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L’amour rend l’impossible possible


Laïna Tinuviel
Vampire • Sang-Pur
Laïna Tinuviel
Laïna Tinuviel
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 125
Puissance : 2/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : L’amour rend l’impossible possible Original
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 125
Puissance : 2/5
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Exodial : Nom / Race
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Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 125
Puissance : 2/5
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Exodial : Nom / Race
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Sam 26 Aoû - 14:56



   

Complot 2 - L’amour rend l’impossible possible



○ Laïna & ○ Tescanda & ○ Nyx




○ Tescanda


M'étais-je déplacé ? Je n'en étais même pas sûr. Pourtant j'avais la sensation d'avoir voyagé pendant un temps infini mais où que mon regard eût porté, je n'avais pas retrouvé ma liée. Elle était là, quelque part, inatteignable. Je l'avais déjà croisée par hasard mais j'avais dû l'abandonner, sûre qu'elle n'irait pas loin enfermée comme elle était. Grave erreur. Sa prison m'était devenue invisible. S'était-elle dématérialisée comme les enfants quand ils se réveillent ? Dans ce cas, est-ce pour cela que Laïna me cherchait ? Peut-être aurais-je mieux fait de ne pas me lancer dans cette quête. Je balais encore une fois mon environnement du regard, le coeur serré. J'ai l'horrible sensation de faire une grave erreur. D'être passé à côté d'elle sans l'avoir vu. Me détestera-t-elle si c'est le cas ? Peut-être qu'elle me déteste de ne pas avoir suivi Laïna.

Tant pis. Cette incertitude doit prendre fin. Je dois agir. Retrouver celui que j'étais. Protéger les miens. Je retrouverai ma liée, si ce n'est dans ce monde ce sera dans l'autre. Je me concentre sur moi-même. Tâtonne a la recherche du Lien. Si la corde qui me reliait a Aiko plonge dans l'obscurité, je ressens les ramifications qui me lie aux enfants. Ce sont des fils fragiles mais bien existants. Je les ressens, me plonge dedans dans une précision héritée de l'expérience. Je fais attention à ne pas les rompre. Je suis capable de les retrouver. Je dois retrouver mon corps, désormais, pour basculer dans l'autre dimension. Celle où ils sont réveillés, ou la douleur sera plus violente. Où je vais ressentir le manque, la faim et la fatigue. Où tout est plus vivace et chronométré. Où le soleil dicte sa loi, et où j'ai déjà perdu ma liée.



○ Laïna


Un mois, un long mois s'était écoulé et aucune nouvelle de ma nounou draconique. Je me demandais où il avait pu aller, ce qu'il faisait, ce qu'il cherchait. Les espoirs étaient toujours présents, je rêvais souvent que son éveil signifiait le retour de maman, ce n'était malheureusement que des rêves et mes réveils étaient humides de larmes.
Le messager envoyé en terre Eliraan était revenu avec des informations intéressantes mais basées sur des suppositions, les personnes ayant accès au monde onirique étant extrêmement rares ou ne se souvenant pas de leurs expériences. Ma réflexion c'était donc porter sur pourquoi moi je me souvenais parfaitement de mes voyages ? Pourquoi j'arrivais à traverser la dimension consciemment à condition de manipuler une faible quantité d'éther. J'avais passé mes journées de repos, mes soirées, et mes moments de liberté entre ces questions et les tentatives de retrouver le dragon. Au delà du fait qu'il n'était pas aisé d'apercevoir un dragon aux écailles noires au milieu d'une obscurité parfaitement, je savais qu'il n'était plus là, il était plus loin, s'enfonçant dans le monde des rêves plus profondément que je n'acceptait de le faire, trop angoissée à l'idée de me perdre.

Ma journée de travail est terminée, une visite officielle dans le quartier des artisans pour évaluer la faisabilité de certains aménagements. Un calvaire ! Mais il fallait le faire et mon frère me faisait payer ma fuite en me refilant les activités les plus barbantes qu'il puisse trouver. Nous rentrons au palais, ma garde, mon esprit et moi. Silence dans la diligence, je réfléchis encore aux divers travaux nécessaires.
Je descends du véhicule, salue les valets et autres domestiques qui m'accueillent et prend la direction de la tour des enfants. Le rapport attendra, je suis lasse. J'enlève le vêtement d'apparat et les couronnes qui sertissent corps et cheveux, une fois à l'aise je m'affale sur mon lit pour ce que je pense être quelques minutes.


○ Tescanda


Je ressens Gabriel en premier. Le fil entre nous est fin mais solide comme du nylon. Son attention est ailleurs et je ne perçois rien de plus. Son esprit est actif, je ne ressens aucun danger. Je rebrousse chemin. La seconde ramification m'emmène auprès de Nyx. Notre lien contient plusieurs filaments solides, entremêlés, chaotiques. Son attention aiguisée se porte sur quelque qui, comme pour Gabriel, m'est inconnu. Mais si je ressentais le jeune vampire comme un étalon au travail dans les champs, régulier et concentré, Nyx m'apparaît comme un oiseau de proie. Elle ne voit qu'une chose à la fois mais avec une acuité digne de n'importe quel dragon. Je me demande brièvement ce qu'elle fabrique pour être dans cet état de prédation. Encore une fois je fais marche arrière. La troisième ramification, intangible mais lumineuse tel un sentier de lucioles dans l'obscurité m'emmène auprès de Laïna. Elle a toujours eu la plus forte affinité magique des trois, et le chemin qui nous relie ne m'a jamais surpris. Elle a cette affinité avec les esprits qu'elle tient de ma liée, et c'est donc assez naturellement que je serpente sur ce Lien à sa recherche. Je me heurte à un flou, indiquant qu'elle n'est pas réellement consciente. Je ne pressens aucun danger et je suppose qu'elle dort simplement. Je rebrousse chemin, conscient que je ne tirerai rien de plus. Je ne suis pas réellement lié à eux, ce sont simplement des vestiges dû à leur lien de parenté avec ma liée. Là où le chemin qui me menait à elle était une vaste route dégagée, je dois me raccrocher à des cordes mentales pour me hisser jusqu'aux enfants. Je ne suis pas tout à fait sûr qu'ils soient conscients de ces vestiges, le Lien est un phénomène rare, une connexion psychique entre un Exodial et un être primaire. Quand il se crée, il frappe en plein cœur les deux parties, leur faisant comprendre qu'ils sont les deux facettes d'une même pièce. Pour les enfants, ma présence a toujours été là, tapie quelque part au fond d'eux. Alors que de mon côté je les ai ressenti dès que leur âme s'est formée, telle une évidence. Telles des fleurs nouvellement écloses dans le jardin de ma compagne. Je les ai ressenti, senti, aimé, dès le premier jour sans pour autant les percevoir pleinement comme je pouvais le faire avec elle.

Je rebrousse chemin, retournant dans la dimension étoilée. Laïna devrait y être, et si je souhaite des réponses c'est elle que je dois désormais trouver. Me fiant à mon instinct de père et aux vestiges du Lien, je me dirige là où mon coeur me porte. Bientôt, je vois sa silhouette qui flotte, endormie.



○ Laïna


J’ouvre les yeux sur une obscurité qui ne m'est pas inconnue. Il me faut quelques secondes pour me souvenir que je ne médite pas, j’ai dû m'endormir plus profondément que ce que j’avais imaginé pour arriver dans cette dimension. Je reste un moment immobile, prenant conscience de l’infinité de ce monde. Je vais pour soupirer, portée par un élan de nostalgie, mais un détail à la périphérie de mon champ de vision m'interpelle. Une forme étrange, plutôt grande dénuée d'étoiles donnant l’impression de se rapprocher. Je me redresse, enfin ce qui semble être me redresser. Tescanda ! Oui c’est bien lui, il est là devant moi. D’un coup les questions se bousculent à mon esprit, ou était-il ? ou suis-je pour le voir alors qu’il n’était plus à proximité? Que faisait-il ? a t - il trouvé ce qu’il cherchait? Finalement rien de franchit le mur de mes lèvres, ni celui de mon esprit. Je ne laisse pas les questions parasites influer, il est trop tôt.
Je me contente de poser mes yeux ambrés sur lui, et de lui sourire. Lui souhaitant la bienvenue, et un bon retour chez lui.





○ Tescanda


Tandis que je m'approche en douceur de mon enfant, celle-ci se redresse. Ou du moins, bascule pour être debout. Elle est bien réveillée. J'arrive à sa hauteur, abaisse ma tête près de son si petit corps. Même si nous ne pouvons nous toucher, je veux qu'elle sente mon plaisir de la revoir. Si nous avions eu nos véritables corps, j'aurai pu la pousser délicatement du museau, émettre un petit grondement. Mais je ne peux rien faire de plus que la traverser ici.

Son visage reflète son enveloppe charnelle. Elle n'a pas prit une ride mais ses yeux ont désormais acquis une grande sagesse. Que s'est-il passé ? J'aimerai souffler sur son visage pour la taquiner, comme je faisais quand elle était encore minuscule. Elle ne semble pas malade, et son sourire m'indique qu'elle va assez bien. Il n'y a pas de cernes visibles, et sa tenue est le reflet d'une mode que je ne connais pas. J'ai dormi, mais je suis incapable de déterminer une durée. Une mode dépend d'une saison. Je peux sans mal deviner que mon sommeil a duré plus d'une année. Une année à attendre. Si long mais si court à la fois. Délicatement, je pousse mes pensées vers elle, comme des pétales de fleurs a la surface d'un étang, afin de troubler le moins possible à la surface ;


*Rentrons à la maison*


Dans cette dimension, elle est trop fragile pour supporter l'irruption de mon âme dans la sienne. Je ne veux pas la briser.






○ Laïna


Je laisse le dragon m'analyser, il semble chercher des réponses, au même titre que moi. Je suis ravie de le retrouver, même si ce n'est que dans cette dimension immatérielle ou tout contact est impossible. Alors qu'il est si proche, je prends conscience que je ne fais que le ressentir. Nous ne pouvons interagir physiquement l'un sur l'autre, pas de souffle chaud pour m'entourer, pas de légère pression du museau pour me faire tomber. Je suis incapable de lui flatter le menton, de lui gratouiller la troisième écaille sous œil sur le côté gauche de sa tête massive. Je le détail, cherchant à comprendre le fil de ses pensées. J'abandonne lorsque je ressens son esprit appuyer sur le mien, accueillant ses paroles je lui ouvre les portes de ma conscience.



*Rentrons à la maison*



Je mets une bonne seconde à comprendre ce qu’il vient de me dire. Rentrer? vraiment ? Le choc me fait perdre la connexion avec le monde Onirique. Je me réveille en sursaut, toujours en chemise de corps, je prends conscience de mon manque de tenue devant Tescanda, rougit quelque peu puis me rappelle les paroles du dragon et laisse échapper un petit cri. Je cours dans mes appartements afin de rassembler une robe, des chaussures, de quoi empêcher mes cheveux de devenir des tentacules incontrôlables. Une fois habillée, je sors, et cours dans les couloirs du palais comme jamais auparavant je n’ai couru.
Je m'arrête devant le tombeau de maman, je le sais vide mais j’ai toujours du mal à penser à cet endroit comme tel. Mais la n’est pas le sujet et je reprends le cours de mes pensées. Je m’installe à nouveau, proche du dragon. Frissonne quelque peu de la fraîcheur tombée avec la nuit. Je manipule l’éther de mon corps afin de créer un flux et commence à méditer, comme souvent j’arrive sans mal dans la dimension onirique. Le dragon n’a pas bougé, enfin je n’en ai pas l’impression. Je lui souris de nouveau, tends mes mains vers lui comme une invitation à une étreinte avant de lancer mon esprit vers lui

* Je t’attends !*





○ Tescanda


Peut-être n'ais-je pas été aussi doux que je le pensais. Laïna se dématérialise brusquement et il lui faut plusieurs minutes pour revenir auprès de moi. Elle me tend les bras, comme j'ai si souvent vue Aiko le faire avec nos enfants. Ses pensées galopent vers moi telles des chevaux sauvages, et mon museau s'étire en un sourire. Bien.
Elle doit être au palais. Elle me servira de phare dans la nuit pour localiser mon corps. Je ne sais pas si l'expérience en sera agréable mais je ferai vite.
Je parcours notre lien, pleinement, attentif à ne pas faire céder le ruban de lumière. Je ressens bientôt la chaleur astrale de mon corps endormi. Je m'y plonge sans douceur, abandonnant l'esprit de Laïna pour retrouver le foyer de mon âme.
La douleur est violente, amère dans ma gueule. Mon corps trop longtemps immobilisé se défoule dans mon esprit, l'assaillant de courbatures et de pics de souffrance. Je me sens également faible, mais je ne m'inquiète pas. Je me débats dans ma gangue de cristal avant même d'ouvrir les yeux, comme le jour de ma naissance quand j'ai dû me dépêtrer de la coquille de mon oeuf.
Bientôt, je peux bouger une patte. Puis une seconde. Ma prison s'effondre autour de moi et quand j'ouvre les yeux, déployant mes ailes, je heurte un toit qui n'existait pas. Je balaie des du regard cette nouvelle prison étroite et lumineuse avant de chercher ma fille du regard. Elle est bien là, petite vampire vêtue différemment et plus chaudement. Je fais attention à ne pas la toucher par inadvertance, retrouvant le sens du toucher et ayant du mal avec la proprioception. Je m'étire, lançant des décharges de douleur dans tout mon corps, sans faire attention aux objets autour de moi. Je heurte plusieurs mots de fleurs dans ce caveau mais je ne m'en formalise pas. La scène dure deux minutes tout au plus avant que je ne porte un peu plus attention à mon environnement. Un caveau, oui, et pas n'importe lequel. Celui de la liée. Mon regard passe sur son visage sculpté. Mon coeur souffre brièvement, en mémoire de ce que nous avons subi. Mon esprit se rappelle pourtant parfaitement avoir vu Aiko. Elle est toujours vivante, ce cercueil est vide de sens.
D'un coup de patte, je l'arrache du sol, l'envoyant se fracasser contre un mur proche.
Mon regard d'albâtre s'est durci a la vue du cercueil et se pose sur ma fille, son portrait craché. Mes pensées sont incisives ;

*Que signifie tout ça ?*




○ Laïna


Est-ce un sourire qui a dessiné ses babines ? Je me pose la question durant une seconde. Puis je frissonne de nouveau, pas de froid cette fois. C’est une sensation étrange, comme si on remontait le cours de mon âme. Je ressens Shan enrouler sa conscience autour de la mienne, pour me protéger. Je comprends néanmoins assez rapidement que le grand dragon se sert de ma position pour trouver son corps. Je m’accroche donc, essayant de maintenir la concentration afin que le lien entre les deux mondes que je représentais ne s'efface pas sous la pression  immense que représente l’âme du dragon. Dès lors que je ne le vois plus j'arrête de me battre avec ma concentration, faisant fondre doucement ce qui me relié à ce monde énigmatique. Je me réveille pour assister impressionnée à l’éveil du dragon.
La coque de cristal s’étiole et je consens à m’éloigner sous les injonctions de ShanKo. Bien que jamais le dragon ne me ferais de mal consciemment, un accident était rapidement arrivé surtout avec le gabarit imposant de l’animal. Nous le regardons se libérer doucement, une patte, puis l’autre, puis les ailes qui s’étendent. Alors qu’il envoie valser quelques pots de fleurs en s'étirant, je sens les larmes couler sur mes joues. La certitude de mon âme n’est plus emprisonnée à l’intérieur de mon être. Je laisse ses larmes envahir mes yeux et joues tandis que je regarde le lié de ma mère reprendre sa liberté. Soulagement, aboutissement après tant de travail, et promesse d’un avenir bien plus radieux pour ma famille. Au bout de quelques minutes l'être de jais semble prendre conscience de ce qui l’entoure, il regarde un instant les statues qui Lui rendent hommage et envois valser le tout d’un coup de patte alors que je tombe au sol. Mon cœur vacille entre soulagement et effroi devant ce spectacle.


*Que signifie tout ça ?*

Je souris, mes jambes tremblant encore, je reste au sol, ShanKo matérialisé à mes côtés. je projette mes pensées sur le dragon comme à mon habitude.

* Trois ans Tescanda ! Trois ans que nous n’avons pas de nouvelle. Nous avons cherché, autant que possible. Mais bien des gens ont perdu espoir. Et personnes, même pas moi jusqu'à très récemment, n’avait compris que tu étais toi même enfermés *


J'arrête là le flux de mes pensées, il est inutile de préciser l’état de la famille. Je suis certaine qu’il n’ont pas perdu espoirs, mais tous le cache et tente de l’oublier d’une façon ou d’une autre. Le raffut créer par le coup de patte du dragon ameute des gardes, je sèche mes larmes d’un revers de la main, les regarde comme si il étaient les derniers idiots sur terre avant de claquer avec autorité, mais sans user du Don

“ Ne restez pas planté là, allez lui chercher de quoi manger !”

Au moins les gêneurs ne seraient pas dans nos pattes.




○ Tescanda


Ma fille pleure mais je fronce les arcades sourcilières. Dans d'autres circonstances j'aurai tenté de la consoler. Et puis elle m'annonce trois ans. Je me doutais bien qu'au moins une année était passée. Mais trois ? J'ai attendue ma liée trois ans. Il est désormais évident qu'elle est enfermée quelque part. Si elle s'était absentée volontairement, elle serait déjà revenue. Elle aurait passé cette fenêtre pour revenir auprès de moi. J'ai été stupide d'attendre alors qu'elle avait besoin d'être sauvé. Je souffle, agacé de la situation. Des pétales se soulèvent du sol et je continue à jauger la situation en fixant Laïna. Personne n'a trouvé mon aimée. Ils ont cessé de se battre pour elle. La coloré brûle dans mon coeur. Je remonte le fil de mon Lien avec elle pour y retrouver l'obscurité. Je ne la ressens pas. Si je ne peux pas la localiser ainsi, je devrais procéder autrement.
Un bruit de calvalcade attire mon attention et je bascule mes oreilles pour mieux capter le bruit. Apparaissent alors dans l'entrée une troupe de gardes, et les visages apeurés qui se dessinent me donnent envie de les balayer d'un coup de queue. Ils semblent avoir vu un fantôme. Non, bande d'incapables, vous faites juste face à un dragon. Et un dragon très en colère, qui plus est.  Je jette un regard à l'esprit lié à Laïna, puis à cette dernière qui les congédie. Elle essaie de retrouver sa prestance de princesse. Mon regard est critique, même si je reconnais que son effort est louable. Je n'ai jamais ménagé les enfants et j'ai souvent été avare de compliments. Je devais contrebalancer la tendresse d'Aiko.

Trois ans. Trois foutues années, et tout ce qu'ils ont trouvé à faire était un caveau. Trois foutues années, et tout ce que j'ai fait c'était l'attendre. Peut-être est-ce ce repos qui m'a permit de me remettre de sa perte. La douleur de la déchirure est cependant encore vif dans mon âme, comme lorsque j'ai perdu mon premier lié. Je sais que ce qui m'a poussé à revenir de ce champs de bataille était les enfants. La nécessité de protéger la descendance de ma liée. Contrairement à mon premier lié qui n'avait pas de famille et où j'aurai pu me laisser mourir si je n'avais pas rencontré Aiko à temps, aujourd'hui j'ai une famille qui a besoin de moi. Et qui a besoin que je retrouve celle qui est au centre de tout. Je l'ai perdue ce jour-là mais j'ai vu son âme enfermée. J'ai stupidement pensé qu'elle ne voulait pas me rejoindre. Aujourd'hui mon point de vue a changé. Aujourd'hui tout est différent et je ne peux les laisser seuls. Preuve en est ; il y a un tombeau vide dans un mausolée. Qui ferait ça ?

Je sors par la porte, me moquant de détruire le seuil, car trop gros pour sortir. Ils n'avaient qu'à mieux calculer leur arche. La pierre s'effrite et racle contre les écailles obsidiennes, des morceaux tombent au sol. D'un mouvement habile de queue, je saisis Laïna et je la projette doucement sur mon dos. Je sais qu'elle saura se rattraper, car c'est quelque chose que j'ai souvent fait. Leurs petites jambes ont du mal a me suivre, et j'ai l'impression d'avoir des souris qui galopent a côté de moi quand ils utilisent leur vitesse vampirique. C'est une sensation très désagréable qui me pousse a les prendre en pitié, je préfère les sentir sur mon dos. Je pousse mes pensées vers elle, traversant le jardin et renversant chaque statue ou élément un semblant mortuaire sur mon passage ;

*Raconte moi tout en détail.*




○ Laïna


Je le vois détruire le lieu de repos de l’âme de mon père sans bouger, sans parler. Les larmes continuant de couler sur mes joues ne sont même pas le reflet de ce que pensent mon âme. Je suis libérée, au fur et à mesure que ce mausolée maudit tombe en poussière mon âme retrouve elle aussi sa liberté. L’espoir renaît pleinement dans mon cœur, et j’arrive à sourire, réellement, pas simplement le sourire de façade de la princesse parfaite.
Je vois la queue du dragon arriver sur moi et j’ai envie de rire soudainement. Je me revois jouant avec le géant, être portée sur dos. La force de l’habitude guide mes mouvements, je m'agrippe à son dos sans efforts, m’installe doucement, le sourire aux lèvres. Je lance une étreinte mentale à Shan qui avait tendu une main aidante vers moi, resté en suspens par la stupeur de mon rire. Je le rassure, et il comprend rapidement que je ne risque rien. Il disparaît, reprenant sa place dans le plan spirituel pour me laisser profiter de mes retrouvailles.

*Raconte moi tout en détail.*

Il met un point d’honneur à effacer toute trace de mort dans les jardins royaux, et moi je souris béatement plutôt que de l'arrêter. Je suis heureuse, pour la 1ere fois depuis trois années, l’espoir gonfle à nouveau mon coeur, et ma raison ne dicte plus mes actes. Je hoche la tête à ses mots, même s' il ne peux pas me voir. Je commence mon récit, je lui raconte tout, les ancestraux, les combats, Gabriel et la saphir, maman et la chute, papa et les recherches. J’avoue honteusement ma fuite, je lui raconte mon voyage, mes propres recherches dans les différents royaumes. Mes rencontres, Oncle Keigo, les entreprises Debs, Les falariels, l'orphelinat,... Je ne lui épargne aucuns détails des trois années qui viennent de s’écouler. Ni ma détresse, ni l’état de mon pere, qui ne se montrait plus. Je lui comptait la dévotion de mon frère, presque risible, à croire qu’il s’inflige une punition pour une faute inexistante. Pour finir, j’avouais douloureusement le manque d’informations sur Maman, la fin des recherches officielles pour concentrer nos forces sur la reconstruction, le retour de Nyx, meurtrie et différente.



○ Tescanda


Je me laisse porter par sa voix tandis que j'enlève méthodique chaque élément qui sous-entend la mort d'Aiko. Je n'oublie pas le mausolée, qui y passera quand je me sentirai mieux. Je sens sur nous le regard des gardes qui n'osent pas m'interrompre.
A la fin du discours de Laïna, une évidence s'impose : je vais tous les tuer. Pas réellement, car sinon Aiko me tuerait ensuite. Noctis s'est laissé dépérir, abandonnant ses enfants. Laïna s'est enfuie, abandonnant sa famille. Gabriel a tenté de tout supporter tout seul mais cet idiot n'a pas les épaules suffisamment solides. Nyx… est juste Nyx. Je suis ravie qu'elle soit revenue dans la famille car portée disparue avant la guerre, mais cette enfant problématique cause encore plus de soucis.  Cette famille est partie en vrille complètement et j'enrage qu'elle se soit dissoute aussi vite a la disparition d'un seul de ses membres. Une famille de dragon n'agit pas ainsi. Une famille draconique protège ses membres jusqu'à la mort du dernier. Ils se battent ensemble jusqu'à la fin. Qu'ais-je donc enseigné aux enfants ? Ais-je perdu mon temps avec eux ? Je jette un oeil par dessus mon épaule, vers la petite vampire assise sur mon dos. Elle semble heureuse que je sois là et je n'ai pas coeur a faire des remontrances. Pas cette nuit. Cette nuit, je la laisse savourer le bonheur avant que je leur tombe tous dessus simultanément. S'ils pensaient que le gros de la tempête était passé, ils se trompaient. Je suis heureux d'une chose, le visage d'un dragon est nettement moins expressif que leur face rosâtre pleine de muscles. Tout y est lisible, le moins tic est visible, la peau rosit rapidement… ils ne peuvent rien dissimuler totalement. Là où les écailles épaisses ne changent pas de couleur, là où mes muscles ne s'étirent que pour que je puisse ouvrir plus grand ma gueule pour dévorer ou attaquer.
Je ronfle des naseaux. Je reviens finalement vers le petit temple d'albâtre, dégouté de ce bâtiment qui n'a pas sa place ici. Je me rallonge, croisant mes pattes devant moi et écartant une aile pour laisser Laïna descendre. Mon repas devrait arriver et j'ai prit la mauvaise habitude de me faire servir. Je garde mes forces pour la véritable bataille qui arrivera à l'aube. Je pousse mes pensées vers elle, incisif mais bref ;

*Je ne vous pensais pas capable de semer en tel chaos en trois ans. Vous m'épatez.*

Et pas dans le bon sens, je m'abstiens d'ajouter.




○ Laïna


Alors que je lui raconte mes souvenirs, je le sens s’énerver . Nous ne sommes pas a la hauteur de ses attentes. Je men veux, bien sur, mon attitude a etait particulièrement puérile , mais ce voyage m'a permis de mener mes propres expériences alors je ne le regrette pas.
Je saute de son dos quand j’y suis invitées , rejoignant un carre d’herbe encore verte et non maculée de poussière. Je m’assoit, je me doute de ce quil veux faire, reduire ce simulacre de tombe en un amas de poussière. Je suis pour , pere s’en remettra.

Les paroles du dragon sont blessantes, je ressent dans son intonation qu’il a bien plus a dire mais se tait. Je serre les dents, réfléchis sur ma réponse. Je suis en pleine construction de phrases quand j’entends des pas. Des hommes qui peine à faire venir un animal. Je claque la langue sur mon palais avec mécontentement mais je ne bouge pas. Tescanda a besoin de manger, après trois ans. Les meuglements perceptibles donnent l’identité du sacrifice, une vache. Je sourirais presque si je ne devais pas serrer les dents pour garder bonne figure. Je parle, laissant les sens de mes camarades percevoir mes dires

« Enlevez la corde et disparaissez ! Laissez donc cet animal tenter de fuir… »

Ils obéissent sans poser de questions pour une fois. Le dragon noir leurs fait il si peur ? Être élevée avec 2 dragons à mes côtés a t il perturbe ma notion du danger ?




○ Tescanda


Quand elle s'assoit face à moi, je vois que son regard s'est assombri. Quand je vois dit que l'on peut tout lire sur leur visage… Je sais qu'elle ne s'excusera. Elle avait ses raisons, a prit la meilleure décision selon elle avec les éléments qu'elle avait a sa disposition. Honnêtement, si elle s'excusait, j'en serai encore plus déçu. C'est une reine. J'espère que quand je lui tomberai dessus, elle montera le ton et tentera de me remettre à ma place. Même si nous sommes de la même famille, elle est une princesse et doit pouvoir porter ses convictions haut et fort, peu importe qui elle a en face. Elle doit pouvoir également écouter, et prendre des décisions en conséquences. Je sais qu'elle est la plus apte des triplés à se mettre à la place de l'autre et comprendre les arguments adverses. Cependant, ça ne m'empêchera pas de lui secouer les puces comme a tout les autres quand le moment viendra.
La vache arrive enfin. Je l'entendais depuis un moment, ayant senti le prédateur que je suis et tentant de fuir. Mais quel animal pourrait fuir alors qu'il est maintenu par des vampires ? La pauvre bête n'a aucune chance.

Les gardes lâchent la vache sur l'ordre de la princesse. Cette dernière ne tarde pas à prendre ses jambes a son cou, titillant mon instinct de prédation. Mon acuité se resserre autour de l'animal pour me permettre de bien l'atteindre. Je me déconcentre brièvement sur Laïna, tout a fait conscient de ce qu'elle fait. Et puis, ça ne fait pas de mal de laisser l'animal prendre de l'avance. Je détaille ma fille, restant insondable plusieurs minutes. Et puis vient le jugement, austère :

*Tu as grandi.*

Sur ces mots, je me relève sans me presser, m'ébroue maintenant que je n'ai plus de cavalier. Je repère la vache qui a prit une grosse centaine de mètres d'avance, je déploie mes ailes et prends mon envol pour démarrer la chasse. J'ai à peine pris de l'altitude que je plonge sur le sacrifice. Je plante mes griffes dans la chair, plaquant la vache au sol et brisant ses os nets. A peine suis-je posé que je commence à festoyer.




○ Nyx


Peut-être est-ce parce que ma chambre est du bon côté du palais, ou peut-être est-ce parce que mon instinct m'avait prévenu que quelque chose allait arriver. En tout cas, la cavalcade de Laïna dans les couloirs m'avait tiré d'un demi sommeil. Elle devait passer devant mes appartements pour rejoindre quasiment tout le reste du château, et depuis mon amnésie je ne dormais que d'un seul œil. Beaucoup de souvenirs ne m'étaient pas revenu, et je faisais très attention aux déclencheurs possibles de mes crises. N'importe quoi pouvait me faire vriller, me mettant à fleurs de peau, assaillie par trop de sensations et d'informations. Dans ces moments-là, rien que le souffle d'autrui pouvait devenir désagréable et je passais un mode survie. Sauf que le mode survie chez moi était particulièrement désastreux : je survivais mais pas forcément les autres. Ainsi donc c'est pour cela que je ne dormais que d'un œil. J'étais sans cesse sur le qui-vive, ayant du mal a dépassé le stade d'animal traqué malgré les quelques mois de mon retour. J'avais acté que j'étais Ella et Nyx. Deux personnes distinctes mais si semblables. Ella m'avait sauvé la vie quand Nyx avait atteint ses limites. C'est assez compliqué a expliquer pour quelqu'un qui n'est pas dans ma tête. Mais c'est ainsi que je le ressentais : deux faces d'une même pièce dans un seul corps. Et j'avais parfois du mal à concilier les deux.

J'écoute les bruits de pas qui s'éloignent, fixant le plafond. Ma chambre est plongée dans l'obscurité. La fenêtre du balcon est ouverte afin que je n'étouffe pas. Je n'ai jamais été claustrophobe, mais le retour au palais était encore un évènement stressant. J'avais besoin de sentir que je pouvais m'enfuir à tout moment. La fenêtre ouverte n'était pas un danger, elle représentait ma liberté. Je n'avais qu'à bondir pour la saisir. Je referme les yeux pour m'astreindre au sommeil.

Ce qui me semble n'être que quelques minutes passent, et j'entends un fracas au loin. Comme je vous l'ai dit, c'est probablement parce que je suis du bon côté du palais, et fenêtre ouverte. Et aux aguets. Bref, tout un ensemble de circonstances qui fait que le palais n'entre pas en état d'alerte immédiatement alors que moi oui.
La mémoire des muscles est fulgurante. Je sors de mon lit d'un mouvement vif, soudainement parfaitement réveillée. J'attrape prestement un ceinturon où je glisse deux haches de lancée, et je saisis un poignard que je garde contre mon poignet. Vêtue d'un simple pyjama, je traverse ma chambre pour atteindre le balcon.
Alors, devant moi, un spectacle aussi incroyable que terrifiant. Une forme gigantesque et obscure monté dans le ciel avant de redescendre en piqué dans les jardins. Je sais ce que cela signifie. Mais je ne sais pas comment cela est possible. Je prends mon élan, pose ma main sur la rambarde et bondis par-dessus, faisant une chute conséquente mais non dramatique. L'atterrissage se fait avec une roulade pour évacuer l'énergie et je me relève. Je me mets à courir, poignard en main en direction de la silhouette de dragon que j'ai vu disparaître entre les arbres du jardin. Je le sais, la cavalcade de Laïna a un rapport avec le retour de Tescanda. Mais je ne trouve pas de lien possible entre eux. Ma soeur ne voit pas l'avenir, comment a-t-elle su ?  Je n'ai pas prit le temps de réveiller Gabriel et papa, il sera toujours suffisamment tôt pour leur annoncer la nouvelle demain matin. Je dois m'assurer que tout va bien d'abord et qu'aucune décision hâtive ne sois prise. Ironique venant de moi n'est-ce pas ? Quiconque me connait, que ce soit sous le nom de Nyx ou d'Ella, sait que je suis une fauteuse de troubles. Ce que peu de personnes savent c'est que je suis capable de  m'assagir temporairement.

J'aperçois une silhouette près du mausolée de maman. J'ai du mal à appeler cette femme maman. N'ayant pas tous mes souvenirs, je ne ressens pas la peine qu'éprouve le reste de ma famille. Je ne me sens pas légitime à appeler la disparue ma mère. Elle était quelqu'un de cher pour moi, j'en ai conscience. Elle était quelqu'un d'important, je le vois. Père se laisse mourir à petit feu. Gabriel parle peu de son état mais je vois bien qu'il essaie de porter le poids du monde sur ses épaules. Laïna garde espoir mais je vois sur son visage le manque de cette femme. Cette famille s'est écroulée sans son pilier. Mais moi…. Moi ce pilier, il est flou. Il a existé, pour sûr, mais ce manque de souvenirs et cette vie en tant qu'Ella…J'ai appris à être mon propre pilier. Peut-être que les souvenirs d'elle reviendront. Peut-être pas.

Je m'approche de ma démarche silencieuse de ma soeur. La force de l'habitude ; d'abord formée soldat puis formée assassin. Je ne vis que pour la guerre et le sang. La protection et l'honneur. Je fais exprès de briser une brindille afin qu'elle m'entende arriver. Je repousse mes cheveux rouges derrière mes épaules et je lui demande d'une voix douce ;

- Tout va bien ? Que s'est-il passé ? Est-ce… Tescanda ? Le dragon que j'ai vu voler, c'est le dragon d'Aiko ?






○ Laïna



*Tu as grandi.*


Un jugement aussi austère que inattendu, je l’entends, le prends l’accepte et le temps qu’un sourire se dessine sur les lèvres roses de mon visage, le dragon a déjà commencé son repas. Pas grave, j’aurais le temps de sourire, de lui sourire, plus tard. Je le laisse profiter de son repas, songeant à la suite, à papa qui partiras dans une chasse sans fin à Sa recherche, de Gabriel qui m’en voudra de mes cachoteries mais sera heureux de retrouver l’espoir que la régence  à étouffé. Et Nyx, ma chère sœur à peine revenue, je peine encore à imaginer ce qu’elle peut ressentir, nous n’en avons pas parlé, je la laisse se reconstruire, essayer de maîtriser ses instincts. Une branche craque non loin de moi et me sort de mes songes, c’est justement elle, on dirait une ombre qui vient porter secours à la lumiere, le preux chevalier sur son cheval blanc au secours de la princesse prisonnière du vilain dragon. Je sais qu’elle à volontairement marqué sa présence, elle qui déjà avant ne savait pas se déplacer avec plus d’un bruissement, aujourd’hui elle était aussi silencieuse que la mort.

- Tout va bien ? Que s'est-il passé ? Est-ce… Tescanda ? Le dragon que j'ai vu voler, c'est le dragon d'Aiko ?

Je hoche la tête, trop de questions en une seule prise de parole. Je lui souris ravie qu’elle soit venue me trouver. Je lui fait signe de s’approcher avant de lui répondre

“ Oui je vais bien, simplement un peu trop d’émotions. Il s’agit bien de Tescanda, qui comme tu le vois n’est pas très heureux qu’on est supposé Maman morte. Il est parti manger, il va revenir bientôt.”

Partis c’est un bien grand mot, il doit être à quelques centaines de mètres, j’ai entendu les os du bovidé se briser en même temps que les pattes du lézard géant se posaient au sol. Je me pose des questions sur la suite des événements. Je me dois d'être forte, pour ma famille, pour moi-même. Je tente de me lever, vainement, mes jambes sont encore toutes tremblantes, décidément je ne me ferais jamais aux sensations fortes. Je tends la main vers Nyx, espérant qu’elle l’attrape. J’ai besoin d’un soutien, même si ce n’est qu’une poignée de main. J’aimerais savoir qu’elle est avec moi, qu’elle m’aidera.



○ Tescanda



Mange joyeusement sa vache, il reviendra sur la réponse suivante.




○ Nyx

Laïna a l'air d'aller bien. Elle me fait signe de s'approcher et je m'exécute, prenant place à côté d'elle et écoutant ses paroles. Oui, c'est bien Tescanda. Le dragon d'obscurité s'est enfin réveillé, ce qui signifie beaucoup de travail à venir. J'esquisse un sourire à cette pensée et je tente de le réprimer. Déjà, il a foutu en l'air le jardin de Noctis, et le roi va hurler quand il verra ça. Enfin, j'espère. Vu tout les dommages causés, les jardiniers vont galérer à tout rattraper. Laïna tente de se relever à côté de moi. En un bond je suis debout et je lui tends la main pour l'aider. Nos doigts s'entrecroisent, je bande les muscles et soulève aisément ma soeur pour la remettre sur pieds. J'assure le mouvement avec l'autre main, prête à la rattraper si elle bascule dans un sens ou dans l'autre. Elle est encore tremblante, et je ne la lâche pas. J'attends qu'elle me quitte d'elle-même une fois suffisamment sûre d'elle. Une fois que c'est bon je m'écarte d'un pas, regardant dans la direction d'où viennent les bruits de mastication ;

- Les prochains jours vont être particulièrement intéressants. J'aurai regretté de rater ça, finalement heureusement que je suis rentrée.

Devons nous aller chercher le reste de la famille ? Je penche la tête sur le côté le temps de réfléchir à la question. Non, autant attendre qu'ils aient la surprise d'eux-mêmes. Ce matin quand ils regarderont par la fenêtre ils verront le chaos dans le jardin, ils tomberont sur un dragon passablement énervé selon Laïna et ça sera encore plus chaotique. Je me tourne vers le portrait craché de la reine ;

- Tu y es pour quelque chose je présume ?





○ Laïna


L’aide de ma sœur pour me lever est une bénédiction. je suis trop faible pour y arriver seule et compte tenu de la force naturelle de Nyx, je ne dois pas poser bien plus qu’une plume. Je reste tremblante, et la vérité me parvient. Entre l’émotion et l’usage de magie pour réveiller le Dragon il était évident que je sois vidée de mon énergie. Et… Si je calculais correctement je devais avoir à peu près trois heures de sommeil depuis les 48 dernières heures. Je réussis à rester debout par mes propres moyens, et je hoche la tête aux propos de ma jumelle. Oui, elle a raison, les prochains jours vont être mouvementés. Entre la découverte du désastre dans le jardin, le dragon réveillé et tout ce que cela pouvait signifier, il allait certainement falloir attacher Papa. Et je n’étais pas certaine de vouloir affronter le regard accusateur de Gabriel quant à mes petites recherches personnelles. Enfin, je n’étais plus seule et c’était le principal.

“ Je suis heureuse que tu sois là Nyx.”

Je veux faire un pas en avant et je vois le sol se rapprocher dangereusement de mes yeux. Ah ? je vais tomber… Je suis soudainement arrêtée par une main que je connais par cœur, ShanKo! Matérialisé à moitié, il m’a retenue avant que je ne m’écrase au sol. Je ressens la fin de sa matérialisation en même temps que son soupir. J’ai trop tiré sur la corde et il n’est pas vraiment content. Je lui souris, embrasse sa joue pour le remercier et me relève. J’ai compris, je ne marcherais pas seule, pas immédiatement en tout cas.

“ Oui effectivement. Pour une fois je rivalise avec toi niveau chaos. Es-tu fiere de ta petite soeur?”

J’affiche un grand sourire devant ma sœur, ravie de la blague.





○ Nyx

Je sens qu'elle ne parle pas que du moment présent. Elle est contente que je sois revenue à la maison. Pourtant, je me souviens qu'avant mon accident, nous n'étions pas en très bons termes. Je l'évitais. En fait, j'évitais toute la famille, et lorsque nous nous croisions cela terminait souvent en disputes. Je leur en voulait affreusement à l'époque. Avec le recul, avec ma vie en tant qu'Ella, je m'en rends compte. Je ne m'excuserai pas pour cette époque, car j'avais beaucoup de colère en moi. Nyx n'était pas stable déjà à cette époque. Quand Ella a prit le relais, j'ai trouvé un exutoire sauvage que je ne regrette pas. J'ai appris à être efficace, à mieux rediriger ma colère. Au contact de mon ancien maître je me suis apaisée.
Laïna perd soudainement l'équilibre. ShanKo se matérialise immédiatement pour la soutenir avant même que j'ai eu le temps d'esquisser un mouvement. Je parlais d'apaisement ? Je fronce les sourcils, agacée. Je leur laisse faire leur manège d'amoureux/liés qui m'a toujours révolté et tandis qu'elle finit sa dernière phrase, je m'approche d'elle. Sans son consentement, je l'attrape derrière les genoux et dans le dos, et je la bascule, la soulevant sans effort. Je jette un regard noir a ShanKo signifiant clairement un "casse-toi de là" et je lui réponds, toujours agacée ;


-Je serai fière de ma petite soeur le jour où elle saura demander de l'aide avant qu'il ne soit trop tard.

Je resserre ma prise sur elle pour être sûre qu'elle ne tombera pas et sans un regard de plus pour l'esprit lié je me mets à marcher en direction du dragon.





○ Tescanda


Je me lèche une dernière fois les babines, effaçant les dernières traces de sang et les derniers morceaux de chair. Je n'y suis pas allé dans le détail et je suis repu, au moins pour quelques heures. Il me faudra plus que ça pour récupérer mon énergie, et il va me falloir du temps avant d'avoir refait les muscles nécessaires pour de longs vols. Trois années d'immobilisation. Je grogne pour moi-même. Je vais pour rejoindre Laïna quand je vois l'étrange spectacle de celle-ci dans les bras d'une inconnue. Il me faut un instant pour reconnaître l'odeur de Nyx. Je plisse les yeux, analysant rapidement la situation pour comprendre où se situe le problème. Je me souviens bien de la première princesse, nid à problèmes. J'ai toujours eu une tendresse différente pour elle car elle me rappelait Aiko. Mais en pire. Bien pire. Aiko s'enfuyait mais revenait toujours le soir auprès de moi. Elle m'a joué de vilains tours, mais c'était irrégulier et donc toujours imprévisible. Là où Nyx a toujours sauté sur l'occasion de faire l'inverse pour agacer tout le monde. Oh, cette petite a des qualités. Si la fin du monde devait survenir, je ne doute pas que ce serai elle l'instigatrice et donc la plus apte à survivre. Mais je reste toujours sur mes gardes quand elle est là.

Je fais quelques pas pour les rejoindre à mi-chemin, me moquant qu'elles voient les restes de l'animal derrière moi. Nyx s'arrête à portée de ma gueule, tenant toujours sa sœur contre elle, et je souffle sur les deux. Je pousse mes pensées vers mes deux enfants en même temps ;

*Vous êtes presque charmantes, ainsi. Où est l'entourloupe? Et où sont Noctis et Gabriel ? Nous avons à parler.*

Nyx est la première à parler, à voix haute puisqu'incapable de pousser ses pensées vers moi. Et encore moins capable de pousser ses pensées vers sa soeur et moi en même temps.

-Ils dorment. Tu sais, comme ce que tu as fait pendant apparemment trois ans. Bonjour Tescanda, je t'ai manqué n'est-ce pas?







○ Laïna


Et me voila dans les bras de ma sœur. Elle semble irritée et je comprends d'où vient le problème en l'écoutant. Je ris doucement, me laissant porter par ma jumelle, inquiète et voulant m’aider. Je rassure ShanKo  mentalement, inutile d'attiser le feu de la jalousie entre ces deux là, mon esprit disparaît aussi vite qu’il est apparu, certainement conscient que sa réaction, purement mu par le réflexe de l’habitude, était déplacée en présence de Nyx. Je repose ma tête sur l’épaule de ma porteuse et me laisse aller, j’ai une totale confiance en elle. Quand bien même nous ne nous étions pas toujours entendues, sa perte avait été un tel choc que je regrettais aujourd’hui tout le temps perdue en chamailleries vaines. Elle m'emmène vers le dragon qui à apparemment fini son repas, les restes sanguinolents le prouvent. Je retint un soupir en songeant tristement aux domestiques qui devront nettoyer cela. Quand je ressens les paroles je lève le nez vers, je suis encore fatiguée et je ne l’avouerais pas ! je vais pour répondre, quelque peu lascive mais elle me devance. Elle ne fait pas dans la dentelle et je la frappe doucement sur la clavicule en lui faisant les gros yeux.

“Nyx !”

Je secoue la tête doucement, en fait rien de sert de lui faire des remontrances, elle est ainsi, toujours cherchant à mettre en colère, à déstabiliser. Je poursuis, m’adressant à tous d’une voix fatiguée

“ Oui ils dorment, père passe ses journées à se complaire dans des rêves chimériques. Tandis que Gaby,... essaie de porter le monde sur ses épaules !”

Je prends une respiration douloureuse. Le contre coup est plus rapide que prévu et je suis courbaturée. En plus j’ai la gorge qui commence à me titiller, décidément, je peux bien faire la morale aux autres, le manque de nourriture c’est de famille.

“ La grande leçon de morale devras attendre demain matin,... Nounou!”

Je souris faiblement, et ferme les yeux pour essayer de reprendre quelques forces.






○ Nyx

Laïna me tape dans la clavicule et cela m'arrache un sourire tandis qu'elle me rabroue. Je la serre un peu plus fort, espérant qu'elle se rende compte que si elle m'embête trop, je la lâche et elle finit les fesses par terre. Diplomate, elle répond cependant à Tescanda qui souffle à nouveau, visiblement agacé. La petite brise causée soulève mes cheveux. C'est pas possible d'avoir une aussi grosse capacité de poumons… Certes c'est un dragon mais tout de même. Ma soeur respire profondément, attirant mon attention sur elle. Tescanda arrête également de me provoquer du regard.
La seconde princesse fatigue.
Je reporte mon regard sur le dragon, et je lui rétorque, avant qu'il ne puisse prendre la parole

-Je vais la ramener pour qu'elle se repose. Et je reviens ensuite te voir, nous avons beaucoup de choses à discuter.





○ Tescanda


L'offense de la princesse aux cheveux rouges ne me surprend guère. La réaction de Laïna, par contre, m'attendrit. C'est une gentille enfant qui a toujours su user des mots pour régler les situations délicates. La plus sage de toute la famille sans aucun doute. Je souffle à un moment donné sur les deux sœurs, agacé par Gabriel. Lui, par contre niveau sagesse on repassera. C'est pour cela que les têtes couronnées sont toujours en couple ou utilisent une seconde personne pour la régence. Trop de responsabilités et de devoirs. Gabriel s'abîme trop vite pour ce rang qu'il tiendra bien assez tôt dans la vie. C'est encore un enfant qui a besoin de découvrir le monde. Quand ma liée est devenue Reine, il y avait déjà Noctis et elle n'était là que pour le seconder. Son manque de maturité et son jeune âge étaient palliés par l'expérience du nouveau roi. Je lui dois bien ça, il a peut-être enchaîné Aiko grâce au mariage, au moins a-t-il eu la décence d'être prêt à régner.
Gabriel n'a pas cette chance.
Nyx parle de ramener sa sœur. C'est vrai que Laïna doit être épuisée après tout ceci. Pour éviter de répondre directement, je m'allonge au sol à l'endroit même où j'étais debout, croisant mes pattes devant moi. Le sous entendu est clair "Vas-y, je t'attends ici."





○ Laïna


Je me laisse emporter dans les bras protecteurs de ma sœur. Je me sais parfaitement en sécurité, et cette certitude ne fait qu’accentuer ma perte de connaissance et mon ascension vers Morphée. J’entends Nyx dire qu’elle me ramène dans mes appartements, quoi ? Non, j’ai encore besoin de discuter avec Tescanda, il doit me donner des informations sur maman. J'essaye de me débattre, j’y arrive pendant une demi seconde, et puis ShanKo s’infiltre dans mon esprit, m’obligeant à me calmer en me rappelant que le grand dragon serait encore là au lever du soleil.
J’entends un bruit, comme une enclume qui s’effondre sur le sol et je mets une grosse poignée de secondes à comprendre que c’est sûrement le dragon qui s'est écroulé au sol. Je souris faiblement dans un demi sommeil.

Les secondes passent, je suis bercée par le pas souple de Nyx qui me porte au travers des couloirs du palais. Je l’entends renvoyer les domestiques, inquiet de mon état de faiblesse. J’écoute les bruits de pas alentours, les respirations, les exclamations surprises des uns et des autres devant le spectacle étonnant des deux princesses. Enfin le bruit de la porte se fait entendre, sommes nous arrivé chez moi ? L’odeur de parchemin qui arrive à mes narines me fait dire que oui. Puis j’entends un murmure derrière une porte, le bruit de la tapisserie qui crisse sous l’effort, enfin Elundril qui s’exprime

“ Son lit est prêt, Princesse !”

Nouveau bruit de porte, et enfin la douceur du satin sous mon corps inconscient. Je murmure un remerciement ensommeillé à ma sœur avant de disparaître pour de bon dans les limbes obscures de ma conscience.


(c) miss pie




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