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OS Will


Willelhmina Dragsyl
Eliraan • Royauté
Willelhmina Dragsyl
Willelhmina Dragsyl
Race : Eliraan - Royauté
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 79
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : OS Will Original
Race : Eliraan - Royauté
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Race : Eliraan - Royauté
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Sam 21 Aoû - 20:49

Jeunesse : leçons
Faire plier l'acier pour le transformer en épée

« Plus haut le menton ! »

Eledena s’effondre brutalement à côté de moi. La cravache claque sur le bureau, menace évidente. La prochaine fois, c’est sur nos corps qu’elle s’abattra. Je ne jette pas un coup d’œil à mon amie, trop concentrée sur ma tâche et sachant pertinemment que le moindre écart de conduite me vaudra une réprimande.
Le regard au loin, les mains jointes devant moi, la tête droite, les pieds enflées dans mes chaussures à talons, je souffre en silence. Eledena se relève et replace le livre sur son crâne avant de reprendre position. Notre tutrice reprend son questionnaire ;

« Règle 41 du manuel des dîners. Willhelmina.
- L’aliment ne doit pas être plus d’un tiers de l’espace de la fourchette.
- Règle 71 de bienséance. Eledena.
- Veiller à ne jamais lever la main plus haut que son épaule. Si la situation l’exige, demander à un serviteur d’effectuer l’acte pour vous. »


J’ai toujours détesté la vieille Mazda. Professeure d’étiquettes, elle a éduqué beaucoup trop de générations, autant dans la noblesse que dans la royauté. Elle n’est pas connue pour ses manières tendres mais pour son efficacité. Elle nous apprend également l’art de la danse et la culture mondaine. En bonus, elle nous fait parfaire notre écriture. Le but étant que nous soyons irréprochables. Les Rois et les Reines doivent être parfaits et puissants afin de gouverner correctement un royaume.

« Willelhmina, les épaules. »

La cravache s’abat sur mon bras dans un claquement sec. Je sursaute, l’épais volume perché sur mon crâne glisse et s’écrase à terre. Je m’efforce de ne pas regarder la tutrice dans les yeux pour ne pas la provoquer et prolonger notre calvaire. Je me baisse, referme le livre puis le ramasse élégamment. Mes pieds sont en feu, et je sui à deux doigts de tout jeter sur cette vieille bique. Eledena ne tourne pas la tête vers moi. Dans cette pièce, nous ne pouvons être d’aucun secours l’une pour l’autre. Je me relève et replace le livre sur ma tête, reportant mon regard au loin. J’inspire et expire pour me reconcentrer. La voix de Mazda cingle ;

« Tu te crois à la ferme ? »

Je pince mes lèvres avant de reprendre un visage impassible. Quand nous prendrons le pouvoir, je ferai exiler cette vieille folle du royaume sous peine de se faire décapite avec une hache émoussée. La découpe ne se fera pas en une fois, et elle souffrira. Je m’efforce de ne pas sourire à cette pensée.

« Règle 3 du Manuel des Dames. Willelhmina.
- Deux célibataires ne peuvent se fréquenter en privé. Un chaperon doit toujours être présent. »

Je lui ferai avaler chacune des pages de ses maudits bouquins par les narines s’il le faut, jusqu’à ce qu’elle meurt étouffée avec.

« Règle 5 du Manuel des dames. Eledena.
- Conformez-vous au souhait de vos parents. Par l’expérience, ils sont les mieux placés pour vous mettre sur le bon chemin. »


Est-ce que Mazda brûlerait bien si je mettais le feu à sa chevelure ?

« Règle 66 du Manuel du Souverain. Willelhmina.
- Manier l’épée est un art qui ne préfère aucun genre. Manier la plume reste souvent bien plus efficace. »

Je veux qu’elle brûle en enfer.

« Règle 67 du Manuel du Souverain. Eledena.
- Dame ou Damoiseau, ne vous reposez cependant jamais sur vos acquit. Persévérez pour connaître tout les moyens de défense mis à votre disposition. La noblesse compte peu face à la mort. »


Enfin une règle qui a un minimum de sens. Est-ce que la tutrice serait la mettre en pratique si elle se retrouvait face à la mort ? Arriverait-elle à tenir une épée, ou se laisserait-elle assassiner avec dignité ?

« Ce sera tout pour aujourd’hui. Et ne prenez pas cet air soulagé, j’enseigne à de futures souveraines pas à des filles de ferme. »

J’attrape le livre. La tutrice nous jette un dernier coup d’œil mauvais avant de finalement mettre le point final à la leçon ;

« Demain si vous êtes aussi peu concernée par la leçon je vous ferai envoyer à la caserne pour y être roué de coups. A défaut de connaître les bonnes manières, vous apprendrez peut-être le respect comme cela. »

Et la vieille bique se détourne et quitte le petit salon. Eledena tourne la tête en même temps que moi et à voix basse et venimeuse ;

« Une bonne raclée lui enlèverai peut-être le bâton qu’elle s’est elle-même enfoncé dans le derrière. »

Je souris avant d’éclater de rire, soulagée. Mon amie pense la même chose que moi. Nous subissons la même torture depuis des années. Rien de mieux pour rapprocher deux jeunes eliraans foncièrement différentes.

« Penses-tu que nous devrions nous en occuper nous-mêmes lorsque nous serons reines ?
- Ce sera ma première décision !
- Tu auras tout mon soutien !
-Je n’en attendais pas moins de toi. »

J’envoie valdinguer les talons, soupirant de bien-être en touchant le parquet de mes pieds nus. Eledena fait de même avant de s’écrouler au sol.

« Nous ne ferons jamais subir ça à nos enfants.
-Il en est hors de question. »
©️junne.



Willelhmina Dragsyl
Eliraan • Royauté
Willelhmina Dragsyl
Willelhmina Dragsyl
Race : Eliraan - Royauté
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 79
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : OS Will Original
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Jeu 24 Aoû - 17:31

6 mois après la guerre
Rencontre avec la Bête

Mon regard se pose sur la prisonnière droguée qu’on force à s’agenouiller devant moi.
La Bête. Vampire instable et sauvage, mes gardes l’ont attrapé après plusieurs semaines de traque dans mes contrées. Dans cet état, elle n’a pas l’air bien dangereuse mais je sais d’expérience qu’il faut toujours se méfier des bêtes enragées. Son regard a beau être embrumé, il respire la défiance. Je m’avance légèrement sur mon siège pour mieux détailler la créature devant moi. Crasseuse, affaiblie, et pourtant rayonnante de puissance. C’est une tigresse enchaînée que j’ai devant moi, dans ce qu’on fait de plus indomptable. Elle est encadrée par des chevaliers, observée par beaucoup trop d’yeux pour tenter quoi que ce soit.  La prudence voudrait que je la fasse exécuter. Le continent se porterait mieux sans elle. Cependant je suis la gardienne des lois de ce royaume et je ne peux pas faire d’exception. La Bête vivra. Je dois trouver un moyen de l’enfermer pour de bon, afin qu’elle ne revoit jamais la lumière du jour. La nourrir suffisamment pour qu’elle reste dans un état affaibli mais stable. Condamnée à être droguée pour minimiser son danger.

Je pose mes coudes sur mes cuisses, entre croisant mes doigts gantés dans un simulacre de prière. A travers mon voile et sous ma lourde couronne, je réfléchis. Devrais-je la renvoyer chez les vampires ? Ce serai la solution la plus sage. Cependant, ils seraient capables de tenter de la réhabiliter et de relâcher un monstre. Trop d’innocents sont déjà morts, dans des conditions effroyables. On m’a conté ses exploits sanglants et je me refuse à imaginer le spectacle. Les rapports mentionnant ces actes sont déjà classés et rangés au fin fond de mon bureau afin que personne ne retombe dessus.

La vampire aux cheveux rouge s’agite. Le sol de marbre doit être inconfortable, à force. Un de ses gardiens lui assène un coup de pied dans le dos pour la forcer à s’immobiliser, face contre terre. Je n’apprécie pas forcément le traitement, mais il est mérité. Pour tout le mal qu’elle a répandu, je ne peux décemment pas la traiter correctement. Dans cette pièce, il y a des familles qui attendent son jugement en silence.

Finalement, au bout de plusieurs minutes de silence, je rends  mon verdict ;

« Emprisonnement à vie. Que cet animal ne revoit jamais le soleil. »

Les geôliers attrapent chacun un des bras de la prisonnière et la traîne pour quitter la pièce avant même qu’elle n’ai eu le temps de se relever d’un équilibre précaire. Je reste un moment à regarder l’endroit où elle était avant de demander le plaignant suivant.

©️junne.



Willelhmina Dragsyl
Eliraan • Royauté
Willelhmina Dragsyl
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Race : Eliraan - Royauté
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Jeu 24 Aoû - 18:17

Le rituel
Rencontre avec la Bête

La présence de la Bête dans mes cachots me titille. Je ne parviens pas à me sortir de la tête le spectacle de cette femme enchaînée et souillée sur le sol de ma salle du trône. Je bascule mes jambes hors de mon lit dans un mouvement gracieux, repoussant dans un même temps le drap léger. La nuit est déjà bien avancée et le fond de l’air est doux. L’été s’annonce en douceur, et le palais reprend tranquillement vie sous les rayons du soleil dès l’aube.
Je me relève, attrapant une lanterne ouvragée qui traîne sur une table basse à proximité. J’actionne le briquet intégré et fait s’embraser l’huile, faisant danser de nouvelles ombres dans ma vaste chambre. Je suis un instant repoussée par la lumière de la flamme avant de m’y accoutumer. Je ne pourrais pas vivre toute ma vie en ayant peur du feu. Je saisis une cape de dentelle violine qui rase le sol que je passe d’un geste leste autour de mes épaules. Je rabats la capuche large sur mon visage, appréciant peu de révéler mon visage au reste du monde. Auparavant je n’étais pas aussi pudique. Et puis, avec la découverte de mon pouvoir j’ai commencé à me couvrir de plus en plus, venant même à couvrir mon visage quelques temps avant la guerre. Aujourd’hui il est rare que je dévoile ne serait-ce que mes mains. Dès que je sais que je serai en présence d’autrui, je me gante et je me voile. Le voile permet de dissimuler toutes mes émotions. C’est comme jouer au poker avec un gros avantage. Le reste de ma peau…  Et bien, on évite les accidents. Tuer quelqu’un à cause d’un simple contact accidentel ferait tache. J’ai beau maitriser mon pouvoir, je suis parfois instable. Ca viendra avec le temps, j’imagine.
J’attrape un voile qui dissimule que le bas de mon visage, la capuche dissimulant dans l’ombre jusqu’à mon nez. Mes mains restent découvertes, par précaution. Je me rends dans la prison. Nombreux sont ceux qui voudraient mettre un terme à ma vie là-bas.

Quand je sors de ma chambre, les deux gardes en faction se consultent du regard. Un seul m’emboîte le pas, l’autre gardant ma chambre pour qu’aucun assassin ne s’y glisse en mon absence. Je ne me sui pas arrêtée. L’homme me suit dans un silence parfait, légèrement en retrait. Il ne pose aucune question. De toute façon commet oserait-il ? Je suis sa reine, mes décisions sont incontestables pour un homme de son rang.
Je connais le chemin et c’est donc sans hâte que je longe les couloirs. Je profite du silence du palais pour admirer les œuvres accrochées sur les murs. J’ai souvent croisé le regard de ces eliraans de peinture, pourtant ils ne m’ont jamais semblé si beaux que la nuit, quand enfin la Lune fait taire tout bruit. Il n’y a que le froufrou du tissu tandis que je me déplace, cape et robe de nuit faisant un halo protecteur autour de moi.

Finalement je débouche dans les jardins. Je prends le chemin de gravier qui se dirige vers le camp d’entrainement des chevaliers qui restent à demeure. La caserne est non loin du palais, et l’école de formation la jouxte. Ici, il n’y a en permanence que deux escadrons qui se relaient, dédiés à la protection de la famille royale, dédiés à ma protection. Il me faut plusieurs minutes pour voir l’immense bâtiment qui pourrait rivaliser avec la garnison. Bardés de sortilèges, de hauts murs qui s’élancent vers le ciel, tout indique son rôle. Des tours de vigie sont à chaque extrémité et j’y aperçois les gardes. La gueule du bâtiment est fermée par une grille qui s’élève pour me laisser entrer. Je n’ai pas besoin de décliner mon identité, l’armée sait me reconnaître même quand je me dissimule. C’est aussi flatteur que menaçant : je ne pourrais jamais me cacher en cas de problème.

Je me glisse sous la grille, gagnant rapidement le poste de contrôle général. J’y annonce la personne que je viens voir. L’un des deux gardes s’incline et me précède pour me montrer le chemin. Une partie des geôles est au dessus du sol pour les prisonniers les moins dangereux. Pour les autres, et bien ils sont emprisonnés sous terre, sur différents étages étouffants, avec plusieurs postes de contrôle et des grilles. Je respire la magie à chaque fois que je passe une de ces dernières.
C’est donc au tout dernier étage de la prison que je retrouve la Bête. Enfermée derrière des barreaux qui vont du sol au plafond et n’offrent aucune intimité, elle me tourne le dos, allongée face au mur à même le sol. Je perçois sa silhouette dans l’obscurité, ma lanterne éclairant plus que la torche accrochée de l’autre côté du couloir. Elle ne bouge pas et j’en viens à me demander si elle est morte. Le garde qui m’a suivi reste respectueusement à quelques mètres de moi. Le geôlier qui m’a accompagné se tient encore un peu plus en retrait, respectant la hiérarchie. Il est là pour agir, mais c’est mon chevalier qui interviendra en premier en cas de danger. C’est lui qui dictera la conduite à adopter.
La vampire reste immobile. Si elle était décédée, on l’aurait déjà jetée dans une fosse commune. Je ne sais pas si elle dort ou si elle m’ignore. Je reste de longues minutes à l’observer sans savoir quoi faire, sans savoir quoi dire. La sensation de me savoir séparé d’une créature aussi dangereuse par seulement des barreaux a quelque chose d’effrayant mais étrangement attractif. Elle qui a tué tant de gens, comment peut-elle être si calme maintenant ? Comment peut-elle dormir aussi profondément ? Je l’aurai imaginé se débattre. Tourner en rond dans sa cage souterraine. Pourtant il ne se passe rien. Je finis par faire demi-tour. Ce soir il ne se passera rien de plus. Pas plus qu’il ne s’est passé quoi que ce soit depuis que la sentence a été prononcée, il y a plus de deux semaines. Il n’y a eu aucun rapport sur ses agissements, elle s’est contenté de dormir et manger, lourdement droguée.

Finalement, je suis retournée la voir tout les deux ou trois jours. Voir une Bête aussi calme malgré cet environnement avait quelque chose d’apaisant. Notre rituel est devenu immuable : elle dormant à points fermés je suppose, et moi l’observant en silence plusieurs minutes.

Jusqu’au jour où la Bête s’en est allée sans un mot. Pas de massacre, pas une goutte de sang. Elle s’est volatilisée sans aucune explication malgré toutes les mesures de sécurité.


©️junne.



Willelhmina Dragsyl
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Mer 20 Mar - 19:06

2 ans et 9 mois après la guerre
Royaume de la mort et espoir d'une vie alternative

Mon regard se pose dans le vague, tandis que j’admire le feu dans l’âtre. Cela fait si longtemps maintenant. Le feu ne me dérange plus, et je parviens même à me laisser bercer par la danse des flammes. Je soupire avant d’attraper les documents devant moi et de les empiler. La pile n’est pas bien fournie, j’ai tendance à être maniaque là-dessus. On m’a déjà reproché de ne pas avoir de vie sociale, ce qui n’est pas loin de la réalité. Non, en fait c’est totalement la vérité. Ma seule amie était Eledena. Elle est décédée il y a trois ans, lors de l’attaque du palais. Ma fiancée ainsi que toute sa famille a été assassinée, mettant fin au règne de la Famille Wyrran. J’ai réussi à faire mon deuil. J’ai fait ce que l’on attendait de moi.

J’attrape la lettre ouverte, posée à l’extrémité de mon bureau. Dans cette pièce qui m’est entièrement dédié, tout est rangé au centimètre prêt. Sauf cette enveloppe décachetée que je ne relis.
Duc Keigo Deb
Le duché de Boiselune est un allié de longue date de la famille Wyrran. Ce n’est pas mon ami, mais je suis tenue de respecter les promesses faites par Eledena. L’honneur m’enchaîne. Je parcours les lignes manuscrites que j’ai lu de multiples fois. Et je sais que ce soir encore, je vais tenter ce qu’il me demande. Je vais plonger dans les abysses de la mort à la recherche de sa petite sœur, que nous avons promis de protéger il y a si longtemps. Avant qu’elle ne devienne reine d’un royaume qui entrera en guerre par la suite. Les messages avaient dû être interceptés par les rebelles, empêchant toute communication entre Eledena et elle. Menant à la tragédie que nous connaissons désormais tous.

Honnêtement, si la promesse avait émané de la royauté vampirique, j’aurai exigé une faveur en retour. Mais le duché Deb est un point stratégique et l’histoire qui lie la couronne à Boiselune est très ancienne, avec beaucoup d’échanges maritales. De nombreux fils Wyrran ont été envoyés en mariage là-bas, et dans les branches secondaires Wyrran nous avons acceptés leurs fils humains, métissant une famille ancienne. Pour une famille élitiste, c’est dire à quel point les Deb comptent pour les Wyrran. Mais les Dragsyl n’ont rien à voir avec tout ça. Et moi.. Et bien, je dois respecter une promesse. Je me souviens encore de cette frêle jeune femme qui a pleuré dans les bras de ma fiancée. Cette humaine encore égarée, chahutée par la vie. Ses longs cheveux de jais, ses yeux aux couleurs d’un ciel bleu d’été. Une fleur qui ne tarderai pas à s’épanouir.

Je repose la lettre dont je me suis déjà lassée. Je connais chaque mot, chaque supplique. Je me lève, repoussant mon fauteuil capitonné. Je dois retenter. Je m’en vais m’allonger sur la banque destinée à accueillir des invités. Avant de m’y installer, je parcours un instant la pièce des yeux, à la recherche d’une distraction qui me donnerai une excuse de ne pas plonger dans les ténèbres de la mort. Mais rien n’est assez important ni urgent pour me permettre de me dérober. Je cherche à rassembler mon courage.
Je pense brièvement à prévenir les gardes de faction devant ma porte. Heureuse et me sentant coupable de gratter quelques instants, je me dirige vers la porte. Je l’ouvre pour tomber sur les deux eliraans qui attendent de chaque côté de l’encadrement. Ils ne bougent pas mais je sens que j’ai attiré leur attention.

“Qu’on fasse mander Kéoz. Et que personne d’autre que lui ne me dérange.”

Mon serviteur attitré lit dans les pensées. Quand je serai partie, il sera le plus à même de veiller sur moi, de ressentir si quelque chose ne va pas.
Je referme la porte sans attendre l’acquiescement de l’un des deux gardes ; de toute façon mes paroles font acte de loi. Ils se débrouillent pour faire appeler mon domestique sans avoir à quitter leur poste.

Je retourne vers le divan et m’y installe immédiatement et confortablement, sans me laisser le temps de divaguer plus. Je réinstalle mes cheveux et les plis de ma robe, refusant de paraître négligée peu importe le moment.
Et puis je cherche les yeux.

Le froid s’empare petit à petit de moi, commençant par mes orteils, avant de remonter lentement telles des griffes glacées. Je m'empêche de paniquer, me concentrant sur cette sensation désagréable, m’efforçant de ne pas la contrer avec des pensées d’espoirs ou des souvenirs. La mort n’apprécie guère les gens heureux. Je me contente de rester neutre, d’accepter son arrivée, telle une invitée qu’on est contraint de recevoir de temps en temps. Il faut faire un sourire forcer et endurer sa présence.

Quand elle atteint enfin ma gorge, je me contracte légèrement. Tout ira bien. Je reviens toujours de mes sessions.

Et enfin je me retrouve devant cette immense océan d’obscurité. J’y patauge comme dans de la boue et j’entends les supplications lointaines des morts. Je mets un moment avant de me décider à avancer dans ces vaguelettes qui m’arrivent à la cheville, et qui sont aussi gluante que de la gelée. J’ai peur de ceux que je pourrais croiser. A dire vrai, je suis même terrifiée.  Il y a eu tellement de morts injustes durant la guerre ! C’est de ceux là dont j’ai peur ; ils refusent de mourir. Les autres sont en paix, ils m’accueillent et me laissent repartir sans problème. Ceux qui refusent de mourir s’accrochent à moi, comme si j’avais la capacité de les ramener. Plusieurs fois ils ont failli m’entraîner dans la mer d’obscurité et m’y noyer.

Et enfin, j’ai peur de croiser Eledena. Je suis terrifiée de son jugement. Sera-t-elle déçue que je me sois remise aussi vite de son décès ? Pensera-t-elle que je ne l’ai pas réellement aimé ? Pourtant, c’est en pensant à elle que je souris. Quand je me remémore tout nos souvenirs, mon coeur semble allégé. La mer reflue brutalement autour de moi, et je me force à chasser mon ancienne fiancée de ma tête.
Je me concentre sur l’image d’Aiko. Peut-être que je la trouverai cette fois. Tel un limier, je cherche un parfum, une bride qui pourrait me mener à elle. Cela fait près de deux semaines que je la cherche dans les limbes, sans succès. Je continue de patauger au hasard, arrachant les pans de ma robe aux vaguelettes. Il y a peu de choses qui ont un sens ici, j’ai appris à les accepter.
Bientôt, il me devient plus dur d’avancer. Je sens le poids d’une âme sur mes épaules, une âme retorse qui s’accroche à moi mais se dissimule. Je respire profondément pour ne pas céder à la panique. La chose n’est peut-être même pas humaine. Elle est peut-être malfaisante, et suffisamment rusée pour ne pas se faire remarquer. Je continue mes recherches, parfaitement consciente que j’éveille l’intérêt des autres créatures. Dans les limbes, il n’y a pas que des humanoïdes. Il y a des êtres bien plus anciens, bien plus mauvais qui ont arpenté Exodus avant moi.

Et il y a aussi des créatures innocentes. Cela me brise bien plus le coeur quand je le croise. Tout les morts m’apparaissent comme ils étaient au moment de leur décès. Je vois leurs blessures, je vois parfois la précarité de la vie qu’ils ont mené. Je vois les injustices entre les morts de faim et ceux qui ont vécu dans l’opulence. Je perçois les guerriers décédés sur les champs de bataille, ou les enfants qui ont été battu trop fort. Et puis, je vois les animaux. Ces êtres qui n’ont rien demandé et qui ont parfois été violentés jusqu’à leur mort. Je vois les sévices des tortures.
Une créature blanche apparait en sautillant. D’un miaulement, elle vient se frotter contre ma jambe. Il fait partie des créatures que j’ai en pitié. Le chaton blanc dégoulinant d’une eau invisible se met à ronronner, heureux de me revoir. Je me penche pour l’attraper, et il ne se fait pas prier. Tandis que je me redresse, il pose ses pattes sur ma poitrine, avant de prendre son élan et de bondir sur mon épaule. De fait, il fait fuir l’âme qui s’était accrochée à moi et je ne ressens bientôt que les quelques grammes de l’animal. Son décès a été tôt, très tôt. Trop tôt.

Je continue mon chemin avec mon compagnon d’infortune. Il aime ma présence autant que la sienne me réconforte. Et j’ai remarqué qu’il parvient à repousser certaines âmes, ce qui m’arrange particulièrement.

Bientôt, je sens les morts se réveiller à mon contact. Des silhouettes brumeuses sortent de l’eau comme si elles sortaient de terre, rampant hors des flots d’une manière bien étrange. Il me reste encore un peu de temps pour poursuivre ma quête. Tandis que j’avance les contours des âmes se dessinent et je reconnais bientôt les blasons sur les armures et sur les étendards. Je parcours le champ de bataille qui a vu engloutir des milliers de soldats venryens et roncélyonniens. Vampires, eliraans, humains… Les âmes à l’allure de cadavres se relèvent pour m’accueillir, percevant ma présence vivante dans un étrange et macabre spectacle. La boule de poil mouillée sur mon épaule plante ses griffes dans ma peau, feulant à l’encontre des créatures. Je prends ça comme le signal, je ne peux pas m’attarder plus. Il est temps de rentrer. Encore une fois, j’ai échoué à la retrouver. J’attrape le chaton, le gardant un instant dans mes bras pour l’admirer tandis que nos regards s’ancrent l’un dans l’autre, puis je le relâche au sol. Il n’a pas besoin de se méfier des âmes, puisqu’il est lui-même mort. Moi par contre je ne peux pas continuer à errer ainsi si je veux éviter de prendre trop de risques. L’animal pousse un petit miaulement triste, mais je ne peux plus ignorer les créatures d’ombres et de souvenirs qui s’approchent peu à peu de moi, encore incertaines.

Je balaie une dernière fois du regard les environs, je sonde aussi loin que je peux à la recherche d’Aiko, en vain. Ce n’est définitivement pas aujourd’hui que je la trouverai.

Je me concentre sur moi et je ferme les yeux, pour imaginer la chaleur du soleil sur ma peau. Le pépiement des oiseaux que je peux entendre de mon bureau, en été. Je recherche le frisson du vent sur ma peau quand je me balade dans les jardins. Je repense aux voix des Aînées, toujours aigries, qui contestent mes décisions. Petit à petit je sens la morsure glacée de la mort refluer. Je me laisse un temps pour me gorger de mes souvenirs de vie, pour faire fuir le froid qui s’est même emparé de mes os. Et puis, j’ouvre les yeux sur le plafond de mon bureau. Il me faut encore quelques secondes pour me resituer dans l’espace. Je commence à me redresser lorsque j’aperçois Kéoz qui attend calmement, debout, à mes côtés. Il ne me parle pas, contournant le divan pour poser sur mes épaules une couverture épaisse destinée à me réchauffer. Je suis pleine de gratitude envers cet eliraan si loyal et prévenant. Je sais que sa capacité à lire dans les pensées y est pour beaucoup, mais c’est toujours agréable. Il contourne à nouveau le canapé pour se saisir d’une théière et me servir dans une tasse fleurie un peu de liquide sucré et fumant. Dès qu’il a terminé, je saisis la tasse pour réchauffer mes doigts glacés. Après chaque plongeon dans les abysses, j’’en ressors chamboulée et frigorifiée. Profondément vulnérable dans ces moments, je déteste que quelqu’un d’autre que Kéoz soit au courant que je suis partie. Je n’ai jamais été réveillée brutalement et ce n’est pas une expérience que je veux vivre. Il me faut toujours plusieurs minutes pour remettre en phase mon âme et mon corps, résultant ainsi un sentiment d’égarement total. Et je déteste faire tomber le masque de souveraine. Mon peuple a besoin de me voir forte et inébranlable. Après tout, qui souhaiterai suivre un leader faible ? Je ne peux paas me permettre de laisser fuiter des rumeurs, il y en a déjà bien trop. Je sais que mon physique fait parler. Bien peu connaissent mon véritable visage, car ils ne voient que l’illusion maintenue par magie. On parle de ma laideur, on parle des artifices que j’utilise. On parle de tout, plus encore quand je me dissimule derrière mon voile. Je ne peux pas offrir de quoi alimenter des rumeurs quant à ma santé mentale ni à propos de mes faiblesses. Le serviteur prend finalement la parole d’une voix lente et grave ;

“Ils n’ont rien remarqué.”

Il dissipe ainsi une de mes inquiétudes, et je hoche la tête, encore légèrement déphasée par mon voyage. Je me décide à boire quelques gorgées du thé, pour découvrir un thé à la pomme et au miel, légèrement plus sucré que d’habitude. Un mélange réconfortant après mon escapade dans les limbes. Combien de temps étais-je partie ?

“Environ une heure, votre altesse.”

Une heure. Cela m’avait semblé durer à peine une quinzaine de minutes. Le temps dans le royaume de la mort est vraiment distordu. Peut-être est-ce pour cela que je suis aussi fatiguée. Une pensée morbide s’immisce dans mon esprit ; que se passera-t-il le jour où je ne rentrerai pas à temps et qu’une âme se saisira de moi ? Je pourrais bien être retenue pendant des jours entiers, voire des semaines. Et encore, c’est en partant du postulat que je serai en capacité de revenir. Un violent frisson me parcourt, manquant de me faire lâcher ma tasse. Kéoz réagit rapidement, sécurisant la tasse dans mes mains. Il fait attention à ne pas me toucher par mégarde, sachant pertinemment comme je déteste la proximité de façon générale, plus encore après une telle aventure. Je bois à nouveau, lentement, mais sûrement. Une fois la dernière goutte avalée, je me relève péniblement, pantelante. Kéoz s’approche légèrement, prêt à me rattraper, tandis que je m’appuie sur l’accoudoir du divan pour me mettre sur pieds. Je mets quelques secondes avant de me stabiliser puis je réajuste la couverture sur mes épaules. Je suis trop épuisée pour faire quoi que ce soit d’autre ce soir. Je n’ai qu’une envie, c’est aller dormir. Kéoz me suit, tandis que je m’approche de la porte communiquante entre mes appartements et mon bureau. L’avantage, c’est que si je ne veux voir personne pendant plusieurs jours, je peux, tout en continuant à travailler à mon aise. Au dernier moment, mon domestique me devance pour m’ouvrir la porte en bois d’un seul tenant. Je pénètre dans le hall de mes appartements, d’où je peux aisément rejoindre ma chambre, ma salle de bain et ma penderie. Un grand hexagone décoré de plantes et de vitraux, point central de mon espace. Je me dirige lentement vers ma chambre, tandis que le serviteur fait résonner une clochette pour appeler mes suivantes qui m’aideront à me préparer pour la nuit. Je parcours l’immense chambre pour me laisser tomber lourdement sur l’edredon moelleux. Je reste cependant aussi droite que possible, emmitouflée dans ma couverture. J’entend l’eliraan donner ses ordres à mes suivantes, qui s’affairent. Tandis que l’une s’occupe d’aller me faire couler un bain chaud, l’autre file dans ma penderie récupérer une chemise de nuit confortable.

Bientôt, une jeune eliraan rentrée il y a peu à mon service se présente à moi, s’inclinant pour me saluer.

“Majesté, le bain est prêt.”

Kéoz s’approche pour m’aider à me relever, et c’est le dernier acte qu’il fera pour moi. Le reste se passera dans l’intimité féminine où il n’a pas sa place. Je prends appui sur lui et le laisse me guider jusqu’à la salle de bain où un vaste bassin m’attend, fumant et parfumé par les fleurs. Une autre eliraan est là, bien plus âgée que la première. Les deux sont des eliraans Wyrran de la branche principale, la seule qui a l’honneur de me servir directement. Kéoz en fait également parti. Le système royal Vënryen est très élitiste et la naissance offre des opportunités dans la vie. Il est toujours possible d’accéder à une place prestigieuse en étant mal né, mais il faudra redoubler d’efforts. Et, de façon général, un mâle aura toujours plus de difficulté qu’une femme. Société élitiste matriarcale, qui a prouvé son efficacité grâce à des milliers d’années d’Histoire.
La jeune eliraan aux cheveux bleutés récupère ma couverture, tandis que la seconde aux cheveux plus grisés m’aide à me dévêtir. Quand ma robe tombe, mon illusion aussi. Mes deux suivantes ont déjà pu voir l’étendu des dégâts sur ma chair, et aucune des deux n’a de réaction face aux cicatrices. J’aurai pu les faire enlever. Je suis souveraine, rien ne m’est impossible. Mais je refuse de supprimer ce dernier souvenir d’Eledena, de ce soir où j’ai été incapable de la protéger.

J’entre dans l’eau par la pente douce du bassin. L’eau est brûlante sur mes orteils gelés mais je continue d’avancer lentement, à mon rythme, rassemblant mon énergie . J’aurai pu entrer dans le bassin par les escaliers, mais je n’ai pas la force de lever aussi haut mes jambes. Je m’installe sur le renflement contre la paroi qui sert à ma toilette, immergeant le haut de mon corps dans l’eau chaude.  Mes longs cheveux blancs flottent à mes côtés, et bientôt les servantes les attrapent pour les laver et les démêler. La tâche est fastidieuse, mais je profite de ce moment de répit, immergée dans le bassin chaud et non dans l’océan glacé de la mort.

Je crois que je m’endors plusieurs minutes, car Mélody, l’eliraan aux cheveux aux cheveux gris m’appelle d’une voix douce. Légèrement revigorée, je prends note de mes cheveux tressés et noués sur mon crâne pour qu’ils ne touchent plus l’eau lors de mes déplacements. Cette fois, je prends l’escalier et je sors d’un pas un peu plus confiant du bassin.
Santia, l’eliraan aux cheveux bleus, m’enfile une chemise de nuit couleur lila et un peignoir fleuri. Tout se passe dans le plus grand des silences. Je ne communique que très rarement avec mes domestiques. Non pas que je les prenne de haut, mais je préfère garder cette distance avec eux. Je me dirige vers ma chambre, vers la coiffeuse, où les deux eliraans pourront me sécher les cheveux à leur aise. Je suis encore une fois légèrement agacée par la taille de cette chambre. Je suis reine, je suis obligée d’avoir les appartements les plus vastes. Mais parfois, c’est vraiment pénible quand il me faut plus de deux minutes pour traverser un espace où je ne fais que dormir. Disons que la démesure du palais me permet de garder une bonne forme physique. Je m’assois, manquant de flancher à la fin de mon mouvement, mes jambes me lâchant brusquement par le manque d’énergie. Encore une fois, les deux suivantes ne disent rien, ne réagissent pas. Comme s’il ne s’était rien passé. Mélody défait ma tresse, patiemment, tandis que Santia va défaire mon lit pour me permettre de m’y installer plus facilement tout à l’heure. Je me laisse faire, profitant pour observer dans le miroir la domestique qui s’occupe de moi.

La famille Wyrran est une très vaste famille. Elle a dirigé le royaume pendant des centaines d’années sans se faire renverser malgré de nombreux complots. Parmis les Familles, les Wyrran ont une place à part. Ce qui est amusant, c’est que les Aînées de cette famille se sont amusées à sélectionner les couples afin de faire rejaillir certains traits caractéristiques. Les Wyrran de la branche principale ont ces cheveux qui vont d’un bleu canard foncé à un gris bleuté acier. De fait, la plupart des domestiques du palais ont cette couleur de cheveux, car nous recrutons essentiellement dans l’ancienne famille la plus noble de toutes. Maintenant que je suis sur le trône, les Drasgsyl ont le pouvoir et je sais que peu à peu ce sont les membres de ma famille qui prendront les places vacantes. C’était d’ailleurs sûrement l’objectif du mariage arrangé à ma naissance avec les Wyrran ; gagner en influence. Personne n’aurait pu prévoir cette guerre et que cela mènerai à ma prise de pouvoir. C’est une bénédiction pour ma Famille, que je connais cependant à peine. J’ai grandis dans le palais, comme une poupée, auprès d’Eledena l’héritière légitime.

Brièvement je repense à la femme que j’ai cherché, tout à l’heure. Aiko Deb, fille du duché de Boiselune, un allié des Wyrran depuis des générations. Fille de duc, elle aurait dû grandir comme moi, dans le carcan des traditions. Puis-je l’envier d’avoir eu la liberté de perdre son père et de vivre par elle-même durant de nombreuses années ? Qui serais-je devenue si nos places avaient été inversées ? Quel chemin aurais-je tracé dans cette destinée non écrite ? Me serais-je épanouie différemment ? Je me laisse porter par mes scénarios impossibles. Si on oublie ma famille, que serais-je devenue ? Je n’ai pas l’âme aventurière, je me serai probablement installée en ville. Dans quoi suis-je douée, quel type de boutique aurais-je pu ouvrir ? Je n’ai appris que la gestion. Je n’ai jamais touché à quelconque aytre domaine. Probablement aurais-je été intendante dans une grande maison. Serais-je restée à Shaar-Lün ? Quel royaume aurait pu m’attirer ? Peut-être Weldenia. Pays de marchands et de connaissances, mes talents auraient pu servir là-bas. Cela doit cependant être frustrant de ne pas avoir d’ailes pour profiter pleinement des cités. Un jour, j’aimerai visiter le pays. Pas en tant que reine, mais en tant que simple eliraan. Mais puis-je vraiment déserter le palais ? La guerre était il y a trois ans. Ma présence ici est-elle obligatoire en permanence ?

Mélody m’interpelle d’un “majesté”, me tirant de mes pensées.  Mes cheveux sont secs et tressés pour la nuit, afin d’éviter les nœuds et les frictions durant la nuit. Je me relève, légèrement engourdie. Santia a disparu, elle a tiré les rideaux des fenêtres pour la nuit et préparé la chambre de façon générale. Mélody m’accompagne jusqu’à mon lit. Une fois que je suis installée, Elle éteint progressivement les différentes bougies avant de prendre la dernière avec elle pour se guider dans mes appartements jusqu’à la sortie.  Elle me souhaite une bonne nuit d’une voix douce et s'éclipse en refermant les doubles portes de la chambre derrière elle.
Une fois dans l’obscurité, le sommeil m’emporte à une vitesse effrayante. Finalement, le monde des songes peut être bien plus exigeant que celui de la mort.

Spoiler:

©️junne.



Willelhmina Dragsyl
Eliraan • Royauté
Willelhmina Dragsyl
Willelhmina Dragsyl
Race : Eliraan - Royauté
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 79
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : OS Will Original
Race : Eliraan - Royauté
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Lun 13 Mai - 15:14

Après la nuit la plus noire...
... Viens l'aube la plus belle

Les deux hommes disparaissent dans la nuit. Je fixe un long moment l’obscurité, comme si cela pouvait me les ramener. Hélas, non, la nuit reprend son cours paisible, et je suis seule sous les étoiles. Je porte les doigts à mes lèvres, avide de ressentir sa présence à nouveau. Je devrais attendre. Des semaines. Peut-être des mois. Dans combien de temps Clive reviendra ? Cette incertitude va me ronger, je le sais déjà.

Je finis par pivoter, regagner les souterrains. Je désactive mon éther et la porte se referme en silence derrière moi. Je connais chaque escalier, chaque couloir. L’immense labyrinthe rivalise en taille avec le palais au dessus. Vestiges d’un autre temps où les eliraans étaient guerriers et beaucoup plus extrémistes, je ressens des auras mortuaires autour de moi. Beaucoup d'ingnominies ont été faites ici au nom du bien-fondé de la morale de ma race. Les choses avancent, mais le risque est un retour en arrière. La guerre toute récente à secouer les façons de penser, et les dragons n’arrangent rien. Depuis que les royaumes sont multiraciaux, la xénophobie a bien du mal à perdre en popularité. Nous sommes une race ancienne, traditionaliste, profondément refermée sur elle-même. Je dirige un navire de bois majestueux mais vétuste. Un navire qui risque de partir par le fond si je me trompe.

Je traverse des couloirs porteurs de souvenirs anciens. Je retiens mon souffle, vide mon esprit pour ne pas revoir le corps de ma fiancée au sol. Pour ne pas ressentir la mort que j’ai causé ici. Je passe le lieux aussi rapidement que possible, et quelques minutes après j’ai regagné ma chambre. Le passage s’ouvre en silence sur Kéoz, visiblement paniqué. Je le sens me sonder autant psychiquement que visuellement, et il est rassuré lorsqu’il me voit entière. Et parfaitement au courant de la situation. Il s’incline. L’avantage c’est de ne pas avoir à échanger avec quelqu’un qui lit dans les esprits. Il me résume la situation. L’alarme, la découverte de l’évasion, la peur panique qui a secoué le château quand j’ai été introuvable. Il n’est pas dans mon habitude de disparaître, je suis foncièrement prévisible ; bureau ou chambre. Il m’arrive d’errer ailleurs, mais durant la nuit je ne quitte guère mes habitudes.

J’acquiesce à la fin de son rapport. Il quitte rapidement ma chambre pour annoncer que je suis là. Je me change rapidement de robe pour effacer toute trace de mon escapade et je passe un tricot délicat ainsi qu’un voile. Ainsi apprêtée, je quitte ma chambre pour rejoindre la salle du trône.
Les Aînées ne tarderont pas à savoir ce qu’il s’est passé cette nuit. Je dois ménager une fenêtre pour Aoru et Clive, pour leur fuite.
Des soldats, plus nombreux qu’à l’accoutumé, se mettent à me coller aux basques. C’est quand j’arrive dans ladite salle que mon responsable de la sécurité se fond en excuses et en explications, en suppositions. Il suppose une aide extérieure. Je m’assieds sur mon fauteuil de velours aux dimensions phénoménales. A travers le tissu fin qui empêche le gradé de voir mon visage, je souffle ;

”Avec tous les traîtres, l’humain n’aurait-il pas pu soudoyer un serviteur pour déverrouiller la porte ?
- Les gardes en postes ont été retrouvés assommés un peu plus loin, aucun des serviteurs n’aurait pu..
- Un humain avec des inhibiteurs de magie n’aurait pas dû pouvoir s’échapper de la Chambre du Chêne. Vous pensez encore que l’impossible n’est pas atteignable ?”

L’eliraan est déstabilisé. Il est habitué à ma sévérité, mais je remets en cause ouvertement son jugement. Je tapote mon accoudoir avec l’index. Ma voix est glaciale.

”Fouillez moi mieux ce château. Si vous n’avez pas été capable de me trouver alors que j’étais là, le prisonnier est sûrement encore là aussi.”

Le capitaine s’incline et fait demi-tour. Les ordres ont été donnés. Je ne pourrais pas rattraper les patrouilles déjà envoyées hors du château, mais j’empêche qu’on en envoie des supplémentaires. Je ne sais pas où Aoru emmène Clive. J’espère simplement qu’aucun des deux ne se fera attrapé. J’ai un petit éclat de rire dans le silence de la salle du trône. Si nous avons fait tout cela pour rien.. ! Qu’est-ce que je serai déçue que Clive revienne déjà ! Il voulait être libre. Qu’il se fasse attraper et jeter dans un cachot.. Ce serait le comble.

Je n’ai pas à attendre longtemps avant qu’un nouveau gradé débarque devant mon trône. Nouveau rapport sur les agissements dans la prison. Il faut moins d’une heure ensuite pour qu’un soldat vienne m’annoncer que le château et ses abords ont été entièrement fouillé méticuleusement. Pas de trace du fugitif.  J’ai fais gagner une heure à mes deux comparses. J’accorde finalement la fouille de la ville et surtout des grandes routes qui quittent la capitale. Normalement, Aoru gardera Wyrm en sécurité. J’accepte la mise en place de fouilles systématiques sur des points de barrages stratégiques. Ils ne trouveront rien. Et cela fera un bon rappel à la population pour tous les autres trafics qui circulent dans mes rues. Je refuse cependant la fouille des bâtiments privés marquant qu’aucun Eliraan n’hébergerai un humain. L’argument semble faire mouche et on ne tente pas de me contredire.

C’est sur la fin de la nuit que je termine de gérer l’incident. Epuisée, je regagne ma chambre. Aoru et Clive doivent sûrement déjà dormir quelque part. Avec un canapé et une couverture. J’ai un sourire à cette pensée.
Je vais me coucher rapidement pour grappiller quelques heures de sommeil. Cependant, les aventures de la nuit me tiennent éveillée, le cerveau en ébullition.
Je me lève en milieu de matinée, le visage épuisé. Mes servantes s’occupent de moi sans faire de commentaire sur ma mine défaite. Je suis bien heureuse de remettre un voile léger pour cacher ces défauts aux yeux extérieurs. Personne n’a besoin de savoir.

La réunion de midi se porte évidemment sur l’évasion de Clive. C’est un simulacre de procès, où certaines arguent qu’un innocent n’aurait pas dû fuir. Seule ma marraine, l’aînée Dragsyl, reste silencieuse. Je fixe un peu plus que de raison l’Aînée Aelrie, fouillant son visage à la recherche de traces de sa trahison. Mais non, la harpie sait parfaitement se contrôler.  Cependant, Aoru ne m’aurait pas donné un nom au hasard, j’ai confiance. Et je sais que je devrais me venger tôt ou tard, il suffit juste de savoir quand et comment. Si les vieilles eliraans sont rusées et puissantes, je suis encore plus redoutable. Elles ont de nombreuses griffes, mais je suis celle sur le trône. Je n’ai pas à m’inquiéter de la loi, uniquement de l’opinion publique. Le seul élément qui pourrait me renverser. Je viens d’une Famille militaire, j’ai donc la loyauté de l’armée. Le peuple, c’est une autre affaire.

Au déjeuner, ma marraine se joint à moi. Nous échangeons des banalités, ne prenant pas de risques sur les oreilles indiscrètes. L’Aînée n’est pas forcément adepte de la politique que je mène, mais je suis la plus adéquate pour mon poste. Tant qu’elle n’aura pas quelqu’un pour me remplacer, elle me sera loyale.
Ce qui mène à cette question que je ne me serai jamais posée avant. Avant, j’aurai simplement évincé n’importe quelle concurrente sérieuse au trône. Maintenant… Devrais-je revoir ce projet ? Je médite sur le sujet en observant la vieille eliraan qui dirigeait ma Famille avant même que je ne vienne au monde. C’est elle qui a manipulé la scène politique pour que je me fiance à Eledna. J’ai été sa poupée, de ma conception à aujourd’hui. Est-ce elle qui a vendu les plans des souterrains aux rebelles ? Je n’ai jamais réussi à avoir la lumière sur cette affaire. J’ai déporté chaque rebelle que je trouvais, ils ont tous terminé à Hadradë. Vidés de leur sang en quelques heures, je m’en suis assurée. Mais je n’ai jamais trouvé la taupe dans mes murs qui a mené à l’assassinat de l’ancienne famille royale Wyrran.
Serait-elle prête à m’assassiner si une potentielle reine montrait son nez ?
Devrais-je lui céder ma place pour découvrir le vaste monde ?

J’ai regretté de ne pas partir avec Aoru et Clive. J’aurai aimé disparaître dans la nuit avec eux. Parcourir Vënrya puis Weldenia, Renyar et Roncëlyon. Découvrir les Terres Sauvages. J’aurais été un boulet, mais j’aurai appris. Je suis encore jeune, j’ai encore une grande partie de ma vie devant moi. Devrais-je me battre pour ce trône dont je n’ai jamais voulu, ou devrais-je profiter un jour de pouvoir en partir ? Serais-je capable de laisser ce peuple que j’ai appris à aimer malgré ses défauts et son histoire sinistre ? J’ai beaucoup de projets. Beaucoup de rêves. Je veux une paix millénaire. Je veux l’équité. Je veux développer le commerce international. Je veux retrouver notre Âge d’Or. Je veux que nous soyons à la pointe de la recherche éthérique élémentaire. Laissons la technomagie aux autres peuples. Concentrons-nous sur ce qui a fait d’Exodus ce qu’elle est ; les éléments. Les Ancestraux viennent des entrailles de la terre. C’est grâce à cela que nous les battrons un jour ; en se servant de leurs propres forces. Je veux mener cette bataille et tant d’autres ensuite. Mais il y a beaucoup de chemin à parcourir avant tout cela. Si j’abandonne en cours de route, quelqu’un reprendra-t-il mon flambeau ? Ais-je à craindre une machine arrière totale comme nous avons subi ? Ais-je seulement le droit d’être égoïste ou dois-je sacrifier ma vie pour cette couronne ?

L’après-midi je m’enferme dans mon bureau, incapable de cotoyer âme qui vive. Mon cerveau est en ébullition quant à mes possibilités, à mes projets. On peut appeler cela une crise existentielle.
Heureusement, je suis en avance sur mon travail. Aussi, les heures que je passe à tourner en rond en buvant beaucoup trop de litres de thé pour ma santé, ne sont pas problématiques.
Lorsque le soleil se couche, je l’observe de longues minutes à travers la fenêtre.

Aoru arrivera bientôt. Encore une fois, je le verrai repartir. Il m’abandonnera ici. Je serai dans ma cage, aveugle du monde au delà de mes murailles.

Lorsque Kéoz revient m’apporter du thé et me parler du dîner, j’ai une pensée impulsive. Mon serviteur me regarde, choqué. Je peux lire sur son visage que ce n’est pas une bonne idée. C’est peut-être ça qui me décide. Parce que ce n’est pas une bonne idée.

“Dis à tous que je suis malade et que j’ai besoin de me reposer. Invente ce que tu veux pourvu que personne ne mette les pieds ici.
-Majesté, pour l’enquête…”

J’attrape une plume et un papier. J’y griffonne quelques mots, un ordre autoritaire et sans appel. Je le plie, je le cachete et je le tend au serviteur qui a toute ma confiance depuis des dizaines d’années.

“Donne ça à l’Aînée Dragsyl. Je te fais confiance, Kéoz.”

L’eliraan saisit le message et s’incline. Il commence à partir, mais s’arrête. Il pivote, et hésitant ;

“Je sais que vous n’êtes pas habituée à l’extérieur Majesté. Descendez dans les quartiers nobles. Je sais que l’hôtel de La Licorne est sûr. Prenez soin de vous. Je m'occuperai de tout ici.”

Je lui souris. Un sourire doux. Il outrepasse son rôle de serviteur, s’improvise ami. C’est probablement la personne qui me connait le mieux. Il a accès à toutes mes pensées. A tous mes secrets. Il ne m’a jamais trahi. Je hoche la tête. Je suivrai son conseil. Kéoz est plus âgé que moi et connait bien l’extérieur.
J’ai demandé à ma Marraine de régler une vieille dette. Qu’elle fasse en sorte que Clive soit innocenté. Je fais confiance à son honneur à défaut d’avoir confiance en l’affection qu’elle me porte. Les quartiers nobles ne seront pas fouillés non plus. Que ferait un fugitif là-bas ? A dire vrai, je ne sais pas où ont disparu les deux compères. Je n’ai pas pour objectif de les retrouver. Clive reviendra en temps et en heure. Aoru… Aoru saura me retrouver au besoin.

Je quitte mon bureau pour rejoindre ma chambre. Je pose mes accessoires encombrants tels que mon voile ou ma sur-robe. Je fouille ensuite méthodiquement ma garde-robe pour y trouver une vieille valise. Probablement une ancienne d’Eledna, du temps où elle voyageait quand nous étions petites. Cela suffira. J’attrape quelques robes simples que je pourrais facilement passer et qui n’attireront pas l’œil sur moi. Belles, élégantes, mais pas hors normes. Identiques à ce que je suppose que l’on peut voir dans les rues de la capitale. Coquette, je saisis quelques bijoux simples qui iront avec les tenues. Si je dois changer d’identité et arpenter les quartiers nobles, autant ressembler à l’une d’elles, non ?
Le soleil est à peine couché lorsque je ferme ma valise. Lorsque je change de médaillon à mon cou, mes cheveux se teintent d’un rose pâle auquel je commence à m’habituer.

Je pose sur le guéridon de ma chambre la bourse avec la somme convenue pour Aoru. J’hésite un moment entre écrire un mot ou lui laisser simplement un indice. J’ai envie de le taquiner. J’ai envie de provoquer l’eliraan en sachant que par extension je provoquerai Wyrm.
Je finis par dessiner maladroitement une tête de licorne sur un papier. Je me dirige vers l’un des nombreux vases de ma chambre, pour y cueillir une petite violette. Je l’abandonne sur le dessin. Si Aoru ne comprendra pas forcément les indices, j’ai confiance en Wyrm pour faire le lien avec la violette. Cherche les violettes, lui avais-je dit. Je me mords les lèvres. Ils seront probablement en colère. Mais finalement, moi aussi je veux vivre une aventure. Avec ou sans eux. En suivant les indications de Kéoz je ne prends pas trop de risques. Juste l’excitation de faire le mur et de me retrouver seule, par moi-même, pour une fois.

Je remplis une bourse pour mes dépenses personnelles que je range dans l’une des poches cachées dans les nombreux plis de ma robe. Et puis ça y est, je prends la poudre d’escampette. Vêtue d’une robe longue, d’un manteau élégant et de ma valise. Je prends le passage souterrain de ma chambre pour la seconde fois de la journée.

Je me dirige aisément dans le labyrinthe. Depuis les années, j’ai mes marques, et si je n’ai jamais utilisé le chemin que je m’apprête à prendre je l’ai étudié. Particulièrement long, il mène aux abords des quartiers chics dans un coin relativement discret. J’ai différentes sorties du château ainsi, qui, à l’époque, ne devait sûrement pas mener à de tels endroits. Mais la ville s’étant étendue, les échappatoires qui menaient à la forêt sont devenus des labyrinthes qui mènent à la ville. Par chance pour moi, j’arrive dans une impasse discrète entre deux bâtisses accolées à l’enceinte du palais. Les rues sont éclairées par des lampadaires et j’ai tôt fais d’arriver sur une branche principale. Désorientée un instant par les nombreux passants qui profitaient d’une vie nocturne tranquille, il me faut plusieurs instants pour repérer une calèche.
Le cocher accepte rapidement de m’emmener à destination sans poser de questions.

L’hôtel de la Licorne est un bâtiment associé à la royauté. Haut de gamme, des portiers attendent à l’extérieur. Je paie le cocher et je m’approche. Je suis immédiatement accueillie et regardée de haut en bas. Cela me parait étrange un instant, mais je me rappelle que je ne suis personne. Je suis Mina et non plus Will. Je ne suis plus souveraine.
On m’ouvre les portes de l’hôtel. Au guichet, je m’enregistre sous le nom de Mina. La femme à l’accueil ne pose pas de question, je ressemble certainement à une fille qui fuit sa Famille. Une fugue capricieuse qui prendra fin au lever du jour. Je ne démens pas, mais je n’abonde pas dans le sens non plus. Je paie d’avance trois nuits dans cet hôtel, et on me guide à ma chambre.

Le décor est splendide. Fontaine dans le hall d’accueil. Plafonds démesurées. Lustres cristallins. Le luxe est même plus prononcé que dans mon palais. Ma chambre, au troisième étage, est cependant bien plus petite que mes appartements. Cela donne un dépaysement gratifiant. Malgré ma fatigue, je défais ma valise. Je laisse le plus gros de mes possessions, prenant avec moi seulement quelques pièces. Et, sans attendre plus, je quitte ma chambre à la Licorne pour partir à la découverte de la ville.



©️junne.



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