Vënrya fut parcourue en moins d’une heure. Dans notre périple, nous croisâmes deux autres messagers qui partait en direction de Roncëlyon. Le territoire était vaste, ils avaient tant de personnes à prévenir… J’espérais sincèrement que les Eliraans n’étaient pas perfides au point de s’en prendre à nos villageois maintenant que nous aurions le dos tourné. Nous n’avions que l’espoir pour nous raccrocher à cette idée. Il avait fallu faire une pause pour nous reposer quelques heures durant la nuit, nourrir et abreuver les montures et les soldats. Une guerre ne se gagnait pas avec un corps tremblant et un esprit faible. Je n’avais pas vraiment réussi à dormir cela dit. J’étais tendu, ne sachant pas à quoi m’attendre et les étoiles n’étaient pas la compagnie la plus chaleureuse. J’avais connu plus doux qu’une nuit contre l’écorce d’un arbre mais j’essayais de ne pas penser à tout ce que je risquais de perdre demain. J’observais le ciel étoilé, en silence, et somnolait un peu. Après trois heures de repos, nous nous mîmes à nouveau en marche et Heiron n’apparu sous nos yeux que le lendemain matin.


De poste frontalier crucial entre Vënrya et Roncëlyon, je passais en ligne latérale, sur le flanc gauche. Le Roi Tinuviel n’avait nullement envie de voir sa famille sur le devant de la scène, pourtant ce jour là, le choix de nous écarter ne lui était plus acquis. Le nombre de troupe mobilisé était si grand qu’il m’était impossible de m’entretenir avec lui. Tout ce que je savais c’est que nous allions combattre à ses côtés dans l’assaut de la forteresse Heiron, lui en première ligne et moi sur la latérale. C’était un des bastions les plus avancés en termes de défense. Notre ennemi s’était réfugié en ses murs. Fort heureusement, nous connaissions son dôme protecteur et sa garnison de mages puissants. Il n’était pas question d’attaquer à proprement parler mais plutôt d’affaiblir l’ennemi. Nous espérions une quelconque capitulation pour mettre un terme à cette guerre ridicule. Il était puéril de condamner tout un peuple pour sa manière de vivre. Les fruits pourris existaient même dans les plus beaux arbres. Chacun des Royaumes d’Exodus avait quelque chose à se reprocher et malgré tout, tous se pointait du doigt en coupable. Tous ces morts, cette haine, cette misère.. pour rien. Nous ne pouvions pas aller contre notre nature. Nous condamner pour notre façon de nous nourrir était aussi ridicule que de sanctionner un homme qui vole pour sa survie.





Un matin, après pourtant des jours de néant, pas mal de mouvement fut décelé aux alentours de la forteresse… Nous dûmes nous regrouper en toute hâte, formant cinq lignes de front. Mon père et ma mère en zone frontale, au milieu, tandis que moi et ma sœur étions assignés aux autres garnisons secondaires, en retrait. Le silence était de mise dans nos rangs, seuls les cris des griffons, des dragons et des chevaux qui sentaient la lourdeur de l’atmosphère cassaient l’oppression du néant. Tous le monde était tendu. Ce n’était pas le premier clash qui opposait nos deux Royaumes depuis la déclaration de guerre mais celle-ci serait bien plus virulente. Nous le savions — eux également. Le nombre de troupe avait triplé, ça sentait le grand final. Ils se battaient pour leurs idéaux, nous pour défendre nos familles et notre peuple. Lorsque les cornes Eliraans firent trembler l’air de notes aigues, les nôtres suivirent plus graves. Cette mélodie, annonciatrice de l’engagement à venir fut accueillie par des cris, des rugissements et des glatissements, de toute part de la gigantesque plaine. Chacun appelant l’autre à sa fin.


C’était ma première guerre. Et malgré toutes les tentatives de mes parents de nous protéger de celle-ci, nous étions désormais obligés d’y participer pour défendre notre vie. Une fois le silence revenu de nouveau sur la plaine, de nombreux portails bleu-violacés apparurent tout autour d’Heiron et de nos positions. Merde ! Les Eliraans tentaient de nous encercler par surprise. Chacun des leaders se devaient de réagir vite pour ne pas se faire attaquer de flanc. Je récupérais ma lance à ma taille, la fit tourner d’un tour complet dans ma main droite avant de stopper son mouvement d’un geste vif. Ce qui lui permit de se déployer de toute sa longueur dans un cliquetis satisfaisant, sa lame apparaissant en dernier. Je tapotai le flanc de ma monture avec le côté plat de la lance, il glapit d’un cri perçant qui retenti avec ceux des autres qui lui répondirent. Le large Griffon Royal, blanc immaculé, prit ses appuis et d’un geste puissant, s’éleva haut dans le ciel dégagé. Toute la cavalerie ailée suivit le mouvement, dans un grondement draconien et le fracas des ailes contre le vent se joint à la folie mélodieuse. Mon cœur battait vite, l’adrénaline montant de plus en plus en chacun de nous. D’un mouvement accompagné de la pointe de ma lance avec un ordre hurlé, clair et concis, je redirigeais mon groupe sur le flanc gauche, là où deux portails étaient apparus. Je n’avais pas le temps de vérifier que les autres en avait fait de même. Ma garnison eut à peine le temps de reprendre une formation décente. Un brouhaha monstrueux de cris de rage s’élevait déjà dans l’air, suivi de fracassement d’ailes et de claquement d’armures. Heiron fit tomber son bouclier et les Eliraans sortirent de ses murs et de leurs portails en chargeant, tant sur le plan terrestre qu’aérien. Et ils arrivaient très vite sur nous. Je déglutis. Ma gorge s’asséchait. C’était maintenant. Je levais ma lance le plus haut possible au dessus de nos têtes, appelant un éclair contre celle-ci pour la charger d’énergie foudroyante. La foudre qui apparu fut plus fine qu’à l’habitude, le ciel trop dégagé et la tension bridait mon don. Malgré tout, le tonnerre gronda à l’impact du métal qui se réchauffa sous mes doigts, se chargeant de l’énergie divine.



Pour Roncëlyon, vos familles, votre Reine et votre Roi !



Hurlais-je a en perdre la voix, espérant insuffler un brin de courage dans le cœur de mes troupes. Je mis un coup de talon à ma monture qui replia ses ailes pour piquer vers le sol, prenant de la vitesse avant de re déployer ses larges ailes, survolant la garnison qui chargeait l’ennemi. Le griffon cria une nouvelle fois, se dirigeant droit sur un dragon aussi large que lui. Le choc lui coupa la voix et failli me désarçonner. Je n’eu le temps d’encaisser le coup que j’esquivais la morsure du dragon ennemi en sautant par-dessus sa tête. Il changea alors de cible et se focalisa sur ma monture, tentant de lacérer le ventre du Grand Blanc avec ses pattes arrières, fort heureusement protégé par sa cuirasse. J’appelais le tonnerre en plein saut pour foudroyer le dragonnier Eliraan qui attendait mon arrivée sur son dragon. Cela le paralysa sur place et j’en profitais pour planter ma lance à la naissance du cou de son drake, entre deux plaques d’armure. L’animal hurla, son cri déchirant se noyant dans la cacophonie ambiante, son regard devint plus mauvais et il se débattu comme un lion pour me désarçonner. Ses griffes essayant de m’atteindre par tous les moyens. Malheureusement pour lui, ma lance était plantée profondément et ses mouvements étaient bloqués par mon griffon. L’animal, irréfléchi, créa davantage de lésion près de sa jugulaire à force de forcer et de se débattre. Je reprenais place sur ma monture qui déchirait l’armure de la bête, son cou et sa patte prit dans ses serres. Tirant doucement sur ses rênes, je lui fis quitter sa proie pour se jeter directement dans la foulée sur une autre. En quelques secondes, le dragon perdit conscience, perdant trop de sang et il chuta avec son cavalier dans la folie meurtrière au sol. Tout s’enchainait à une vitesse monstrueuse et je savais que la moindre perte de concentration signerait mon arrêt de mort. Nous dansions un ballet dangereux dans ce ciel si bleu. Les crocs claquaient près de moi, les griffes acérées me frôlaient et les rares passages en vol entre moi et les autres cavaliers étaient d’une violence inouïe. Il fallait à tout prix protéger nos dragons qui étaient un avantage considérable, en appui aérien, pour nos soldats. Sans compter qu’une telle bête s’écrasant sur le sol était presque aussi dangereux qu’un tir de baliste ennemi.


Je ne vis pas le temps, ni les corps passer. Eliraans, Vampires, griffon, dragons, chevaux, … Bien des êtres jonchaient le sol, sans vie. Je ne me rendais pas encore compte de mes actes, encore moins de tout le poids que cela aurait sur ma conscience. Tout allait si vite, je perdais petit à petit mon souffle et mon énergie, le tonnerre ne grondait plus autant qu’au début. Pourtant, la violence des combats ne s’étaient pas taris, aucun des deux Royaumes ne semblait capituler ou prendre l’ascendant sur l’autre. La prairie si verdoyante autrefois était désormais labourée de toute part, carbonisée, défigurée et ensanglantée. Les trébuchets et les balistes s’en donnaient à cœur joie. Petit à petit, nous nous étions tous éloignés d’Heiron, à force d’avancer et de reculer ça et là. L’aspect organisé des rangs était bien loin derrière nous. Je n’avais pas le temps de prendre connaissance de l’état de ma famille sous peine de me faire décapiter dans la foulée. Le bal aérien se déroulait partout sur la plaine et les cris stridents des bêtes et graves des hommes commençaient à me monter à la tête. Je fatiguais mais le repos était un luxe inaccessible à cet instant. J’eus une pensée fugace pour elle. Je serrais les dents, tenant d’un poing ferme ma lance qui s’électrifia dans un souffle d’énergie inespéré et me lança comme un lion dans la bataille.


Le Grand Blanc piqua au sol sous ma demande et je bondis de son dos avant qu’il n’atteigne la terre ferme. Toutes griffes sorties, il se jeta dans la mêlée, attaquant quiconque ne portait pas nos armures. Son bec aiguisé déchirant et décapitant plusieurs soldats. Sa vraie nature sauvage reprenant le dessus. Maintenant que j’étais là, je me rendais compte à quel point nous perdions de vie à la minute. Bien des miens s’écrasait au sol, genoux ou tête la première, sous les coups des Vënryiens… Dans mon regard, il n’y avait plus aucune compassion. L’angoisse avait laissé place à la haine, l’hésitation à la concentration. Je dansais sur le champ de bataille. Ma lance voletant autour de moi, blessant mortellement ou handicapant drastiquement le premier fou qui osait me défier. Je grondais lorsque j’étais touché, à la fois de douleur et de colère. Tel un léopard, je montrais les crocs mais ne laissait pas la douleur me monter à la tête. Si je capitulais, je tomberais comme les autres. Alors je me débattais contre mes ennemis avec l’appui parfois salvateur de mon compagnon de guerre ou de chevaliers de ma garnison qui me suivait de près. J’étais sûr que maman avait placés de très hauts gradés dans mon groupe, comme dans celui de ma sœur. Nos parents faisaient tout pour nous protéger après la disparition dramatique de Nyx.





Après quelques enchainements, alors que comme bien des hommes je commençais à avoir les mains tremblantes, un grondement sourd venant de sous nos pieds se fit entendre. Chacun des combattants se stoppa net, observant l’un et l’autre dans une tension peu commune, se jaugeant pour comprendre quel camp avait encore un atout à sa main. Pourtant, ce craquement terrestre ne prenait pas source chez les Vampires et vu la réaction des Eliraans, il n’en était pas la cause non plus… Le silence se posa à nouveau sur la plaine d’Heiron, malaisant et lourd. Chacun se jaugeant mutuellement. Je déglutis difficilement en observant l’horizon et fut soulagé d’y découvrir entre deux nuages sombres, au loin, Tescanda et ma mère. Pour les autres, j’étais trop loin pour réussir à les distinguer dans la marée de soldats. Un nouveau grondement terrestre accompagné d’un tremblement de terre nous déstabilisa tous. La plaine se déchira, craquant sous les pieds de nombreux soldats et montures encore en vie. Telle une gueule gigantesque, Exodus semblait engloutir nos troupes, sans se soucier de leurs origines. Les cris remplacèrent le silence alors que l’anarchie et la peur prenait place sous mes pieds. Il fallait faire quelque chose et vite.



Repliez-vous !!



Hurlais-je à qui pouvait m’entendre alors que de la fracture terrestre s’extirpait un dragon, titanesque, sombre comme la nuit avec un cristal rouge comme le rubis en son poitrail, qui le traversait de part en part. L’animal poussa un rugissement à vous en faire perdre l’ouïe. Puissant, sombre et menaçant. Était-il possible que nous ayons réveillés ce monstre ? Tétanisé, je l’observais sans bouger alors que ma monture commençait à s’agiter par pur instinct de survie. Je ne pouvais cependant pas fuir, en tant que Prince je me devais d’assurer les arrières de mon peuple. Alors je m’agrippai aux rênes avant qu’il ne s’enfuît et je grimpai sur son dos. Nous avions déjà perdu beaucoup dans la bataille, il n’était pas question qu’un dragon sorti du trou du cul du monde ne vienne nous annihiler. Je mis un coup de pied au cul de notre instinct à tout deux et je m’élançai vers le nouvel ennemi. Le noiraud n’était clairement pas là pour faire une balade matinale, ses griffes balayait tout l’espace autour de lui, décimant tout être vivant sur son passage. Je serrais les dents. Bien des unités aériennes avaient fui le champ de bataille. Mais quelques fidèles chevaliers se joignirent à moi dans mon assaut contre le titan. Là-haut, je pris le temps d’analyser le monstre. On aurait dit un dragon Exodial sauf qu’il semblait bien plus gros et puissant qu’à la normale. Étais-ce vraiment un Exodial ou.. autre chose ?


Je pouvais sentir mon griffon trembler de tout son être alors qu’il battait des ailes de toutes ses forces pour rejoindre le monstre avant qu’il ne sorte complètement de terre. Il glapissait par intermittence, communiquant avec deux autres griffons à mes côtés, haletant, le bec ouvert. J’apposais une main qui se voulait rassurante sur son encolure ensanglantée mais la vérité c’est que je tremblais tout autant que lui. Je le savais — nous le savions — cet assaut sur ce monstre était suicidaire mais nécessaire. Et c’est pour cela que plusieurs d’entre-nous, Vampire comme Eliraan, se jetait à corps perdu dans cet acte. Le dragon vit la menace arriver et nous gratifia d’un cône de flammes larges comme une auberge, qu’il fit valser autour de lui. Proche, mon groupe prit une léchée de flammes inévitable qui nous arracha tous des cris de douleur. Ses flammes étaient les plus agressives que j’eu jamais ressenti. La chaleur était insoutenable et ma peau fort heureusement protégée par mon armure fut sauvé d’une brûlure qui m’aurait surement marqué à vie. Nos montures, elles, n’étaient pas si chanceuses et leurs corps meurtrit ralentirent sous la douleur. Le hurlement de rage qui suivit, je le connaissais par cœur. Grave, vrombissant et sombre, digne de défier celui du Titan. Tescanda, grondant, se jetait sur le dragon de jais et de sang, ma mère sur son dos. Je ressenti à la fois un immense soulagement de la voir vivante et une peur viscérale de la voir se jeter dans la gueule du colosse. Le ciel se chargeait d’humidité et d’électricité se pliant à la volonté de la Reine Tinuviel, créant une tempête et un brouillard pour nous camoufler. Ils venaient nous aider et tenter de nous protéger. L’énergie ambiante était bienvenue et je ressentais déjà mes forces revenir peu à peu. La foudre était mon élément et grâce à cette tempête, j’allais pouvoir me lâcher complètement.


Je fis un premier passage après avoir esquivé difficilement la largeur de la patte griffue de la bête. Captant l’énergie ambiante et redirigeant la foudre sur le corps du titan. Trois arcs électriques se déchainèrent sur sa peau cuirassée. Les écailles rougirent sous la chaleur de l’impact et le goliath émit un rugissement de douleur. Sa large tête se tourna vers ma position, ses iris rouges luisant de haine me suivant du regard. Il gronda lentement en me dévoilant ses crocs. Un frisson de peur viscérale me parcouru l’échine et j’entendis la voix lointaine de ma mère, terrifiée, me hurler dessus. ❝ Gabriel, replis-toi immédiatement ! ❞ Dit-elle horrifié par ma présence face à ce mastodonte. Pour toute réponse à la matriarche, je remontai ma lance à hauteur de torse, parallèle à ma monture. Prêt au combat. Je mis un coup de talons au griffon qui glapit en piquant au sol, prenant la direction du dos du dragon. ❝ NOON !! ❞ Hurla-t-elle alors qu’il était déjà trop tard. Elle se lança comme une folle dans la bataille, attaquant la bête à la base de sa queue. Le titan s’extirpa pour de bon de la fissure et libre de ses mouvements, se retourna d’un coup pour agresser Tescanda. Le dragon de jais, agile et expérimenté, esquiva sans trop de peine l’attaque et mordit à pleine gueule la base du cou du titan. A ce même moment, je fondis sur la base de sa queue et planta ma lance crépitante de foudre dans son cuir épais alors que mon griffon plantait ses serres lui aussi. Le presque-Exodial hurla de douleur, prit entre deux ennemis et la terre trembla de nouveau, plus férocement. Un grondement plus aigu se fit entendre sous terre et mon regard se voila de terreur. Je pris ma lance à deux mains, essayant de l’extirper le plus rapidement possible de son corps cuirassé. Je devais décoller et vite, il n’était pas seul…





Le rougeoyant se décala sur le côté en grognant par intermittence puis continua son assaut sur ma mère qui assurait mes arrières en l’occupant. Lorsque je pus enfin détacher mon arme de son corps et décoller de son postérieur, je cherchais à nouveau à faire appel à la foudre. Nous devions le terrasser avant que le deuxième ne sorte. S’il était aussi dangereux que le premier, je ne donnais pas cher de notre peau. J’esquiva son monstrueux cristal rouge alors qu’il lançait une nouvelle gerbe de flamme , attaquant Tescanda et les soldats alentours. Eliraans comme Vampires semblaient s’être alliés pour combattre la nouvelle menace. Étrangement, cette fois, nous étions un mal nécessaire dans leurs vies. Le craquement qui suivi fut violent. De la fissure, un nouveau dragon apparu, faisant trembler la terre et rouler les gravas de roche. Un nouveau noiraud, plus fin aux reflets bleutés projetés par un cristal turquoise s’extirpa avec violence d’un battement d’aile puissant. Il semblait mu d’une rage incommensurable et je fus le premier moucheron sur sa route. Son grognement était mauvais, son regard perçant, détaillant le moindre de mes mouvements alors qu’il me prenait en chasse. Était-il possible qu’il sache que j’étais l’origine de ces assauts foudroyants ? Ces grondements, plus tôt, était-ce une communication entre eux ? Je serrais les dents et talonnait ma monture, qui je le savais, était déjà au mieux de sa vitesse. Le griffon haletait très fortement et je sentais qu’il ne tiendrait pas plus longtemps face à un dragon de cette envergure. J’allais me faire croquer à un moment où un autre et je pris donc une décision stupide en rétractant ma lance dans ma main.


Je jetais un coup d’œil stressé vers la droite, cherchant ma mère du regard. Elle avait une moue terrible, peut-être qu’elle souffrait, Tescanda semblait ralentir la cadence lentement. Les esquives et les coups à répétitions commençaient à le fatiguer. Cependant, le rougeoyant semblait lui aussi s’affaiblir. Le poison commençait-il à faire effet ? Serait-il assez puissant pour une telle créature ? Les grognements et les cris se répondaient dans une cacophonie insupportable et la fatigue mentale me faisait perdre de plus en plus espoir. Je devais retourner aider ma mère mais pour cela je devais terrasser ce colosse bleu. C’est lui ou moi. Ma monture était toujours entrain de grimper dans le ciel, le serpent ailé à nos trousses. J’entendais Tescanda et maman qui essayaient de nous rattraper et lorsque mon regard se posa sur eux, Tes’ se prit un coup de patte du dragon au cristal rouge. Désarçonnant ma mère qui chuta au sol et envoyant valser le lié quelques mètres plus loin. En traversant la tempête de ma mère qui semblait avoir empiré, je les perdus de vue. Les nuages sombres, la pluie battante et l’orage grondant nous accueillaient plus véhément que jamais. Une fois dans le cœur de la tempête, je condensais le plus d’énergie que je le pouvais en moi. Je n’avais jamais fait ça, je n’avais aucune idée de ma capacité à supporter une telle charge d’énergie pure. Pourtant, les yeux clos, j’appelais à moi la foudre alentour en tendant les bras. Je failli lâcher ma lance tant la décharge ressentie fut violente mais je tins bon. Était-ce ma mère qui créait tant d’énergie ou était-ce que ce dragon bleuté qui en était coupable ?


Quelques instants plus tard, en ouvrant les yeux je remarquais que mon corps avait changé. Mes gants avaient été désintégrés par la force de la foudre et mes mains… Elles semblaient comme luire, chargées d’énergie brute. Je n’étais pas capable d’en voir plus à cause de mon armure mais j’étais sure que mes mains n’étaient pas les seules atteintes par cette expérience. Étrangement, je me sentais bien plus fort que d’habitude mais je savais que cela serait de courte durée. Je ne pouvais pas emmagasiner autant d’énergie et la conserver indéfiniment. Alors je sautai, fermant les yeux et relâchant ma prise sur le corps et les éperons de ma monture, glissant de son dos. En chute libre, j’ouvrais à nouveau les yeux, découvrant mon adversaire qui déployait déjà la gueule ouverte pour me réceptionner. Le timing serait serré mais n’avais-je pas dis que c’était une mission suicide ? J’avais froid et je me sentais seul dans ce combat des titans. Je ne pouvais plus compter que sur moi-même…





Le dragon siffla alors que je me rapprochais de sa position, mon regard se fit plus sérieux, quand bien même tout mon être me hurlait de fuir en me téléportant. Hors, j’avais besoin d’asséner un coup violent, potentiellement mortel. Arrivant à auteur du nez, je fis tournoyer de nouveau ma lance pour la déployer, ramenant mes jambes contre mon corps. Lorsque la bête claqua sa mâchoire pour me gober, un hurlement de douleur me perça les tympans, me faisant hurler à mon tour. Mon cri mêlait rage de vivre, de vaincre et souffrance. Ma lance, planté dans le palais du dragon, l’empêchait de fermer sa gueule. Il avait claqué si fort sa mâchoire que le bout de mon arme avait traversé sa langue épaisse. Il se débattait, balançant sa lourde tête dans tous les sens en grondant de colère et de douleur. Je plaçais mes deux mains sur le manche métallique et sans être sûr d’y survivre, expulsa toute l’énergie accumulée jusque là dans mon être. La foudre ainsi libérée alla se loger partout autour de moi, telle une vipère, elle serpentait dans la rangée de crocs et dans le corps de l’animal. Saisie, sous le choc, la créature stoppa tout bruit et chuta vers le sol. Haletant, épuisé, je finissais genou à terre, me raccrochant au manche planté dans le colosse. Ah, tu ne t’attendais pas à ça, saleté ! Sifflais-je intérieurement. J’avais potentiellement fait de gros dégâts internes, on allait peut-être réussir à les repousser finalement. Sentant que nous prenions de la vitesse, je m’agrippais bras et jambes autour du manche pour espérer ne pas finir empalé dans une dent.


Lorsque nous nous écrasions et que sa lourde tête se fracassa sur le sol, la lance me sauva les fesses une deuxième fois puisqu’elle ne bougea pas d’un pouce. C’est ce que j’appelais un cadeau d’anniversaire très utile et efficace. Je posais les pieds au sol, soulagé de sentir à nouveau la terre. Pour une première guerre, je ne m'en sortais pas si mal. Sonnée, la bête semblait avoir perdue connaissance. J’arrachais tant bien que mal, à bout de force, ma lance de sa gueule sans vie et m’extirpa de là. Je fis le tour de l’animal qui respirait lentement et constatait son état. L’éclat de son cristal avait faibli, était-ce un signe de sa condition ? J’avais donc potentiellement fait mouche avec ma décharge électrique. J’entendis un rugissement féroce derrière moi. C’était le dragon rouge. Et merde… J’étais épuisé, je savais que cette fois, je ne saurais pas me sauver le cul. Maman était loin, son lié également. J’étais seul. Je reculai instinctivement contre le corps chaud du dragon que j’avais affaibli. Et je serrai les dents conscient que je ne courrais de toute façon pas assez vite. Était-ce ainsi que j’allais finir ma vie ? Le rougeoyant bondit aux côtés du bleuté, sa tête passant au dessus de moi ; son regard mauvais défiant quiconque oserait s’approcher, il siffla de façon perfide. Je fermais les yeux silencieux comme un mort, attendant la fin. Il agrippa le corps qui semblait sans vie de son compagnon, ses griffes se glissant pile sur ma position, me bloquant entre lui et l’autre. Il eut du mal à s’envoler, surement très affaibli par le poison de Tescanda et son combat contre les deux armées. Il rugit une dernière fois en direction de la fissure et de celle-ci trois jeunes dragons en sortirent. Un vert, un jaune et un violet. Comme si deux n’étaient pas suffisant, voilà qu’ils avaient des petits. Le bleu était donc la femelle.





En vol, je souffrais le martyr. Sa peau cuirassé et le mouvement répétitif des battements d’ailes fracassait mon corps entre sa poigne et le cuir de la dragonne inconsciente. Je serrais les dents et les poings, me laissant balloter par le vent et les mouvements. Les kilomètres s’enchainaient et rapidement il arriva un premier malheur. Crac ! Une de mes côtes, se brisa sous la pression. Je me mordis la lèvre à sang, conscient que si je criais, j’étais foutu. Stupidement, ce fut ce geste qui déclencha le deuxième malheur. Attiré par l’odeur de l’hémoglobine, l’un des dragonnets — pas si petit que ça tout de même — s’avança de ma position et me repéra. Il hurla d’une voix stridente et son paternel gronda. Il serra davantage sa poigne et je sentis au moins une voir deux côtes de plus se briser. Il avait une telle.. force ! Je tentai de crier sous la douleur mais mon souffle fut coupé par celle-ci et par la pression que je subissais. Je commençais à suffoquer dans la poigne du dragon de rubis.


Je ne tardais pas à voir des tâches sombres et ma vue se troublait petit à petit. J’avais de doux souvenirs en tête. Nos parties de cache-cache avec mes sœurs dans Babylon, un festival de chevalerie où j’avais été petit avec mon père qui me portait sur ses épaules, mes premières leçons d’escrime et de cavalerie, ma première monture rien qu’à moi, ma première rencontre avec Ariane, mon dernier anniversaire, … Était-ce ça, voir sa vie défiler devant ses yeux avant la douce délivrance de la mort ? Je me demandais si maman et Tescanda allait bien après un tel combat. Avais-je été à la hauteur en tant que fils du Roi ? Papa serait-il fier de moi ? Aaah.. J’avais envie de dormir. Mais si je me laissais aller maintenant qui partirait à la recherche de Nyx ? Qui aiderait ma sœur à se faufiler la nuit dans la bibliothèque royale ? Qui aiderait père et mère à la régence lorsqu’il se lasseront de celle-ci ? Qui irait embêter Alexstrasza et écouter ses folles aventures ? Qui irait protéger Ariane de ce monde cruel et sans pitié ? Qui irait l’aimer aussi fort que moi ? Même en ce jour fatidique, malgré tout mon amour pour ma famille, à deux doigts de sombrer, c’était à elle que je pensais en dernier. Me pardonnerait-elle de disparaître ainsi de sa vie alors que rien n’avait commencé entre nous ? J’aurais du envoyer balader l’étiquette, le titre, la race, les dangers et tout le reste. Ce soir là, j’aurais du l’embrasser et la faire mienne. Il fallait être dupe pour ne pas voir les signes. Il fallait être sacrément con pour ne pas y succomber. Et quel con j’étais…


Souffrant, pire encore, mourant. Je ne me voyais pourtant pas mourir si jeune. J’avais tant à faire, à expérimenter, à découvrir ! Toute la famille ne me le pardonnerait jamais, Ariane non plus. Et je ne voulais certainement pas faire pleurer quiconque. Alors je cherchai au plus profond de moi, la moindre parcelle d’énergie électrique. J’allais tenter le tout pour le tout, poussé par un pic d’adrénaline qui me donnait des idées folles. Mon corps devint inerte, coupé de toutes impulsions pour faire réagir mes muscles. Je tentais un coup de maître foireux. Emmagasinant l’énergie présente naturellement dans mon corps sauf dans celle du cerveau, je tentais de me téléporter au sol. La foudre crépita autour de moi et je me retrouvais… Bien plus bas et loin dans le ciel. Le tonnerre ne gronda pas, montrant à quel point le mouvement fut en vérité faible. Les dragons aux cristaux continuèrent leur route, probablement plus intéressé par l’état de la dragonne que de tuer un moucheron. J’entendis tout de même le rougeoyant rugir vilainement, mécontent d’avoir perdu le moustique qui avait martyrisé sa belle.


Ma chute, je ne la sentie même pas passer. Je ne ressentais ni le vent, ni le froid et encore moins la vitesse. Je me souviens juste d’un voile laiteux, d’une odeur de fleurs sauvages et d’une douce chaleur enveloppant mon corps. Après ça, plus rien. Je ne ressentais plus la fatigue. La douleur n’était plus qu’un lointain souvenir. Je poussais un soupir de contentement avant de me laisser bercer par l’inconscience. Ne restait alors.. que le néant.


Pour une première guerre, je ne m'en sortais pas.. — si mal.





— Gabriel Tinuviel —
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