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OS Aiko


Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
Aiko Deb
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
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Exodial : Nom / Race
Mar 17 Aoû - 14:51

Enfance et rencontre avec Tescanda
Rencontres des Âmes soeurs
Quand je vais chercher le plus loin possible dans mes souvenirs, je revois un immense manoir. Lumineux, chaleureux, il n’y avait pas d’endroit aussi beau que celui-là. C’était le manoir de mon père, Haruo Deb. Un homme aux cheveux déjà grisonnants alors même que j’étais toute petite, mais aux épaules larges et aux bras puissants qui me soulevaient haut dans le ciel. Haruo Deb, un homme venant d’une vieille lignée de la noblesse, qui avait travaillé depuis tout jeune à maintenir le prestige de sa famille. Connu de tous, proche du pouvoir, il était l’une des meilleurs hommes qu’Exodus eu un jour porté. Mon père était le centre de mon univers, et la clé de mon bonheur.
Mais comme chaque homme, il avait ses faiblesses. Ce que je ne voyais pas, petite, était les nombreux ennemis et rivaux qu’il s’était fait en se maintenant dans la haute société. Tout ses efforts, c’était pour nous garantir un héritage à Keigo, mon frère aîné, et moi. Nous permettre de débuter dans la vie sans nous soucier de difficultés particulières. Car voyez-vous, les humains ne vivent pas vieux. Mais ils vivent forts. Une lignée peut rayonner et s’éteindre en très peu de temps. Et Haruo Deb ne voulait pas de cela pour ses enfants. Il voulait que sa famille continue de briller encore bien longtemps après sa mort.

Je ne peux pas bien vous parler de cette époque. J’étais si jeune que tout est flou. Je revois simplement de la lumière et de la joie, des rires à chaque coin de couloir, des sourires perpétuels. Nous étions une famille heureuse, entourés de domestiques heureux, dans une vaste demeure magnifique. Tout était parfaitement parfait.

Je me souviens cependant plus nettement de cette nuit où Elisa, ma nourrice, m’a réveillée en catastrophe. Le manoir était en feu. Les hommes tentaient d’éteindre le brasier et les femmes de sauver ce qui pouvait l’être. J’ai été évacuée en chemise de nuit, encore pieds nus, dans les bras de l’humaine qui avait grandement contribuée à mon éducation. Ma mère était morte en couche, et Elisa avait figure de mère pour moi. Elle m’a emmené dans le parc du manoir rejoindre les plus vieux domestiques qui ne pouvaient pas lutter contre les flammes. Je revois la maison de mon enfance dans ce bûcher. Le feu semblait monter jusqu’aux étoiles. Je me souviens ne pas avoir pleuré, fascinée par cet évènement si improbable dans ma vie parfaite.
Après ça, il y a un trou noir dans ma mémoire. La petite fille que j’étais a certainement préféré oublié ce passage qui fut probablement trop horrible pour une enfant de cinq ans. Je me revois simplement seule dans la forêt, sale, égratignée d’avoir dû me cacher dans un roncier. Terrifiée par l’idée de faire du bruit. J’ai passée deux nuis terrée dans ce roncier, dissimulée à quiconque me chercherait. Après la première nuit, personne n’est revenue me chercher. J’ai tenté de retrouver le chemin de ma maison, sans succès. J’étais égarée. J’ai pleurée, perdue dans cette si grande forêt. J’ai erré. Et puis on m’a retrouvée. Du moins, Il m’a trouvé . Une bête immense, endormie dans la zone la plus obscure de cet océan de verdure. Un monstre de ténèbres qui a ouvert un œil à mon approche, aussi seul et abandonné que moi. Nos cœurs émiettés se sont tournés autour avec méfiance. Le dragon d’ombre faisait fuir tout les prédateurs de la forêt. Exodial puissant, il était mon bouclier tout en étant mon plus gros danger. Et lui attendait simplement la mort dans cette forêt. Quand le lien s’est formé entre nous, ce fut un lien fragile et timide au début. Quand nous l’avons accepté, il fut une évidence que nous étions destinés à nous rencontrer. Tescanda était ma moitié.

Notre histoire a commencé ainsi. Un apprentissage pour nous deux. Lui, le dragon dont le lié venait de mourir, et moi, l’enfant sans famille. Il ne savait pas s’occuper d’une gamine. Je ne savais pas m’occuper d’un dragon. Quand il s’est décidé à nous sortir de ce qui était devenu notre cocon de verdure, il nous a emmenés dans les campagnes, d’abord. J’étais enfant. J’étais incapable de retrouver la route de mon foyer. Si les Deb avaient en effet une maison à la capitale, notre résidence principale était bien plus loin. Mais je ne savais pas où.

Tescanda a terrorisé les fermiers, dans un premier temps. Ils fuyaient en le volant survoler les champs, et moi, cachée sur son dos immense, je ne pouvais pas courir à leur poursuite. Le dragon a fini par rôder auprès d’une grande ferme jusqu’à ce que les habitants, suffisamment habitué à sa présence, me remarque enfin. Quand ils ont comprit qu’il s’agissait d’un Exodial lié, la situation s’est immédiatement apaisée. Nous avons vécu quelques semaines avec cette famille. Le couple avait six enfants, cinq solides garçons et une minuscule fille. La petite était plus jeune que moi, et les fils avaient déjà l’âge de mon frère Keigo. J’ai apprit des années plus tard que notre maison avait été incendié lorsque mon frère s’était absenté, la maison devenant une cible bien plus facile pour les malfrats. Mais cette découverte arrive bien des années plus tard.

Nous avons donc vécu quelques années avec cette famille. Je suis incapable de me remémorer leurs noms. Même leurs visages me paraissent flous. Je me souviens que leurs cheveux couleur paille m’avait marqué. Ils avaient tous cette chevelure d’une couleur si particulière. Le père de famille s’était renseigné au marché pour moi ; la famille Deb avait été décimée. L’incendie avait servit à dissimuler cet acte malveillant. Mon père était déjà mort assassiné lorsque les flammes avaient rongés les poutres du manoir, mon frère était porté disparu, et le « cadavre de la petite Aiko » avait été retrouvé sur la place principale de la capitale comme une ultime menace envers la royauté humaine. Sauf que ce cadavre n’était pas le mien, et je n’ai jamais su quelle petite fille avait été sacrifiée à ma place. J’étais le trésor d’un homme extrêmement influent. M’atteindre signifier être capable d’atteindre la famille royale, sans pour autant leur déclarer ouvertement la guerre.

Après ça, Tescanda a jugé plus sûr que nous nous retirions loin de la civilisation pour me protéger jusqu’à mon adolescence. Il avait apprit suffisamment auprès de la famille pour prendre soin d’une enfant et l’éduquer convenablement. Et puis, j’avais toujours été une enfant sage et obéissante. Peu contraignante. Loin d’être capricieuse. Mais très demandeuse d’affection. J’avais été couvée durant mes premières années de vie, et je venais de perdre tout ce que je possédais. J’étais incapable d’être seule, apeurée à l’idée d’être abandonnée et oubliée. Tescanda répondait à ce besoin avec appétence, naturellement possessif et jaloux.

Mon adolescence fut comme prévu très mouvementé. Nous avions élu domicile dans les ruines d’un temple en montagne, difficile d’accès si on ne peut pas voler. Mon lié me laissait plus de liberté tout en gardant un œil sur moi. Nous descendions régulièrement dans les villages proches pour échanger ce que nous produisions contre des denrées plus difficiles d’accès. La Fille et le Dragon ramenaient d’excellentes peaux, et nous pouvions les échanger contre des vêtements ou des outils. J’étais devenue une pro du potager. Nous vivions en autarcie et quasi autosuffisance. Mais voir les autres jeunes de mon âge se côtoyer, et ne pas pouvoir tisser des liens avec ceux de mon âge me rongeait.
Avoir deux esprits qui sont liés apporte des bénéfices et des inconvénients. Ma soif de liberté entrait violemment en conflit avec le besoin de me protéger de Tescanda. Ce qui menait inévitablement à des disputes constantes et une irascibilité perpétuel des deux côtés. C’est à cette époque que nous avons apprit à nous isoler mentalement l’un de l’autre pour garder notre santé mentale.

Evidemment, vous vous doutez de ce qui se passe quand on parvient enfin à fausser compagnie à sa figure parentale. Tescanda était incapable de m’espionner mentalement quand je m’isolais de lui. A 13 ans j’ai commencé à faire le mur. Je ne sais pas s’il est possible d’utiliser cette expression quand il s’agit de descendre une montagne en catimini sans se faire choper par un dragon très en colère et parfaitement terrifié, mais je n’ai pas trouvé de termes plus adéquats. Avec l’agilité d’une chèvre des montagnes j’arrivais à semer le prédateur alpha sur les côtes escarpées des falaises. Et j’arrivais à rejoindre le village le plus proche. Quand mon geôlier eu comprit où je filais en douce, j’ai dû devenir plus astucieuse. Ne plus me rendre dans ce village, mais partir de l’autre côté de la montagne pour aller dans un village où nous ne nous rendions jamais, car difficile à rejoindre par la route.

A mes 15 ans, Tescanda a abdiqué, épuisé par mes escapades régulières. Il m’avait éduqué à son image, et je connaissais toutes les techniques fourbes pour lui fausser compagnie. Et si j’arrivais à fausser compagnie à un dragon déjà pluri-centenaire, je devais pouvoir fausser compagnie à n’importe qui. Il était temps que je rejoigne la société humaine.
Nous avons donc d’abord rejoint une petite ville. Tescanda se terrait dans la forêt toute proche et me laissait libre, à condition que je ne m’isole jamais de lui. Notre pacte fût un vent de nouveauté pour moi. J’usai d’un nouveau nom, Hoshiko, le nom de ma mère défunte, pour ne pas être reconnu comme l’héritière assassinée. Curieuse de tout, assoiffée de connaissances, j’étais à tour de rôle versée dans l’art du combat et les arts de la peinture et de la musique. Polyvalente, bonne en tout et excellente en rien, je me mis à vendre des toiles que je peignais sur le marché le matin, et le soir j’allais combattre dans les tournois illégaux dans les tavernes. Ce fut une période difficile à vivre pour mon lié qui devait museler son instinct. Certaines personnes qui m’avaient fait mordre la poussière particulièrement violemment ne furent jamais retrouvées et je suppose sans preuve que Tescanda les a un jour dévoré.
Cette routine a duré trois ans. Durant trois ans, nous avons voyagé avec Tescanda à travers les différents royaumes pour que j’apprenne. Hoshiko la Panthère laissa derrière elle une réputation d’excellente guerrière, et Aiko resta morte, assassinée à cinq ans. Jusqu’à ce qu’a mes 18 ans quelqu’un fasse le lien entre Hoshiko et Aiko et que ceux qui avaient tué mon père décide de finir le travail pour dissimuler leur mensonge.
©️junne.



Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
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Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
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Exodial : Nom / Race
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Mar 17 Aoû - 16:07

Guerre et Mort d'Aiko
Tout donner puis tout perdre.


« Tu sais que je ne changerai pas d’avis !
-Je ne veux pas que tu te surexpose ! »

Son regard doré est embrumé par la colère. Mais je ne cède pas d’un pouce. Mes lèvres sont pincées, je me décompose de l’intérieur. Lors de nos rares disputes, il a toujours eu le dessus. J’ai toujours détesté le savoir en colère contre moi. Et je comprends pourquoi il réagit ainsi. S les rôles étaient inversés, j’agirai de même. Mais je suis une guerrière, et plus encore une dragonnière. Il ne peut pas m’exiler sur les sur ailes, comme il avait pu le faire avec nos enfants. Nous nous affrontons encore du regard avant que je capitule, baisse la tête et me blottisse dans ses bras. Je ressens la tension le son corps le quitter. Il tremble encore un peu, mais pas de colère. Mais de peur. J’ai envie de lui répéter que moi aussi j’ai peur. Je suis terrifiée. Terrifiée pour lui, pour nos enfants, pour moi, pour notre royaume. J’ai envie de m’excuser de le mettre en colère. Mais je ne peux pas. Si je m’excuse, il en profitera pour m’arracher la promesse de rester en ligne arrière. Il n’aurait pas le culot de me renvoyer au palais, même si je sais que cette idée le taraude terriblement. Je finis par m’endormir dans ses bras, la boule au ventre.

Au matin du jour suivant, je me réveille dans le lit de notre campement. Le front se déplaçant constamment, nous n’avons pas le luxe d’un véritable lit. Nous vivons dans une tente. Noctis est constamment sur les nerfs. Les réunions avec l’Etat major se renouvellent tous les jours pour adapter la stratégie. Je ne peux que l’observer de loin et tenter de l’apaiser. Il m’envoie le moins possible sur les batailles et je vois tout les jours la listes des blessés s’allonger. Je sais qu’avec Tescanda, nous pourrions contre-balancer ça. Mon époux le sait aussi. Et c’est sûrement ça qui le met le plus en colère. Nous n’avons pas beaucoup de dragonniers dans nos rangs. Et Tescanda et moi sommes les plus puissants. Le Roi garde sa Dame à ses côtés, avançant ses Pions et ses Cavaliers, se privant d’un atout décisif.

Je me lève, attrapant ma robe de chambre pour me couvrir. Je serre les pans autour de moi, dégageant mes longs cheveux du tissu pour être plus à mon aise. Mon époux est parti, mais je sens encore son parfum dans l’air. A l’extérieur, l’aube pointe déjà. Il a dû rester avec moi le plus longtemps possible, et probablement ne pas dormir. Il ne dort plus beaucoup en ce moment. Je le sens s’agiter. Il ne trouve le repos que dans mes bras, et quand bien même dans ces rares phases de sommeil, il est agité, tourmenté. Je frissonne et ouvre un pan de la tente pour observer le campement encore silencieux. Une légère brume recouvre les environs et le ciel est gris. Ici, près de Heiron, il y a toujours une légère brume et de la rosée le matin. Dès que le soleil commence à réchauffer l’air, la brume se dissipe et révèle un environnement magnifique. Avant ça, et bien, tout est triste. Je referme la tente pour me préparer, laissant mes pensées vagabonder. Un brun de toilette, une longue natte pour ne pas que mes cheveux me gênent, une armure légère adaptée aux dragonniers… Je termine au moment où mon époux revient dans la tente. Je me retourne pour l’observer et il semble surprit.

« Déjà réveillée ?
-Je n’arrive pas à dormir sans toi. »

Il s’approche de moi. Sa tenue militaire lui va à ravir et me donne toujours de mauvaises pensées. Je l’attire contre moi en passant mes bras autour de son cou. Je l’embrasse, et le temps semble disparaître autour de nous pendant un bref instant. Il me repousse doucement à contrecœur.

« Les armées sont en chemin, c’est aujourd’hui que nous mèneront l’assaut contre Heiron. »


J’acquiesce d’un léger mouvement de tête, perdant mon sourire. Mes bras retombent le long de mes hanches. Il attrape ma main et en caresse le dos avec tendresse. Un pauvre sourire s’affiche sur son visage.

« Nous serons au combat aujourd’hui. Nos enfants aussi.»

Mon cœur rate un battement. En disant cela, il s’excuse presque. Je serre ses doigts dans les miens, me concentrant pour ne pas étouffer. Une boule douloureuse s’est logée dans ma gorge. Partir au combat ne me dérange pas. Mais savoir que ma famille sera face à face avec des ennemis… Nous avons perdu Nyx il y a peu. J’ai toujours du mal à m’en remettre. Son absence est un gouffre dans ma poitrine. Perdre l’un d’eux me ferait mourir de chagrin. Tescanda m’envoie un écho de son amour pour me calmer. J’essaie de garder la face devant Noctis, mais je sais qu’il voit comme je suis terrorisée. Je force un sourire la voix tremblante ;

« Tout ira bien, j’en suis sûre.
-Tout ira bien. »

Répète-t-il d’une voix aussi peu assurée que la mienne. Nous nous mentons.

« A quelle heure ?
-Dans deux heures. Les dernières troupes arrivent. Laïna est déjà là. Flanc Nord. Gabriel arrive, Flanc Sud. »

Je hoche la tête avant de regarder le sol et de finalement fermer les yeux. Noctis me relève le menton avec douceur et pose son front contre le mien. Je murmure :

« Je suis incapable d’aller les voir. J’ai peur.
-Je sais. »

Je n’ai pas besoin de lui préciser ma pensée. Il sait instinctivement que j’ai peur de les voir pour la dernière fois. Si j’y vais, je les renverrai au palais. Ils refuseront. Et Je ferai une scène jusqu’à ce qu’ils rentrent. Cela saperait le moral de nos troupes et la confiance qu’ils ont en leurs Sang-Pur. Je me glisse à nouveau dans ses bras, incapable de le lâcher. J’ai conscience que c’estpeut-être nos derniers moments de bonheur.

Ce matin là, nous faisons l’amour pour la dernière fois. Nous nous donnons autant de baisers, autant de tendresse que nous pouvons. Comme si nous allions nous voir pour la dernière fois. Comme si cet amour pouvait empêcher tout malheur de nous arriver. Nous nous réconfortons et nous nous aimons de la façon la plus pure et la plus profonde qui puisse exister.

***

Tescanda s’ébroue. Il est d’un calme olympien, entièrement concentré sur ce qui se passe loin devant nous. Hissée sur son dos, je profite de ses sens surdéveloppés pour penser à autre chose qu’a mes enfants et mon époux. Noctis est avec la cavalerie, au plus près de l’infanterie. Je suis à l’arrière avec Tescanda et deux autres dragonniers. Ils sont nerveux. Personne ne parle, pourtant je sais que la présence de mon lié les apaise également. Tescanda a beau être légèrement plus petits que leurs propres dragons, il est plus vieux et plus puissant. Sa présence est réconfortante. J’échange avec mon liés des émotions, des images. Il me donne son avis sur nos troupes. Il voit avec plus d’acuité, à une plus longue distance. Il a repéré chacun des membres de notre famille, et par égard pour moi, ne se concentre pas trop dessus. Toute la stratégie a été planifiée, Tescanda décollera lorsque la cavalerie s’élancera. Si nous partons avons, nous serons une cible bien trop évidente. Nous aurons déjà beaucoup à faire avec les flottes aériennes sans en plus risque de prendre des tirs depuis le sol. Ils ont beaucoup plus de dragons. Et surtout, les Eliraans possèdent des élémentalistes, ce que nous n’avons pas chez nous. Ma famille est la seule à utiliser la magie. Nous serons donc des cibles évidentes à abattre.

Et puis, finalement, des notes aigüe s’élèvent coté ennemi. Nos trompes de guerre chantent à leur tour, invitant au début de la bataille finale. Si nous prenons Heiron, nous prenons un avantage décisif. Des cris résonnent des deux côtés de la plaine. Avant que je réalise, ma voix et celle de Tescanda se mêlent au brouhaha. Mon lié commence enfin à ressentir l’appétit de la chasse, ses muscles se nouent sous mes cuisses et ses naseaux s’ouvrent pour capter les effluves de peur. Je suis en train d’échanger mon doux géant contre un prédateur alpha. Autour de nous, des portails apparaissent. Le cri de charge est lancé. J’aperçois mon époux s’élancer vers le portail le plus proche pour éviter aux troupes ennemies le temps de sortir. Il est suivi par son propre bataillon. Pour notre sécurité et notre santé mentale, je n’en fais pas partie. J’aperçois mon propre chef s’élancer vers un autre portal en hurlant des ordres. Tescanda écartent ses ailes avant de donner un coup puissant, déstabilisant la cavalerie trop proche qui a tardé à se mettre en route. Chacun des dragonniers s’élance avec son propre bataillon. Nous gagnons en hauteur et je m’accroche à la selle, saisissant mon arbalète. Une épée longue est également accrochée à ma hanche, battant le flanc de Tescanda dans son étui en cuir. Je sais précisément le moment où je perds mon lié. Lorsqu’il plonge vers sa première proie, un griffon brun, je resserre mes cuisses autour de lui. J’ai à peine le temps de viser et d’atteindre le cavalier du griffon avec un carreau que Tescanda attrape la pauvre bête entre ses griffes et l’arrache en deux parties distinctes. Nous sommes immédiatement prit à partie par l’escadron volant. Je ne prends pas le temps de choisir entre cavalier et monture, je tire en voisant les points vitaux les plus exposés. Tescanda attrape, arrache et déchire la chair sans distinction. Dans les airs, nous faisons un véritable carnage sans nous soucier de ce qu’il se passe en bas. Mon lié esquive habilement les tirs magiques, et nos armures nous protège efficacement des flèches qu’il décide d’ignorer volontairement. Dans ma bouche, j’ai le goût du sang que Tescanda savoure à chaque fois qu’il abat une nouvelle proie. Un goût plutôt salé, ou plutôt sucré. Tantôt une essence de menthe, tantôt plutôt cuivré. Mes papilles sont bientôt saturées alors même que mon lié exulte. Je me laisse bercer par sa folie meurtrière pour ne pas trop penser à ma famille en bas.

Un carreau de baliste nous frôlant rappelle Tescanda à la réalité. Il prend conscience de cet engin de mort, le localise avec une vivacité toute draconnière et je n’ai pas le temps de le raisonner qu’il quitte notre formation de coma pour se jeter sur les armes ennemies. L’infanterie qui manie la première baliste a tout juste le temps de fuir avant que mon lié ne s’abatte dessus, l’arrachant au sol et la laissant retombe sur les lignes d’élémentalistes. Je lève un vent puissant pour dévier une pluie de flèches qui vole vers nous. Elle s’abat contre son propre camp, décimant de l’infanterie. Je range mon arbalète, préférant m’accrocher de toute mes forces au dos de mon lié qui a quitté toute raison. La bête sauvage que je chevauche rase les armes balistiques ennemies, alors que nous sommes isolés derrière les lignes ennemies. Je tourne la tête juste à temps pour voir un dragon qui nous percute de plein fouet. Je parviens à ne pas me faire désarçonner alors que Tescanda est jeté au sol. Il se stabilise sur ses quatre pattes et grogne, avant de se jeter en avant sur le dragon ennemi, bien plus gros que lui. Ce dernier souffle un jet de flammes mais mon lié esquive, menaçant encore une fois de me jeter à terre. D’un mouvement vif il passe sur le côté du dragon ennemi et déchire son aile d’un mouvement vif, plantant également profondément ses griffes dans la cuisse de la bête. Puis il redécolle et je manque de me cogner à son encolure, tandis qu’il nous ramène à tire d’aile vers nos alliés. Je jette un coup d’œil en arrière, pour voir le dragon ennemi tenté de prendre son envol avant de s’écrouler, terrassé par le poison de Tescanda. J’esquisse un sourire sauvage.

Quand bien même nos ennemis se sont renseignés, ils n’ont pas pleinement prit conscience du danger que représente mon lié. Petit et agile, il est fait pour le combat rapproché. Il ne souffle ni glace ni feu, à la place il est capable d’empoisonner n’importe quel être vivant pourvu qu’il perce sa peau. Un poison qui peut agir en quelques secondes à peine et pour lequel il n’existe aucun antidote.

Nos plongeons pour aider nos propres lignes et je parviens à retrouver suffisamment pour stabilité pour recommencer à tirer à l’arbalète. A chaque salve de flèches ennemies, je renvoie à l’expéditeur. Mon pouvoir n’est pas réellement offensif. Et dans une guerre, il est difficile à utiliser. Surtout que des élémentalistes pourraient s’en servir contre moi. Exemple simple, en appelant les nuages grâce aux vents, le pouvoir de mon fils est boosté et il peut contrôler plus d’éclairs. Sauf que si des Eliraans possèdent un pouvoir similaire en face, cela nous fera plus de tort qu’autre chose. Je suis bridée. Les nuages épars ne donnent avantage à personne, à part gêner les combats aériens.

Nous plongeons à nouveau, Tescanda se posant brutalement sur le sol en écrasant un Eliraan sous sa masse et envoyant du sang dans toutes les directions, avant de reprendre appui sur la terre et de redécoller. Un pur élan de sadisme, puisqu’a un mètre près, c’était mon époux qui était écrasé. Je sais que Tescanda l’a fait exprès. Il a réussi à se reconcentrer suffisamment pour jouer avec les nerfs de mon époux. Nous montons ensuite très haut dans le ciel, là où l’oxygène est rare, afin d’avoir une meilleure vue sur le champs de bataille. J’use de l’acuité de Tescanda afin d’y voi quelque chose. Les griffons et pégases ne peuvent pas monter jusqu’à notre altitude, seuls les dragons pourraient nous suivre. Mais aucun ne fait mine de vouloir. Tescanda, répondant à une demande tacite de ma part, identifie mes enfants. Ils sont vivants tout les deux et nous avons croisé Noctis quelques instants auparavant. Ma famille se porte bien. Ou du moins, aussi bien que se peut au milieu d’une bataille. La seule qui manque est Nyx. Mon humeur s’entache. Je ne veux plus perdre d’enfant.

De là-haut, plus aucune verdure. Simplement une masse sombre mouvante. Je peux entendre le bruit de la guerre depuis là où je suis, et le calme des cieux est un moment privilégié pour temporiser nos ardeurs. Tescanda souffle bruyamment. J’active et oriente un courant d’air pour que mon lié puisse se reposer en planant. Une idée furtive traverse Tescanda. Fondre sur Heiron et la détruire, purement et simplement, innocents ou non à l’intérieur. Le bouclier est abaissé, ce serait le moment. Il s’oriente tranquillement dans la direction de la forteresse Eliraan. Egarée dans ses pensées, je me laisse tentée par ses arguments. Si on raye Heiron de la carte, nous gagnons. Nous mettons fin au massacre immédiat. Nous sauvons mes enfants et mon époux. Je me laisse hypnotiser par Tescanda et son idée de supprimer de la surface d’Exodus des innocents afin de sauver les miens.

Un grand bruit attire mon regard vers le sol et distrait également Tescanda dans sa persuasion. La bataille en contrebas se fige, et Tescanda commence à décrire des cercles descendant peu à peu pour mieux voir, sa curiosité aussi attisée que la mienne. Le grondement vient bien du sol, et cela n’est pas dû aux forces vampiriques. Mon lié et moi voyons la terre se déchirer dans sa longueur. Les soldats les plus proches perdent l’équilibre. Lorsque la faille commence à engloutir les troupes, des cris de terreur s’élèvent. Les fuyards semblent happés par le centre de la terre. Nous sommes les premiers à voir le monstre remonter des entrailles de la roche. Un dragon. Le plus immense qu’il m’ait été donné de voir. Ma main se pose sur les écailles de l’encolure de Tescanda, puis je me couche contre son corps tandis qu’il plonge vers le sol, vers mon époux. Les soldats s’écartent en voyant la mort fondre sur eux, mais mon dragon se réceptionne parfaitement bien que brutalement, creusant un trou dans le sol. J’ai amorti le choc avec mon pouvoir en créant un coussin d’air. Je bondis du dos de Tescanda pour courir vers mon époux. Il court vers moi, alarmé, alors que je lui hurle ;

« Il faut fuir ! Tout de suite ! »

Du sol, la première et gigantesque patte du dragon est enfin visible. Le regard de Noctis suit le mien et il comprend la portée du danger dont je le préviens. Il hurle le repli, et sa voix est couverte par le rugissement du dragon inconnu. L’ordre est ensuite relayée par les différents capitaines.

Tescanda est captivé par le dragon. Je le regarde, lui-même ayant le regard fixé vers la bête. Mon propre instinct me hurle de fuir, mais le sien l’enjoint à rejoindre le titan qui s’extirpe lentement de la faille. Comme un serviteur appelé par son Maître. Le rugissement était un appel au ralliement. Un appel primitif, ancestral, gravé dans les gènes de Tescanda. Je force mon esprit contre le sien pour le rappeler auprès de moi. Il semble reprendre ses esprits. Je comprends avec horreur que si les dragons liés peuvent résister à cet appel, les dragons sauvage, sans lié pour rompre le charme, peuvent y succomber. C’est comme la Voix chez les vampires. Perdue sur le pont mental qui me relie à Tescanda, je sens son intérêt s’éveiller pour toute autre chose. Je tourne la tête. Juste à temps pour voir Gabriel s’élancer vers le dragon ancestral. Oui, ancestral est un bon mot.

Noctis n’est déjà plus après de moi, s’occupant de la retraite. Je jette un dernier regard vers lui. Ses yeux d’or rencontrent les miens. Il semble comprendre ce que je m’apprête à faire et il regarde brièvement vers le dragon. Il découvre à cet instant la folie de notre fils. C’est une évidence pour moi d’aller protéger notre fils. C’est une évidence pour Noctis de m’empêcher d’y aller. Cependant, grâce à Tescanda, j’arriverai à temps. Noctis, épuisé, ne pourras pas se téléporter suffisamment vite et suffisamment loin. Cela devient tout d’un coup une course de vitesse entre mon époux et moi. Lui pour m’attraper, moi pour rejoindre mon lié avant qu’il ai le temps de le faire. Son parfum m’effleure un instant, supplantant la puanteur de la mort, mais je lui échappe en disparaissant momentanément grâce à mon pouvoir. Ses doigts se referment dans le vide alors que je me jette sur Tescanda, qui m’attrape d’une patte en décollant. J’entends mon mari me hurler de revenir, mais je fais la sourde oreille, me hissant sur le dos de mon lié en m’aidant des attaches de selle. Je n’ai plus le temps d’avoir peur. Une froide évidence s’est insinuée en moi.

Au loin, je vois disparaître des silhouettes dans un brasier créé par le dragon. Gabriel en est beaucoup trop près. Je tance Tescanda d’accélérer, utilisant mon pouvoir pour créer des courants l’aidant à se déplacer plus vite. Je sens l’esprit de mon lié uniquement focalisé sur notre mission. Lorsque nous sommes suffisamment près, Tescanda rugit. Un rugissement à déchirer les tympans. J’appelle les nuages à moi, variant la pression pour qu’il se mette à pleuvoir. Je me prépare à l’impact et, comme prévu, sans ralentir, Tescanda entre en collision avec la bête titanesque, arrêtant le flot de flammes. Le choc est rude, je manque d’être désarçonnée. Je sens les os de mon lié se plaidre de la violence de notre rencontre avec le dragon. Nous nous accrochons à sa gorge, et Tescanda lui lacère les écailles, à la recherche d’une faiblesse où il pourra immiscer ses griffes ou ses crocs. Nous sommes repoussés d’un mouvement brutal et nous perdons de l’altitude. Au même moment, un éclair s’abat sur l’ennemi et il rugit à nouveau. Lorsque j’arrive à portée de voix de mon fils, je hurle à m’en briser la voix :

« Gabriel, replis-toi immédiatement ! »

Nous ne pourrons pas tenir face à un tel monstre. Je dois simplement ménager une fenêtre de fuite à mon fils et son griffon. Et fois cela fait, Tescanda et moi pourrons nous replier à notre tour. La pluie coule sur ma peau, lavant le sang et m’aveuglant au passage. Pourtant, je vois distinctement Gabriel ressaisir sa lance, me défiant pour la première fois de son existence. Le rugissement de Tescanda s’élève en même temps que mon nouveau cri :

« Noon ! »

Trop tard. Gabriel plonge vers le dragon minéral. Si nous en sortons vivant, j’arracherai moi-même la tête de mon fils. Tescanda plonge à la suite du griffon, vrillant au dernier moment pour s’en prendre à la base de la queue du titan. Je repousse mes cheveux en arrière, terrorisé, cherchant des yeux mon fils, cet abruti. Pourquoi ne peut-il pas obéir ? Pourquoi précisément aujourd’hui décide-t-il de me tenir tête ? Le monstre tourne subitement sa tête vers nous et d’un mouvement brusque tente de nous envoler valdinguer. Tescanda esquive d’un battement d’elle et je m’accroche de toute mes forces à mon lié. Je n’ai plus mon mot à dire, je dois simplement réussir à tenir sur le dos de mon dragon. Perdu, confuse, je sens un nouveau goût de sang dans ma bouche à travers les sensations de Tescanda. Un sang chargé de puissance, très salé et âcre, qui reste dans la bouche.

Un coup de queue nous déloge au moment où un second cri perce le brouhaha ambiant. Tescanda s’éloigne un petit peu pour voir de quoi il en retourne. Nous voyons un second dragon, non plus rouge mais bleu, tenter de sortir de la faille à son tour. Tescanda plonge à nouveau sur le rouge et je me plaque contre lui pour ne pas être délogé sous les chocs des assauts. Je suis terrifiée, chahuté entre des forces bien trop immenses pour moi, prise dans la lutte entre deux titans, l’un nettement plus petit que l’autre, mais tout de même immense comparé aux races humanoïdes. J’ai envie de pleurée, ramenée à un stade enfantin et impuissant, accrochée à l’encolure de mon dragon. Je n’ai plus aucun contrôle, Tescanda ayant totalement déraillé pour laisser place à son instinct de dragon pluri-centenaire. Un instinct bestial de prédateur. Je coupe mon esprit du sien pour ne pas m’y noyer à mon tour. La nausée me prend, et je me retiens de vomir par-dessus bord.

L’expérience plus que désagréable prend une pause lorsque Tescanda s’éloigne temporairement pour se jauger avec le dragon de rubis. Il souffle bruyamment, et même si je ne suis plus connectée à son esprit, je sens ses mouvements devenir mécaniques, hachés. Je me redresse et son regard croise le mien. Un léger grondement le parcours. Il a à nouveau conscience de ma présence, sent mon esprit loin du sien, s’excuse probablement de s’être emporté. Mais en cet instant, ce n’est toujours pas redevenu mon Exodial. C’est toujours ce prédateur alpha qui se frotte à un autre prédateur alpha. Je ne suis qu’une difficulté supplémentaire pour Tescanda, mais je sais qu’il refuse de me laisser toute seule au cœur de ce tumulte. Je profite de ce moment de répit pour chercher mon fils du regard, m’assurer qu’il est toujours vivant. Au moment où je le repère, Tescanda plonge vers lui. Il aime Gabriel autant que moi. Il est temps de retirer mon fils indocile de là, de gré ou de force. Je reconnecte mon esprit à Tescanda à temps pour saisir ses pensées ; saisir Gabriel entre ses griffes et s’enfuir à tire d’ailes. Le griffon servira d’appât pour distraire les deux primordiaux, et nous nous sauverons. Nous ne pouvons pas gagner contre ces monstres, c’est peine perdue. Nous allons nous faire tuer.

Un choc inattendu nous percute, Tescanda et moi. Tescanda est déséquilibré et je suis éjectée de son dos. Je heurte le sol et roule sur plusieurs mètres, le souffle coupé. Mon esprit tâtonne immédiatement à la recherche de mon lié et je le ressens loin de moi, sonné. Je me redresse difficilement, toussant, crachant du sang. Chaque inspiration me fait mal. Un mal de crâne lancinant me prend, tandis que je me rends compte que j’ai heurté le sol avec trop de force. J’essuie la boue de mon visage et observe autour de moi. Heureusement que e ne me suis pas brisée la nuque d’un coup. Concentrée pour rester en selle, je n’ai pas vu que l’environnement s’était assombri. La pluie que j’ai créée ce qu’il me semble être des heures auparavant est devenue une véritable tempête sans que je m’en aperçoive. Si j’ai enclenché l’évènement, ce n’est pas moi qui ai fait forcir le temps à ce point là. Des élémentalistes on dû profiter des premiers nuages pour amplifier leur propre pouvoir. J’entends autant que je ressens le couinement de Tescanda. Mon cœur rate un battement. Tescanda ne couine jamais. Il rugit, il gronde, grogne.. Mais ne couine pas. La vague de douleur s’abat juste après sur moi et m’arrache un hurlement de souffrance. Ce n’est qu’un écho de la douleur de mon lié mais elle me terrasse, manquant de me faire perdre connaissance. Je me sens transpercée de toute part. Quand j’ai la force de tourner la tête vers mon dragon, je vois avec horreur son corps inerte entre les crocs de la bête titanesque, du sang coulant dans la gueule du monstre. S’il referme la gueule, il broie mon compagnon.

La terreur me tétanise un instant. Puis, je bondis, usant de ma vitesse vampirique pour me jeter en avant sur le dragon qui tient la vie de mon lié entre ses crocs. Je dégaine mon épée et sans réfléchir une seconde à ce que je fais je prends mon élan pour sauter sur la tête du monstre. J’enfonce mon épée dans son œil avant qu’il ait le temps de m’envoyer balader. Il secoue la tête dans un rugissement, jetant au loin mon Exodial brisé. Je tiens bon, me raccrochant de toutes mes forces à mon épée plantée dans le dragon désormais borgne. Un coup de patte me renvoie à terre à quelque mètres de mon dragon trop affaibli pour se redresser. Je sens sa conscience à la lisière de mon esprit. Tescanda est trop faible pour se relever. Nous ne pourrons plus fuir. Je me précipite en trébuchant vers lui et me laisse tomber contre son flanc ensanglanté, à temps pour créer un bouclier autour de nous tandis que la patte du titan s’abat. Le choc est rude et je puise dans la force de la tempête pour résister. Je me laisse aller contre la chaleur poisseuse de mon lié tandis que je nous protège de la violence du monstre qui s’acharne sur nous. Ses coups se répètent encore et encore alors que je m’affaiblis. Tescanda lutte avec moi, m’envoyant ses dernières forces. Nous avons tout deux conscience que nous allons mourir. Mais nous ne voulons pas lâcher prise. Pas ici, allongés dans le sang et la boue. Nous avons encore trop à vivre. Nous avons trop de proches à aimer. Plus jeunes, nous voulions vivre à deux et mourir de vieillesse, blottit l’un contre l’autre. Puis Noctis est arrivé dans notre vie. Tescanda l’a accepté puisque mon bonheur faisait le sien. Puis notre famille s’est agrandie. Trois merveilleux enfants que nous avons élevés à trois. Et être trois parents, bien que seulement deux biologiques, fût à peine assez pour éduquer trois diablotins. Nous avons bâti notre famille avec bonheur, dans les cries et dans la joie. Alextrasza a veillé sur nous de loin, bienvaillante. Nous avons fondé notre propre Eden. Et aujourd’hui, ni Tescanda ni moi ne sommes prêts à l’abandonner. Nous avons perdu Nyx. Je ne sais pas où est Gabriel. Au moins, Noctis et Laïna sont en sécurité. Et la Reine-dragon ? Je ne sais même pas. Notre paradis a volé en éclats. Mais il reste notre Paradis. Si Tescanda et moi nous nous en allons, qu’en restera-t-il ? Les larmes ruissellent sur mes joues tandis que je lutte contre l’obscurité pour nous protéger, mon lié et moi. Mon dragon pousse un ronronnement pitoyable, le corps brisé. Il resserre son aile broyée contre moi dans un geste protecteur pathétique. Si mon bouclier lâche, ce n’est pas cela qui nous sauvera.

Enfin le déluge de coups s’arrête. La silhouette du dragon rouge se détourne de nous, sûrement lassé de ses jouets qui se sont terrés sous un bouclier trop résistant. J’abaisse les mains, relâche la pression du bouclier. Je vomis une première fois, la tête me tournant affreusement. Et mes pleurs redoublent. Parce qu’à ce moment là, l’évidence me frappe, alors que je sens Tescanda sombrer. Je vais mourir. La pluie se mêle à mes larmes. Je n’ai plus la force de lutter. Ce sommeil contre lequel je lutte encore sera éternel. Je vais mourir pleine de regrets. Je ne sens déjà plus mon lié dans mon esprit. Pour la première fois je me sens seule, affreusement seule, abandonnée sur un champs de bataille. J’ai froid. J’ai peur. Je ne veux pas mourir. Je vomis une seconde fois, me tenant aux écailles de mon lié pour ne pas tomber tête dans la boue. Mon corps se met à trembler, mon système nerveux tentant de relancer mon organisme pour me tenir éveillée. Je me mets à appeler mon époux en boucle, terrifiée à l’idée de partir quelque part loin de lui. Mais il n’est pas là et il ne sera plus jamais là. Après Tescanda, c’était mon second pilier, mon second guide mon second repère dans la vie. Et là, dans le noir de mon esprit, il n’y a plus rien. Seulement et irrémédiablement moi. Ma vue se brouille. Mes tremblements se font de plus en plus violents, se transformant en spasmes, mon corps luttant tandis que mon esprit s’en va. Mes mains se crispent sur Tescanda, mais mes doigts se mettent à glisser sur les écailles trempées. Je ne parviens pas à les desserrer. Je cherche à respirer mais la panique m’en empêche. J’hyperventile, perdue dans une crise de terreur. Et enfin, enfin, je me sens glisser vers le sommeil. Un sommeil apaisant qui balaie mon épouvante et mon tourment.

Quand enfin Tescanda se réveille, ranimé par les troupes alliées, il est seul. Aiko n’est plus là. Ni dans son esprit, ni contre lui. Il hurle alors sa détresse à la face du ciel, à s’en briser les cordes vocales.

©️junne.



Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
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Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
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Mar 17 Aoû - 19:05

1 an après la guerre. Première sortie du coma.
Ressusciter les morts. Créer un miracle pour faire des ravages.

Obscurité. Silence. Brume. Je prends doucement conscience de ce qui m’entoure. De mon état. Je suis vivante. Le brouillard de mon esprit est lourd. Mes gestes sont gourds. Je lève difficilement les paupières, égarée.

« Maintenant qu’on sait que ça fonctionne, rendormez-la. Je veux pas de ça sur les bras. »

La lumière me semble trop violente, je peine à observer mon environnement. Les voix me semblent inconnues, mais je suis incapable d’en être sûre. Il me semble qu’il me manque quelque chose. J’ai l’impression d’avoir été amputée. Difficile à savoir, ce n’est qu’un pressentiment, et je sens à peine mon visage. Alors sentir qu'il me manque une partie de moi... J’ai quelque chose qui encadre ma tête, qui me gêne. J’aimerai l’enlever mais impossible de sentir mon bras, et encore moins que m’en servir. J’ai une crevasse à l’endroit où est censé être mon cœur, un abîme d’obscurité. Tout est flou. Il me faut peu de temps avant d’être renvoyée vers l’inconscience.

©️junne.



Aiko Deb
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Mar 17 Aoû - 21:45

Peu de temps après la transformation en SP : vengeance
La vengeance est un plat qui peut se manger congelé.

Je finis mon verre, dissimulée sous une cape trop longue, tapie dans une taverne miteuse. Les bas-fonds de la capitale cachent beaucoup de coupe-gorges comme ce trou à rats, et on peut y dénicher tout type d’infos. J’ai obtenue celle que je voulais. Je les ai trouvés. Quelques pattes graissées, quelques coups de poings distribués. Quand on sait qui interroger, ça peut aller très vite. Je laisse le verre en bois sur la table et quitte mon repère temporaire.
Je quitte l’établissement, rejoignant la nuit pour mieux m’y fondre.

Le lendemain, je prends grand soin de me mettre en valeur, autant par le maquillage que par les vêtements. Robe élégante, bijoux de valeur, blush et même rouge à lèvres. Tescanda guette dans un coin de mon esprit, assoupi dans la forêt proche comme à son habitude. Il lui faudra plusieurs minutes pour me rejoindre, mais il a l’esprit tranquille. Il connait mon plan, pourtant ma transformation récente m’offre des chances indéniables de réussir. Je ne suis plus humaine. Si j’ai forcé la main à Noctis, c’était avant-tout pour supprimer cette tentation permanente qui le tenaillait et nous freinait tout deux. Cependant, je serai stupide de ne pas en tirer profit pour bien d’autres choses. Comme une vengeance qui attend depuis de nombreuses années. Mon doux amour n’en sait rien. Il ne connait pas la part d’ombre que je possède, aveuglé par la lumière que je diffuse. J’ai des affaires à régler. Et quand cela sera fait, je pourrais définitivement dire adieu à Hoshiko et faire la paix avec un passé très lointain. J’aurai pu lui demander de l’aide. J’aurai sûrement dû. Mais nous aurions trouvé un plan qui ne me mettait pas en danger, et il aurait probablement échoué. Ici, je servirai d’appât et de bourreau. Je serai seule, mais je serai inarrêtable. C’est l’apothéose d’une toute une jeunesse où j’ai fui mes agresseurs. Aujourd’hui la Panthère est assez forte pour se retourner et détruire ses assaillants.

Je quitte l’auberge décente où je loge depuis quelques jours. Je salue l’aubergiste, une bonne femme très en chair et très souriante également. Dans la rue, un cocher m’attend. J’ai envoyé le garçon de course le chercher. Je grimpe dans le coche. Le but est de me faire remarquer. Nous traversons une bonne partie de la ville, je remercie l’homme pour le service et le paie. Il me laisse dans une rue commerçante. On m’observe. La capitale humaine fourmille de vie et je m’efforce de dissimuler ma nouvelle nature tout en restant très visible. Je suis une cible qui se pavane. Les Oubliés me remarqueront ainsi et j’ai de bonnes chances d’avoir les assassins dès ce soir. Je fais ne première boutique, une librairie. J’y passe de longues minutes où je discute avec le gérant qui finit par me conseiller un livre d’astronomie. Je le remercie et je quitte la boutique, mon achat glissé dans un sac. Je rejoins une boutique de thé tout proche et très réputée. Là, je m’installe à l’intérieur, près des grandes fenêtres. Outre l’aspect « appât facile », je profite de ma journée. Je dois me montrer. Une des serveuse me recommande un thé à la rose et je commande directement la théière. Je compte passer la journée ici. Je demande également quelques pâtisseries. Je sors mon livre d’astronomie, prenant gare à ne pas l’abîmer avec quelconque éclaboussure ou gras des douceurs. Et je me plonge dans ma lecture.
La boutique de thé, l’Organza, est très prisée par la jeunesse mondaine. Il n’est pas are que des rendez-vous galant s’y passe. Les badauds passent devant les vitrines en rêvant un jour pouvoir s’asseoir à l’une des tables en bois précieux. De grandes fenêtres autour de la double porte d’entrée dévoilent les marchandises que l’on peut acheter. Les autres fenêtres longent la rue passante. Un étage, là où je me trouve, permet d’avoir une vue en plongée sur la rue et la foule. L’étage est coupé en deux, offrant une partie balconnée pour profiter de la brise printanière. C’est trop éloignée des fenêtres, et j’ai besoin d’être exposée à la vue de tous. Derrière ma fenêtre ormentée, le soleil me réchauffe doucement la peau. J’aimerai y emmener un jour Noctis. Je rêve d’un vrai rendez-vous. Nos rencontres ont souvent été fortuites, et quand nous avons découverts nos sentiments réciproques nous n’avons pas réellement prit le temps de nous courtiser. Après tout, lui comme moi étions déjà amoureux. Et puis, poursuivie comme je le suis, où trouver le temps et la paix nécessaire pour batifoler innocemment ? Sans compter les obligations du prince vampire. Notre relation s’annonce déjà fortement mouvementée, alors qu’elle a commencé il y a peu. C’est une évidence pour moi qu’il sera le seul et l’unique à tout jamais. Mais ne pourrions-nous pas simplement profiter de notre amour comme deux simples gens, libres de tout désagrément? Dans un monde parfait, il serait venu dans le manoir de mon père pour se présenter officiellement et demander l’autorisation de me faire la cour. Mon père, bourru, l’aurait regardé d’un mauvais œil mais aurait accepté, lui glissant de ne pas me briser le cœur s’il ne désire pas se faire un nouvel ennemi. Noctis aurait été intimidé devant cette figure paternelle, mais son amour pur et sincère lui aurait donné le courage de m’emmener dans différents lieux. Promenade le long de la rivière, équitation, bals et soirées mondaines que nous écourterions pour nous enfuir dans les jardins, loin des regards d’une foule trop curieuse… Je n’aurai pas été autorisée à passer mes nuits auprès de lui à cause d’un père trop conservateur, mais j’aurai fini par faire le mur pour observer les étoiles avec lui. Mon frère nous aurait surveillés du coin de l’œil sans se mêler de notre histoire, lui-même occupé à courtiser une jeune femme, voire peut-être déjà marié à une jolie noble. Oui, ce monde idéal aurait été… Idéal. N’ais-je pas droit de rêver à cette utopie romantique ? Peut-être parviendrons-nous à la rendre réalité une fois que je serai parvenue à terminer ce qui doit l’être.

Je referme mon livre alors que le soleil décline fortement. Les lustres en cristal sont allumés petit à petit à travers le salon de thé. J’ai eu le temps de terminer la théière, et d’en recommander une seconde. Fleurs sauvages, sur recommandation de la serveuse. La demoiselle a de très bons goûts qui coïncident très bien avec les miens.

Je quitte la boutique. Le retour se fera à pieds pour tenter les assassins. Leur cible seule, avec le soleil qui se couche et la ville à traverser ? Les plus téméraires et les moins renseignés sur moi s’y tenteront. Je ne sais pas combien ils seront. Je sens Tescanda s’éveiller légèrement à l’approche du moment fatidique. Sa confiance reste très limitée. Nous jouons la carte de la surprise quant à ma transformation. Les Oubliés s’attendent à une noble humaine qui sait se défendre. Pas à une Sang-Pur qui sait se défendre et qui les attend au tournant. Peut-être ont-ils repérés Tescanda dans la forêt. Mon dragon m’assure que non, il ne sent rien autour de lui. Quand bien même, lui aussi les attend au tournant, encore suffisamment assoupi pour profiter du temps clément de la journée. Je sais qu’il serait capable de décoller en un éclair dans son état pour me venir en aide. Il n’est pas le plus gros des dragons Exodiaux, mais il est vif et agile. J’ai apprit à bonne école auprès de lui.

Tandis que je m’engage dans une rue perpendiculaire à la rue commerçant pour rejoindre mon auberge, je remarque le premier suspect qui me suit à bonne distance. Il est discret et ne se distingue pas des autres passants. On pourrait croire à un retardataire flanêur. Je continue mon chemin, à l’affût des autres. Je suis convaincue qu’ils n’en enverront pas qu’un. S’ils ont un minimum de jugeote, il y en aura bien plus. Il n’est pas difficile de découvrir que je combats dans les arènes illégales depuis plusieurs années.

« Mademoiselle, vous avez perdu ceci ! »

Je me retourne, surprise. Je n’ai rien fait tomber. Un jeune homme s’approche de moi. Non, pas un homme. Un Eliraan. Agréable à l’œil, il me tend un mouchoir en dentelle. Je me méfie instinctivement de lui. Une fois assez proche, il murmure en prenant garde à ne pas se faire remarquer ;

« Mademoiselle, il me semble que vous êtes suivi. Permettez-moi de vous raccompagner en sécurité. »


Je fronce les sourcils. L’excuse du mouchoir pour me prévenir ? L’eliraan semble pourtant de bonne foi. J’accepte le mouchoir qui n’est de toute évidence pas à moi. Tandis que je le remercie, il reprend, plus fort pour mes poursuivants ;

« Permettez-moi de faire un bout de route avec vous, belle demoiselle.

- Si vous le désirez, je ne saurai vous le refuser. »

Nous marchons dans un premier temps en silence. Bercée par les bruits de la ville qui ralentie à l’approche de la nuit, je me laisse me perdre dans mes pensées un instant ; et si c’était Noctis auprès de moi au lieu de cet Eliraan ? Morphologiquement ils sont assez similaires. Les visages sont radicalement différents, bien que l’eliraan soit d’une grande beauté. Ce dernier est blond, vêtu de couleurs claires. Mon doux compagnon a les cheveux gris bleutés et préfère les tons sombres. Impossible de les confondre. Même leurs parfums sont très différents.

« Je m’appelle Elyon Dragsyl. Est-il trop tard pour vous demander votre nom ?
-Je me nomme Aiko Deb. Dragsyl, comme la compagne de l’héritière Eliraan ?
-Une cousine éloignée, en effet. Je suis enchanté de faire votre connaissance, mademoiselle Deb. »

Il tourne la tête vers moi avec un sourire charmant. Je fais de même, avec un sourire plus timoré. Il a les yeux d’un bleu de glace, là où les mieux sont bien plus turquoise. Cet homme est en train de ruiner mon plan. J’aurai pu refuser d’emblée qu’il m’accompagne, mais cela aurait été discourtois. Je dois trouver un moyen de me séparer de lui. Les assassins attaqueront peut-être s’il est présent, ou peut-être pas. C’est une variable que je n’ai pas envie de devoir prendre en compte.

« Jusqu’où allez-vous, mademoiselle ?
-L’auberge Etoilée.
-Oh, vous n’êtes que de passage en ville ? Il me semblait bien ne jamais vous avoir croisé. Puis-je me permettre de vous suggérer un raccourci ? »

Je ne loge pas du tout à l’auberge étoilée. J’ai simplement balancé le nom d’une auberge que j’ai vu lors de mon tour en hippomobile tout à l’heure. Elle est suffisamment proche pour que ma deuxième partie de trajet se fasse sans lui. Je balaie du regard les alentours pour tenter de découvrir un nouveau suspect. Mais même celui de tout à l’heure semble s’être volatilisé. Ca s’annonce mal.

« Montrez-moi, je vous en prie. »

Pourvu que je sois débarrassée plus vite de lui.

Il me précède et nous empruntons des rues inconnues et qui n’ont rien de notable.

« Il me semblait que la famille Deb avait été décimée, mais peut-être que je me trompe ? Les rumeurs sont souvent fausses. »

Il cherche à me faire la conversation. Ce n’est hélas pas le premier à me jouer ce genre de tour. Je ne parviens cependant pas à cerner ses intentions ; tente-t-il de me connaître pour déterminer s’il va me faire la cour, ou est-il sincère quand il me dit me raccompagner en sécurité sans autre arrière pensée ? Je ne sens dans sa façon d’être aucune menace. C’est peut-être ça qui me laisse le plus perplexe alors que je m’attendais à du sang et à des embuscades ce soir.

« Mon père a en effet été tué. Mon frère a disparu, et on m’a fait passer pour morte. Mais je suis bien vivante.
-Une véritable tragédie est arrivée à votre famille. Les coupables ont-il été punis ?
-Non. »

Ma réponse le laisse pensif.

« Ne craignez-vous pas d’être prise pour cible ? C’est pour cela que vous étiez suivie tout à l’heure ?
- Je ne savais pas que j’étais suivie. L’étais-je vraiment ou est-ce un pieu mensonge pour me rencontrer ? »

Il rit, visiblement embarrassé.

« Un peu des deux, je dois vous dire, mademoiselle. Je voulais vraiment en apprendre plus sur vous.
- Voilà de l’honnêteté. C’est ce que je préfère.
- A votre tour d’être honnête, vous ne logez pas vraiment à l’auberge étoilée ?
-Vous mettez ma parole en doute ? »

Il rit à nouveau, tandis que ma méfiance se renforce subitement.

« A dire vrai, mademoiselle Deb, je suis celui dont vous devriez avoir peur.
-Pourquoi cela ?
-Car c’est moi qui dirige les assassins qui vous suivent actuellement. »

A mon tour de rire.

« J’aime l’honnêteté, je vous l’ai dit. Pourquoi avoir prit le temps de venir discuter avec moi ?
- Pourquoi pas ? Vous avez survécue, petite. Vous êtes devenue une vraie beauté et je ne regrette pas de vous avoir vu de mes propres yeux. Je souhaitais savoir si votre personnalité était en accord avec votre physique avantageux.
- Etes-vous satisfait ?
-Bien plus que vous ne pouvez l’imaginer. Dans d’autres circonstances, je vous aurais fait assidûment la cour pour vous prendre pour femme. Mais les affaires sont les affaires, et nous devons terminer ce qui a été commencé. »

Il s’arrête subitement, et j’avance encore de quelques pas pour m’écarter de lui. Une dizaine d’assassins surgit de divers coins ; coins de rues, toits, et même certaines maisons. Le chemin que nous avons parcouru n’avait pourtant rien de notable, et cet endroit n’est clairement pas le plus indiqué pour faire un traquenard.

« Elyon - permettez-moi de vous appelez ainsi – puis-je vous poser une question ?
-Biensûr Aiko. J’y répondrai avec plaisir. Je peux bien vous offrir cet ultime cadeau.
-Qu’aviez-vous contre mon père, pour ainsi tous nous tuer ?
- Je n’avais rien de personnel contre lui. Il était simplement bien trop efficace et me mettait des bâtons dans les roues trop régulièrement. Il a prit des mesures efficaces pour diminuer la criminalité en ville mais que voulez-vous, le monde la pègre étant ce qu’il est, c’était un homme à abattre.
- Je vois. Et mon frère ? Et moi ?
-Nous n’avons pas tué votre frère. Il a abattu bon nombre de nos pisteurs depuis des années. Impossible à débusquer. Mais vous.. C’était un message pour le Roi et le Conseil afin qu’ils cessent leurs mesures s’ils ne désirent pas que nous nous en prenions à eux. Ce fut efficace, soit-dit en passant.
-Je vois. »

Un ange passe. Elyon m’observe et je fais de même. Les assassins attendent l’ordr de leur maître.

« Mademoiselle. Il est temps. S’il vous plait, ne causez pas de difficulté particulière si vous ne désirez pas souffrir.
- N’avez-vous pas prit en compte mon lié ?
-Biensûr que si. Les rues sont trop étroites pour qu’il puisse se poser. De plus, c’est un dragon de poison, il n’a pas de possibilités d’attaquer à distance. Et enfin, ce quartier est entièrement sous mon contrôle. S’il s’approche, il sera abattu à vue avant même de se poser sur un toit.
-Vous êtes intelligent.
-Je vous remercie du compliment. Maintenant, si vous le voulez bien.. »

Il fait un signe de la main. Immédiatement, une volée de carreaux se plante à l’endroit où je me tenais une seconde avant. Sans que quiconque puisse réagir, je brise la nuque de l’assassin qui se précipitait vers moi, poignards dégainés. D’une bourrasque puissante je fais tomber ceux qui étaient logés sur les toits. Certains se réceptionnent mieux que d’autres. Elyon, confiant, s’est à peine reculé pour observer le spectacle. Je suis rapidement emprisonnée dans un cercle de feu. Les premiers assassins y pénètrent, méfiants à mon égard. Le feu leur ménage une entrée pour qu’ils ne se transforment pas en torches ambulantes. J’esquive un couteau habilement lancé qui aurait dû me trancher la gorge. J’en profite pour saisir un de mes miens, cachés sous mon jupon, et le lancer en retour. Je rate le point précis que je visais, mais blesse mon assaillant. Un second me prend à revers manquant de me déchirer le bras grâce aux ronces qu’il a envoyé à mon égard. Je me concentre sur un troisième qui n’a pas encore agit, visiblement plus lent que ses coéquipiers. Réduire leur nombre en me concentrant d’abord sur les plus vulnérables semble être une bonne idée. Je le tue sans cérémonie avec sa propre hache que je lui plante à travers le torse. Il tombe dans un spasme qui m’éclabousse de sang chaud. Je prends sur moi de contrôler ma soif. Je suis encore une jeune vampire et je suis sensible à ça. Je ne prends pas le temps de me renseigner sur la localisation de mon lié, trop concentrée à ne pas faire de gaffe. Mais je sais que si Tescanda se concentre de son côté, il peut voir à travers mes yeux et sentir grâce à mes perceptions. Peut-être a-t-il espionné et est au courant qu’il ne peut pas s’approcher de trop près ?

J’arrache la hache du torse de ma victime pour bondir sur une autre cible qui traverse à peine le rideau de feu. Prit par surprise, il est décapité sans rien avoir le temps de faire. Je n’ai toujours pas localisé le ou la pyromane. J’esquive à nouveau le couteau de monsieur armurerie ambulante et sectionne l’un des bras de la Jungle sur Pattes qui envoie ses ronces. Ma victime hurle et je le finis avec un coup de poing en plein visage. Il se videra de son sang petit à petit si mon coup n’a pas réussi à le tuer. Je commence à avoir chaud, et ma tenue commence à me gêner plus qu’elle ne devrait. Foutue pour foutu, j’arrache la jupe de ma robe, me retrouvant en jupon blanc au milieu de la rue. Je suis subitement bien plus légère. Un nouveau couteau voltige dans ma direction. Je l’esquive, et me retrouve prisonnière d‘une étreinte non désirée. Mon attaquant est derrière moi et cherche à m’étouffer à mains nues. Le fourbe est fort. Bien plus fort que moi. Je suis presque sûre que son pouvoir augmente ses capacités physiques. Instinctivement j’attrape son bras pour éviter qu’il me broie la tranchée et limite les dégâts de son attaque. Je suffoque cependant et je vois un nouveau couteau voler vers moi. D’un mouvement brusque je parviens à faire se déplacer mon amant d’un moment pour ne pas me prendre l’arme dans le ventre. J’avance mon pied, et d’un geste fort que je le remonte en arrière. C’est une attaque typique de combat de beuverie mais c’est diablement efficace. Mon assaillant touché en plein entre-jambe me relâche et s’écroule pour faire le poisson hors de l’eau. Je lyui assène un coup de talon dans le visage, enfonçant sa boîte crânienne et touchant le cerveau. Il meurt sur le coup et j’abandonne ma chaussure là, me débarrassant de la seconde pour ne pas être déséquilibrée. Celui qui balançait ses couteaux depuis tout à l’heure semble s’être lassé du combat à distance. Il disparait un instant de mon champs de vision, et grâce à des réflexes de Sang-Pur je parviens à éviter le coup de dague venant de derrière moi qui aurait dû me perforer un poumon. Cet enfoiré se téléporte. J’en connais un second qui fait la même chose, mais pas pour m’enfoncer une lame à travers le corps.

Je pivote pour faire face à cet enquiquineur. C’est en réalité une femme qui doit être à peine plus âgée que moi. Son regard brille de la frénésie du combat. C’est cependant une humaine. Elle se téléporte à nouveau et il me faut un instant pour la repérer dans le cercle de feu. Elle n’est pas allée directement dans mon dos, mais à une extrémité du cercle pour renvoyer encore des couteaux. A peine l’ai-je identifié qu’elle se téléporte de nouveau, lançant une nouvelle salve de couteaux. Bon sang, mais combien en a-t-elle ? Nous nous livrons à une étrange danse, où elle se téléporte en lançant ses armes de jets tandis que j’essaie de la saisir pour mettre à terme à cette valse morbide tout en esquivant. Je ne sais pas qui fatiguera en premier. Je finis par trébucher par mégarde sur un cadavre, m’étalent à terre. Je n’ai pas le temps de me relever que la fille se téléporte au dessus de moi pour me planter une épée courte à travers le cœur. Tentant le tout pour le tout, j’attrape la lame à main nue pour dévier la lame qui me traverse l’épaule, et de ma main disponible je lui broie la cheville. Évidemment, cette garce se téléporte à nouveau. Mais la blessure semble l’avoir déstabilisée puisqu’elle vacille en réapparaissant. Je me relève, arrachant l’épée. J’ai un bras inutilisable et je vais probablement me vider de mon sang si je ne termine pas vite le combat.

Nouvelle salve de couteaux. J’esquive difficilement, me faisant effleurer à plusieurs endroits. Mon attaquante se téléporte à nouveau, mais j’ai compris le schéma qu’elle suit. Je bondis sur la position au moment où elle y réapparait, et tandis qu’elle cherche à reprendre son équilibre, je la balaie d’un gifle bien placée. Elle s’écroule, absolument déconcertée par ce geste. J’en profite pour ramasser un couteau à proximité et lui planter à travers la gorge.

Il reste le ou la pyromane, ainsi qu’Elyon si ce dernier ne s’est pas barré. Je suis incapable de voir quoi que ce soit au-delà de la barrière de flammes. Je vais être obligée de traverser. Je ne tiens pas à finir brûlée vive. Je récupère une cape sur l’un des cadavres, m’en recouvre au mieux et sans prendre le temps d’y réfléchir à deux fois je traverse les flammes. De l’autre côté, je jette la cape en feu. Je suis en nage, je suis essoufflée et l’odeur du sang me monte à la tête. J’entends l’écho d’un rugissement a loin. Je tourne la tête pour identifier mon lié qui tourne dans le ciel et esquive des boules de feu. Pyromane trouvé. Une seule pensée que j’envoie de toute mes forces vers Tescanda : « occupe le » . Je vois mon lié plongé vers la source des boules de feu. Je fais le tour de la barrière de feu. Elyon n’est plus là. Cependant, je peux encore flairer son parfum. Comme un limier en chasse alors que la nuit vient de tomber définitivement, je commence ma traque, semant du sang sur mon passage. L’eliraan n’a pas eu le temps d’aller bien loin. Il me tourne le dos dans sa fuite sans même savoir que je suis sur ses talons. Je bondis, le plaquant au sol, plus par la force que grâce à mon poids. Il tourne la tête, le visage en sang. Il s’est éclaté le nez contre les pavés dans sa chute. Il est à la fois surpris et apeuré.

« Comment avez-vous .. ?
-Première leçon, menez vos enquêtes sur vos cibles correctement. »

J’attrape une poignée de ses cheveux avec ma main encore valide et lui frappe le visage contre les pavés pour le sonner.

« Deuxième leçon, ne mettez jamais en colère une femme. »

Je fracasse à nouveau son visage sur le sol.

« Troisième leçon, ne privez jamais une enfant de son père. Surtout si elle est capable d’en trouver un autre bien pire que le premier. »


Le troisième choc de son visage contre la pierre est le coup fatal. Je le relâche. Son beau visage est désormais enlaidit, les os fracassé et la face aplatie.

« Quatrième leçon, on ne fait pas du charme à une jeune fille seule dans une ville inconnue. »

Je me relève, épuisée mentalement et physiquement. Le poids de mes actes s’est soudainement abattu sur mes épaules. Mais ce n’est pas encore terminé. Je dois trouver le pyromane et venir en aide à mon lié. Si Elyon était bien le maître des Oubliés, j’ai coupé la tête au serpent. Je devrais enfin être tranquille. Je me remets en route, forçant sur mes muscles déjà bien sollicité, mettant mon endurance à rude épreuve. J’identifie le bâtiment où le pyromane s’est perché. Comment monter ? Je n’ai jamais fait d’escalade et de toute façon avec mon bras en compote ce n’est pas la peine. De toute façon je me sens faiblir de plus en plus, je ne suis pas en capacité de me hisser là-haut. J’opte pour la solution la plus évidente : entrer dans le bâtiment et prendre les escaliers. Je tente d’ouvrir la porte face à moi comme quelqu’un de civiliser. Fermée à clé. Vu les dégâts que j’ai causé, je décide que tant qu’à faire, autant ne plus essayer d’être civilisée. Je rassemble mes ultimes forces et j’arrache la porte de ses gonds, tombant sur les fesses au passage. Je lutte un moment contre moi-même pour me relever, laissant passer le tournis temporaire. Je reprends ma route. Le bâtiment est abandonné depuis longtemps, le Hasard en soit loué. Après une brève exploration, je trouve les escaliers. Face à tout les efforts fournit, la grimpette est relativement aisée bien que je doive faire deux arrêts, la tête me tournant beaucoup trop. M’achever dans les escaliers serait pitoyable comme mort. J’ai beaucoup trop donné, et je sais que Noctis m’attend à Elvendil.
Après une dernière porte, je finis sur le toit. Le pyromane –puisque j’ai décidé arbitrairement que c’était un homme- me tourne le dos, concentré sur un Tescanda en plein harcèlement qui plonge sans cesse pour essayer de le saisir entre ses griffes. Mon Exodial me jette un coup d’œil tandis qu’il rate encore une fois son assaut, se faisant roussir les écailles. Je n’ai pas la foi de courir jusqu’au pyromane. Je balaie du regard ce qui se trouve à portée. Des morceaux de briques. J’en attrape un, le soupèse avant de le jeter avec mes dernières forces. Mon projectile entre en collision avec la tête de ma cible. Il s’effondre et ne se relève pas. Je tombe sur les fesses avant de m’allonger pour observer le ciel. Dans un battement d’ailes Tescanda se pose et un bruit peu ragoûtant m’indique que si l’humain était encore vivant, et bien il ne l’est désormais plus. Ou alors il est encore vivant, mais ça dépend quelle partie du corps Tescanda vient d’arracher ; si c’est la tête cela m’étonnerait que l’autre survive. Si c’était une jambe, et bien, probablement aurait-il déjà crié.

Le bâtiment tremble tandis que Tescanda s’avance vers moi. Du bout du museau, il me pousse délicatement la joue. Un flot de pensées, d’images et d’émotions se déversent en moi. Il n’a pas besoin de formuler de mots pour que je le comprenne. Je ne sais pas si je parviens à lui envoyer la réponse que je formule ; oui, c’est terminé. Rentrons à la maison.


©️junne.



Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
Aiko Deb
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Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
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Mer 18 Aoû - 10:53

Post Vengeance : Will et Eledena
L'hiver peut être une magnifique saison


« Aiko Deb c’est cela ? »

J’acquiesce sans pour autant me redresser. Je n’ose pas. La princesse héritière Eliraan et sa compagne ont une prestance écrasante.

« Redressez-vous. »

La voix est plus douce que la première. J’imagine sans mal qu’il s’agit de la princesse Eledena, tandis que la première à m’avoir adressé la parole est la princesse Willelhmina. Je croise le regard de l’héritière avant de baisser à nouveau les yeux. Un regard vert forêt qui semble sonder à l’intérieur des gens avec une grande bienveillance. A côté, l’aura de jugement de sa compagne pèse lourd sur mes épaules. Eledena reprend ;

« Il est bien tard pour ce moment, et nous nous en excusons. L’annonce de votre mort nous as prises au dépourvue. Nous aurions dû enquêter plus en profondeur pour découvrir la vérité et vous retrouver pour vous protéger. »

Dois-je acquiescer ? Dois-je réfuter ? Quel choix est le bon ? Je choisis un entre-deux moins risqué ;

« Vous ne pouviez pas vous en douter, Altesse. »

Eledena se lève du fauteuil et s’approche de moi. Elle prend entre l’une de mes mains entre les siennes, la lève jusqu’à son visage et y dépose un baiser.

« Je regrette. Votre père était un précieux ami. Je vous ai rencontré quand vous étiez encore nourrisson. Vous étiez son trésor. Vous êtes également le mien. »

Willelhmina n’a pas bougé, toujours assise à nous observer. Je me permets de regarder à nouveau la princesse héritière, si proche de moi, déconcertée par son affection. Un sourire flotte sur son visage. Je suis éblouie par sa beauté. Eblouie par son être-même. Si la perfection existait vraiment, je n’ai aucun doute que la princesse héritière Eliraan la personnifierait. Je jure de graver cet instant dans mon âme jusqu’à la fin. Là, dans ce boudoir illuminé par un soleil de matinée d’hiver, dans ce décor de pureté et d’argent, Eledena est parfaitement à sa place. Ses longs cheveux d’albâtre et sa peau lunaire, ses vêtements couleurs de neige, et son regard d’un vert si profond qu’il semble connecté à la forêt qui entoure le palais. Je ne sais que répondre. Je ne sais comment agir. Je voudrais arrêter le temps. C’est la première fois que je me sens aimé d’un amour maternel depuis des années. L’époque de ma nourrice remonte à trop loin pour que je puisse me remémorer la sensation. Mais là, en cet instant, l’évidence me frappe. Ma mère biologique m’aurait aimé aussi fort qu’Eledena m’aime. Les larmes me montent aux yeux sans que je puisse les contrôler. Eledena me lâche la main et me serre contre elle.

« Mon enfant, tout ira bien à présent. Je serai toujours là pour vous. »

Je laisse libre court à une souffrance dont je ne soupçonnais pas l’existence. Mon corps est secoué de sanglots, et je trempe la belle robe de la princesse avec mes larmes. Mais pas une fois elle me relâche. Elle se contente de me tenir contre elle en me caressant avec douceur les cheveux. C’est étonnant d’être dans son étreinte, elle qui n’est pas plus grande que moi. Je me perds dans le parfum de son cou. Un parfum qui m’envoie l’image de perce-neiges et de flocons, des rayons du soleil sur un blanc manteau de poudreuse, de la beauté d’un hiver glacé.

Après un temps qui me parait infini et où j’ai vidé l’entièreté de mon corps de ses larmes, je m’écarte d’elle. Elle me relâche, un sourire peiné sur le visage. Elle me caresse la joue pour effacer les dernières traces de ma peine. Willelhmina attend sagement, un pas derrière. Quand elle voit qu’elle a mon attention, elle me tend un mouchoir brodé. Je ne l’ai pas vu se lever ni même aller chercher le carré de tissu. Je la remercie timidement d’un mouvement de tête et saisit le mouchoir, tandis qu’Eledena recule encore d’un pas pour me ménager de la place. J’essuie mes larmes et me mouche, acte extrêmement élégant devant les deux futures dirigeantes d’un royaume. Je ne peux m’empêcher de me faire la réflexion que là où Eledena est un hiver doux et floconneux, Willelhmina me fait penser à un roc escarpé. Là où la princesse héritière est tendre et bienveillante, sa compagne sert de muraille et de garde-fou. Son apparence semble douce au premier abord, mais ses lèvres restent figées et son regard est un marbre rose pâle. Son acte de bienveillance avec le mouchoir n’est que pour suivre le mouvement donné par l’héritière. Il est calculé, et non naturel. Pourtant, je ne pense pas que Willelhmina possède un mauvais fond. Je pense… Et bien, j’ai simplement l’intuition qu’elle n’a jamais apprit à être autrement. Qu’elle contre-balance la bonté de sa compagne pour ne pas déstabiliser, à terme, leur règne commun.

Eledena reprend ;

« A titre personnel, comptez sur notre soutien. Nous sommes encore pieds et poings liés, mais lorsque nous règnerons, nous serons à vos côtés et vous serez toujours la bienvenue à Shaar-Lün.
-Merci pour tout, Princesses. »

Eledena a toujours son sourire triste sur les lèvres. Un lève un instant la main, esquissant une caresse, avant de renoncer.

« Vous tenez tout de votre père. C’était un grand homme. Je ne doute pas que vous ferez de grandes choses à votre tour.
-Allez en paix, notre soutien vous est acquis. »


Je hoche la tête, découvrant pour la première fois les prémices d’un sourire qui étire les lèvres de Willelhmina. A la fenêtre, les premiers flocons de la journée se mettent à tomber.

Eledena portrait:
©️junne.



Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
Aiko Deb
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
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Mer 18 Aoû - 18:46

Post Vengeance : Retrouvailles avec Keigo.
Nos chemins se recroiseront toujours.

Je serre dans ma main le papier déjà froissé. J’ai hâte. J’ai lu la lettre une dizaine de fois. Tescanda a méticuleusement écouté chacune des lectures, cherchant à détecter un traquenard. Si je suis incapable de reconnaître l’écriture de mon propre frère, je reconnais des souvenirs dont nous seuls avons connaissance. J’en ai parlé bien évidemment à mon autre âme-soeur, Noctis. Lorsqu’un coursier m’a délivré la lettre en mains propres, il était avec moi. il a lu par-dessus mon épaule tandis que je dévorais les belles lettres tranchantes, écriture typiquement masculine. Nous étions en pleine rue et j’ai pilé net, l’obligeant à revenir sur ses pas pour ne éviter de m’abandonner là. Mon esprit a coupé court à toute tentative de la réalité pour bercer ma bulle d’excitation tandis que mes yeux sautaient d’une ligne à l’autre. J’étais extrêmement petite quand nous avons vécu ensemble, et lui était déjà tellement grand ! Mais je me souviens parfaitement de cette fois où, tandis qu’il me tenait à bout de bras en me faisant tourner haut dans le ciel il avait trébuché et nous avions fini tout deux dans le lac adjacent. Père avait hurlé en nous découvrant couverts de boue, tandis que nous tentions de rentrer furtivement dans le manoir pour nous changer. je me souviens également très bien de Flocon, mon poney gris, qui avait fini arc en ciel pour mon quatrième anniversaire. Keigo avait toujours eu beaucoup d’imagination pour amuser l’enfant que j’étais, le premier à amonceler les bêtises pour me faire rire. Il avait alors déjà 16 ans alors que je n’en avais que 4. J’étais sa précieuse petite soeur. Il allait à l’académie militaire de la capitale pour devenir un haut gradé et revenait dès qu’il le pouvait pour aider notre père à l’administration de nos entreprises et de nos terres. Keigo était l’héritier de la famille Deb, m’enlevant cette charge. Si vous avions suivi les souhaits de notre père, j’aurai fini par épouser quelqu’un de la haute noblesse pour nouer des alliances, mais il m’aurait laissé le choix de mon prétendant parmi plusieurs. Mon bonheur était aussi important que la continuité de notre famille.

Aujourd’hui, et bien, tout cela est bien loin. La noblesse humaine, alors même que je côtoie le prince héritier vampire ? Qu’en aurait dit mon père ? Et Keigo, qu’en dira-t-il quand il l’apprendra ? J’inspire et expire, me forçant à me calmer. Aujourd’hui je vais le retrouver. Je m’affaire dans ma petite maison que je loue dans le centre-ville de Roncelyön. Cela fait quelques mois que j’ai décidé de poser mes valises dans cette ville. Dire que c’est suite à ma rencontre avec le prince ne serait pas un mensonge. Je me sens également plus en sécurité, même si cela peut paraître étonnant. Les loups, bien que dangereux, respectent une certaine hiérarchie. Ici, c’est similaire. Toute personne vivant dans cette capitale est un potentiel danger. Sachant cela, peu s’en prennent aux autres de peur de tomber ur plus fort qu’eux. La cohabitation est donc relativement aisée et pacifique, peu importe la race. Plus encore, en somme, quand on est d’une race différente. Il n’y a que les fous et les courageux pour habiter dans un tel lieu. L’un ou l’autre peut se révéler pire qu’un vampire.

Je passe la main dans mes cheveux, m’examinant dans le miroir de ma coiffeuse pour m’assurer de mon apparence. Je ne veux pas passer pour une gamine qui aurait passé des heures à se pomponner pour impressionner son grand frère disparu, mais je ne veux pas non plus paraître négligée. Je traverse la pièce, faisant grincer le vieux plancher, pour aller fouiller dans mon armoire. J’attrape une robe bleu azur, la même couleur que mes yeux, cadeau de mon cher et tendre petit ami et me change pour la troisième fois de la matinée. Keigo m’attend après le déjeuner. J’ai encore une bonne heure devant moi pour tourner en rond. Noctis est censé passer me chercher. Il a catégoriquement refusé que j’y aille seule, surtout depuis que je lui ai raconté - dans les très grandes lignes- l’extermination des Oubliés. Je ne lui ai pas tout dit évidemment, j’ai passé la façon dont j’ai mis à mort les différents assassins et leur nombre : je tiens à pouvoir continuer à me balader librement sans avoir une escouade de gardes privés ou pire, un prince inquiet, aux fesses. Le fait que Noctis m’accompagne à mon rendez-vous rassure Tescanda qui, pour une fois n’est pas monté au créneau quand je lui ai dit que j’allais voir le prince. Mon lié n’apprécie décidément pas mon nouveau compagnon. Et ce dernier lui rend bien. Cependant quand il s’agit de ma sécurité ils deviennent copains comme cochons. Alors que Noctis m’a rencontré pour la première fois dans des combats illégaux, et Tescanda connait parfaitement mes capacités puisqu’il est une partie de moi. A croire que leur besoin de me protéger est pour combler un complexe d’infériorité.

Je resserre les lacets de ma robe dans mon dos, manquant de m’étouffer au passage. Je noue les deux pans habilement, me recoiffe rapidement. Je tourne comme un lion en cage. Mon petit ami est censé me rejoindre ici. C’est lui qui a trouvé cette maisonnette, coincée entre deux autres identiques, dans une rue passante de la capitale. Sur un étage, elle est petite mais confortable, et surtout proche du château et de son aura de sécurité. Les rondes des gardes sont régulières sans pour autant être intrusives et l’anonymat de chacun est respecté. Et, avantage non négligeable, je possède une minuscule cour arrière sans cesse baignée dans l’ombre des bâtiments alentours qui permet d’entrer discrètement dans ma petite demeure. Je soupçonne Noctis d’avoir laissé certaines épées cristallines comme chiens de gardes à cet endroit là. Je ne sais pas si c’est possible, mais si ça l’est, je suis quasiment sûre de moi.

Je descends à la cuisine, délaissant l’étage et ma chambre. L’avantage de la magie, c’est la technomagie qui en découle. Le stockage du sang est simplifié, pas besoin d’avoir un être vivant consentant à proximité. J’attrape une poche dans l’un de mes placards et me force à m’asseoir sur l’un des fauteuils pour la siroter tranquillement. Bientôt, mon immobilité prend fin tandis que je me relève pour sortir dans la cour. Je lève les yeux au ciel pour observer le ciel sans nuages. Un bleu infini qui annonce une belle journée de printemps. Les températures ne sont pas encore remontées. Je puise un peu d’eau dans mon collecteur d’eau de pluie et réarrose mes plantes d’ombres. On les appelle les Rêveuses et s’épanouissent dans l’obscurité. Si les fleurs s’ouvrent la nuit, les plants tolèrent bien mieux la pénombre que le soleil. Je loue les services d’un Eliraan pour venir régulièrement verdir ma petite cour, histoire d’avoir ma propre bulle de verdure. Tescanda ne peut évidemment pas venir jusqu’ici, donc je me rends très souvent hors de la ville pour passer du temps avec lui, bien que nous ne sommes jamais réellement séparé. Pourtant, j’apprécie ce petit jardin qui ne paye pas de mine et qui est à moi. Je retourne à l’intérieur, arpentant le rez de chaussée, esquivant canapé et fauteuils, inspectant rapidement la bibliothèque qui trône dans le salon. Sur un petit bureau trône ma flûte et des partitions. Un violon traîne dans un coin, mais j’ai rapidement abandonné cet instrument ; je ne suis pas douée avec les cordes. J’ai également aménagé un coin de mon salon pour ranger mon matériel de peinture et mon chevalet : je peins rarement en intérieur, préférant l’intimité de ma cour ou la liberté du vaste monde dehors pour puiser mon inspiration. Mes esquisses ne sont pas les plus belles, mais je me débrouille avec les couleurs suffisamment bien pour vendre parfois des toiles par-ci par là. Mes revenus viennent quasiment exclusivement des paris et des récompenses de mes combats. La vente de mes peintures est un simple apport supplémentaire. J’ai, au fil des années, constitué un joli magot sans compter sur la fortune Deb, sagement conservée dans différentes banques de la capitale humaine. Notre demeure familiale a brûlé avec tout ce qu’elle contenait, mais mon père avait eu l’intelligence de disperser sa fortune pour ne pas risquer de tout perdre en une fois. Les entreprises ont continué à tourner en autonomie et nos percepteurs ont collectés les redevances. C’est étonnant comme une routine bien huilée peut perdurer malgré les années et l’absence de sommet de la hiérarchie. Des hommes et des femmes de confiance, des gains sécurisés, peu de prise de risques et de la patience : voilà la clé de la richesse. Père l’avait bien saisi. Maintenant que les Oubliés ont disparu, je pourrais aller puiser dans cette richesse pour vivre confortablement. Mais à quoi bon alors que je suis déjà auto-suffisante ? Et puis, Keigo, s’il reprend la tête de la famille, en aura grandement besoin.

On frappe à ma porte. Je bondis du fauteuil où je me suis laissée choir. Un rythme bien spécifique. Mon coeur s’emballe comme à chaque fois que je sais que je vais le voir. Je me presse vers la porte, la déverrouillé prestement, et sans même vérifier mon visiteur j’attrape sa main et attire la silhouette encapuchonnée à l’intérieur. Je referme la porte derrière lui avant de fondre dans ses bras, sans même le temps qu’il puisse enlever sa cape. Ses bras puissants se referment sur moi, et je sens ses lèvres sur mon front tandis qu’il me serre contre lui. Son parfum m’enivre et sa chaleur me soulage. Noctis m’a manqué. Aussi étonnant que celui puisse être, nous ne nous voyons pas si couramment que cela. Même s’il fuit les responsabilités de son titre, je le force à ne pas venir me voir dans l’espoir qu’il se reconcentrera sur son devoir de prince héritier. Et puis, cela mettra sa mère la reine dans de meilleures conditions pour me rencontrer un beau jour si son fils devient sérieux. Toujours voir sur le long terme. Je cherche les lèvres du Roi de mon Coeur, l’embrassant avec passion. Il y répond et finalement je mets fin à notre étreinte. Il faut que j’apprenne à le laisser respirer. Un sourire satisfait flotte sur ses lèvres alors que je me détourne, toujours émoustillée par sa présence, les joues légèrement rouges. Il enlève sa cape et l’accroche à la patère près de la porte.

« tu es prête ?
-Depuis des heures ! »

Je fais le tour du salon, excitée comme une puce, partagée entre l’envie de passer mon après midi dans les bras de mon tendre amour et l’envie de rejoindre mon frère disparu. Je sais que Noctis serait tout à fait d’accord pour passer une journée à simplement se prélasser et imaginer notre vie future allongé contre moi. Mais il a conscience de l’importance de l’événement pour moi. Je ne lui ai jamais rien caché de la ruine de ma famille. De l’amour que nous nous portions avec mon frère et mon père, de la perte que ce fut de les voir disparaître en même temps que notre manoir. Noctis sait tout de moi. Et s’il reste discret sur son propre passé, je sais qu’un jour je connaitrais ses dernières zones d’ombres qu’il est réticent à me montrer. J’aime tout de lui, ses qualités comme ses défauts. Je veux l’aider à surmonter ses difficultés, qu’il s’ouvre à moi comme je m’ouvre à lui.

Le prince s’approche de moi et passe son bras autour de ma taille tandis que je n’ai pas bougé du milieu du salon.

« Nerveuse ?
-Tu n’imagines même pas à quel point.
-Tu as encore un peu de temps avant qu’on soit obligés de partir. Je peux te changer les idées si tu veux…. »

Il effleure mes lèvres puis descends dans mon cou, déposant maintes baiser sur son passage, glissant lentement vers mon épaule. Je me fais avoir avant de le repousser en riant.

« Si tu commences comme ça, on est pas prêts de partir et tu le sais très bien ! »

Il sait parfaitement l’effet qu’il me fait, ce traître. Il sourit, fier de sa bêtise. il n’était pas sérieux quant à ses intentions, il cherchait juste à me provoquer un peu. Je lui envoie une bourrade dans le biceps pour le principe

« Espèce de vampire sournois ! »

Il attrape mon poing alors que je viens de le percuter.

« Ca a fonctionné non ?
-Un peu trop même.
-Ca ne t’a pas déplut ?
-Ca ne me déplait jamais.
-Parfait alors, pourquoi tu n’es pas contente ? Tu veux que je continue ?
-Non ! »

Je me débats jusqu’à ce qu’il me relâche et je fuis à l’autre bout de la pièce.

« Il faut qu’on parte.
-On sera en avance. tes cheveux, tu les laisses comme ça ?
-Ca ne te plait pas ?
-Je te trouve toujours magnifique. Mais ils ne vont pas te gêner ?
-Peut-être »

J’attrape un ruban, faisant une longue tresse et le nouant au bout. Les yeux de Noctis pétillent. Je ne veux pas savoir ce qu’il pense à cet instant. Probablement les milles façons dont il pourrait défaire cette tresse. Je repousse les vilaines pensées de mon esprit, attrapant ma propre cape. Là où celle de Noctis est d’un beau brun, la mienne est grise bordée de fourrure. Nous sommes dans un quartier relativement aisé et le meilleur moyen pour passer inaperçu est de porter de beaux tissus de bonne qualité.

Nous passons tout deux nos capes, lui rabattant sa capuche et moi laissant mes cheveux au vent. Nous sortons dans la rue et je referme derrière moi tandis que mon compagnon surveille les alentours en quête d’un potentiel danger. Il est toujours méfiant, à croire que c’est lui qui a passé sa vie poursuivi par des assassins. La reine lui a-t-elle déjà envoyé des gardes pour le ramener de force au palais ? Je me demande comme il est possible de l’attraper avec son pouvoir de téléportation.
Nous nous engageons dans la rue et je me laisse guider par le prince. Il connait des raccourci que je ne connais pas encore, ainsi que les plus beaux panoramas que peut nous offrir la ville. Je soupçonne d’ailleurs qu’il fait exprès de nous faire passer dans de jolis endroits tandis que nous rejoignons le point de rendez-vous. Une place excentrée où séjourne une magnifique fontaine. Des boutiques et des cafés entourent la place, et quelques vieux chênes offrent une ombre bienvenue en été.

Je m’assoie sur la margelle qui entoure le bassin de la fontaine et cherche les doigts de Noctis pour l’inviter à s’asseoir à côté de moi. Il n’est pas tranquille. S’attend-t-il à une embuscade ? Probablement. Pourtant les Oubliés sont de l’histoire désarmais ancienne, et ils ne sévissaient pas dans ce royaume. Peu de chance qu’il arrive quelque chose, donc. Je caresse le dos de sa main pour le tranquilliser. Son regard croise le mien, ses yeux de félins à semi-cachés par la pénombre de sa capuche. Il s’adoucit un instant avant de reprendre sa surveillance. Sa tension commence à me rendre nerveuse et j’accentue la pression de mes caresses, autant pour me rassurer que pour le faire se concentrer sur autre chose.

Nous observons un moment la place.

Je le reconnais immédiatement. Son visage est le même que lorsqu’il avait 16 ans. Cependant, ce n’est plus un adolescent qui s’avance mais bien un homme. Il me cherche des yeux. J’ai dû bien changé, il n’a connu que l’enfant de cinq ans. Le bambin qui courrait maladroitement derrière lui. Je suis désormais une jeune femme. Je me lève pour aller à sa rencontre. Noctis me retient par la main, discrètement. Il me souffle dans un grondement ;

« C’est un vampire. »

Je reporte mon attention sur mon tendre compagnon. Il ne quitte pas du regard Keigo. Un vampire ? Pardon ? Mon frère était un humain. Je me rassoie à côté de Noctis, mon mouvement n’ayant pas attiré l’attention de l’inconnu. Noctis reprend ;

« Tu es sûre de toi ?

-Oui…? »

Depuis qu’il m’a posé la question, je le suis beaucoup moins. Le visage est identique. Mais la démarche, la gestuelle, beaucoup moins. Il y a un sérieux et un maintien dans sa posture. Il n’y a plus rien de l’enfant que j’ai connu si ce n’est ce visage transformé par les années. Je peux deviner son regard dur. Lui aussi inspecte les environs. Je tourne la tête vers Noctis, dissimulant mon visage derrière des mèches lâchent de ma tresse pour me ménager un peu de temps. Noctis surveille le nouveau venu, attendant patiemment ma décision. Mon coeur bat fort, peut-il l’entendre ? Je dois prendre une décision. Je suis quasiment sûre de moi. Quelles sont les chances qu’un parfait inconnu ressemblant trait pour trait à mon frère se pointe pile poil au lieu de rendez-vous à l’heure convenue ? Soit c’est un parfait traquenard, soit c’est une coïncidence impossible. Peut-être que Keigo a été transformé ? Après tout, je ne lui ai pas non plus parlé de ma transformation. Il sait simplement que je vis désormais dans la capitale vampirique.

Je finis par me décider. Je me lève, gonflant mon courage à bloc. Noctis me relâche la main, me laissant prendre deux pas d’avance avant de me suivre. Il reste dissimulé dans sa cape, ombre dangereuse derrière moi. Keigo nous repère. Son regard me balaie avant de se poser sur Noctis pour l’analyser et revenir sur moi pour me détailler des pieds à la tête. Il semble avoir une illumination puisque son visage s’éclaire et il s’approche plus franchement de moi. Il m’ouvre ses bras. J’ai un temps d’arrêt, jaugeant la situation avant d’accepter l’étreinte. Je me doute plus que je ne vois que Noctis s’hérisse derrière moi. J’abrège l’étreinte tandis que Keigo prend la parole d’une voix chargée d’émotions ;

« Tu as bien grandis. Quelle belle femme tu es devenue ! »

Je rougis, me reculant d’un pas pour retourner au niveau de Noctis dans une recherche ridicule de protection. C’est bien Keigo devant moi. Je le sais, maintenant que j’ai senti ses bras autour de moi. Je suis intimidée par sa présence. Il est un fantôme revenu de mon passé, et je retrouve ainsi ma dernière famille vivante. Que pourrait faire Noctis ? Sa simple présence est déjà d’un grand réconfort. Tescanda m’envoie une onde d’encouragement. Keigo se crispe en posant ses yeux sur mon ombre vivante;

« A qui ais-je l’honneur ? »

Je sens la pression du corps de Noctis tandis qu’il s’approche de moi dans une attitude qui se veut rassurante mais défiante vis à vis de Keigo. Ne connaissant plus mon frère mais me rappelant de l’enfant qu’il fut, je préfère désamorcer la bombe avant qu’elle ne soit enclenchée, coupant la parole à Noctis ;

« Mon compagnon. »

Je ne précise rien de plus, restant volontairement vague. Il pourrait être un compagnon de voyage autant que mon compagnon de vie. Je reste auprès de lui et force un sourire envers Keigo, qui ne se détend toujours pas, le regard fixé sur Noctis.

« Nous nous connaissons depuis un moment. »

Noctis reste silencieux et je prends ça comme un acte pour me laisser gérer. Je me retiens de chercher sa main pour la serrer dans la mienne. Mon frère reste méfiant mais semble se désintéresser de cette ombre. Il a comprit que l’affronter ne servirait à rien. En même temps, je refuse de voir un combat entre les deux. Noctis réagirait uniquement dans le but de me protéger, mais de façon impulsive. Keigo, à l’esprit compétitif, monterait au créneau juste pour assurer sa supériorité. Ce n’est pas le moment. Et je ne suis pas un trophée que mon petit ami et mon frère peuvent se disputer. Je m’appuie légèrement contre le torse du prince avant de me réavancer vers mon frère.

« Depuis quand es-tu vampire ? Tu ne me l’avais pas précisé dans la lettre.

-Depuis plusieurs années. Après l’attaque du manoir, je me suis réfugié à Elvendil, auprès d’amis. Etre transformé m’a garanti une vie plus en sécurité que si j’étais resté humain. Et puis, toi aussi, tu as changé. Père serait déconcerté par nos choix de vie.
-Sa précieuse famille humaine devenue vampire. Au moins, nous sommes tout les deux vivants, c’est le principal n’est-ce pas ? »

Keigo passe sa main dans ses cheveux noirs, se décoiffant au passage.

« Allons nous installer quelque part, si le coeur vous en dit. Nous y serons mieux que debout au milieu de la place. »

Je jette un coup d’oeil à Noctis qui hoche légèrement la tête, signalant son accord. Je lui souris, peinée. J’aimerai qu’il ne se mette pas autant volontairement à l’écart. Mais il semble toujours en phase d’observation. A quoi peut-il penser ?

« On te suit. »

Keigo nous entraîne vers l’un des cafés de la place. Un serveur nous installe à l’intérieur, après que j’ai demandé expressément un coin tranquille. Noctis enlève enfin sa capuche. Keigo l’observe en biais avant de réengager la conversation.

Nous passons l’après-midi sur place. Commandons plusieurs fois. Dînons même ensemble. Noctis et Keigo trouvent plusieurs fois moyen de se liguer contre moi, et je les soupçonne de développer de réellement amitié. Leur méfiance mutuelle s’apaise avec les heures qui défilent.

Lorsque la nuit tombe et que l’air devient vraiment frais, d’un accord commun nous décidons de rentrer chez nous. Tandis que nous saluons Keigo, je m’appuie à nouveau contre Noctis, marque discrète d’affection qui n’échappe malheureusement pas à mon frère. Avec un sourire complice, il demande ;

« Vous êtes plus que simples amis n’est-ce pas ? »

Mon rougissement me trahit. Nous avons fait de notre mieux -en tout cas moi oui- pour maintenir une certaine distance toute la journée entre Noctis et moi. Mon cher et tendre répond à ma place ;

« Est-ce si important? Elle est heureuse. Je serai tout ce qui lui est nécessaire pour qu’elle le reste. Ami, amant…
-Je vois. Nous nous reverrons, et si je la vois pleurer, c’est toi que je prendrai pour responsable. Tu es prévenu.
-Je ne la ferai jamais pleurer.

-Eh, je suis là ! »

Mon intervention coupe le dialogue des deux hommes de ma vie. Ils portent leur attention sur moi, Noctis un sourire malicieux sur le visage et Keigo plutôt surpris de se rappeler de ma présence.

« Personne ne menace personne. Je suis la plus à même de botter le cul de celui qui me fera pleurer. Ne vous inquiétez pas pour moi. Et je vous interdis de devenir copains comme cochons pour brimer ma liberté.
-Nous n’oserions jamais, petite soeur »

Ce genre de réponse qui veut expressément dire le contraire. Je viens de gagner un troisième protecteur étouffant. Génial. J’ai passé des années à esquiver un dragon. Un Sang-Pur c’était déjà un nouveau challenge. Un nouveau vampire, qui possède le même sang et une bonne partie de ma roublardise innée, ça va être nettement plus compliqué. Ma vie va devenir un jeu de cache-cache permanent.

Nous faisons nos au-revoir une nouvelle fois. Keigo part dans une direction différente de la nôtre. Il s’est établit depuis quelques années dans une maison en banlieue de la capitale. C’est lui qui, de loin, s’est occupé des possessions Deb. Il a abandonné sa carrière militaire pour reprendre le flambeau de la famille, et avec succès. Il nous a fait part de son désir de retourner vivre à Myridia, au plus près de notre passé. Je lui ai assuré que je préférais rester à Elvendil, où j’ai bien plus de bons souvenirs que de mauvais. Il a saisit. De toute façon, il va rester encore un moment dans le coin car il n’est pas encore prêt à abandonner la vie qu’il a bâti ici. Je ne peux que l’encourager à rester non loin de moi, alors que nous avons été séparé durant de trop nombreuses années.

Sur le chemin du retour j’entrelace mes doigts à ceux de Noctis. Il est encore encapuchonné, comme à son habitude quand nous nous baladons en public. Mais ce soir, à la nuit tombée, et avec le vent frais, j’ai rabattu également la mienne. Nous rentrons tranquillement, comme un couple flânant dans les rues à la nuit tombée.

« - J’ai trouvé que tu t’entendais drôlement bien avec Keigo.
- Je ne peux pas m’entendre mal avec tout ton entourage masculin.
- Tescanda te déteste et tu lui rends bien.
- Justement, j’ai besoin d’alliés contre lui. »

Je lui envoie une bourrade dans le ventre, outrée et amusée qu’il parle ainsi de mon lié.

« Un jour il va te dévorer.
- Je t’aurai dévoré bien avant ça.
- Noctis ! »

Je tente de lui envoyer un nouveau coup mais il esquive. Je m’éloigne en fuyant avant qu’il ai le temps de répliquer. Il me poursuit, prenant garde à ne pas se téléporte pour ne pas attirer l’attention sur nous. A vitesse vampirique, nous rentrons. Il me laisse suffisamment d’avance pour que j’ai le temps de déverrouiller ma porte. Je lui claque au nez avant qu’il ne m’attrape. Et sans aucune surprise, il se téléporte à l’intérieur de mon salon, me plaquant contre la porte pour m’embrasser. Nous rions comme deux gamins tout en nous embrassant. Et la suite de l’histoire restera à la discrétion de la nuit.

Keigo portrait ~ 30 ans:

©️junne.



Aiko Deb
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Jeu 19 Aoû - 18:25

Après la naissance des enfants
L'amour n'est pas divisé. L'amour se décuple.



La nuit est tombée depuis bien longtemps. Le silence s’est abattu sur le palais. Je longe les trois berceaux alignés face à l’immense verrière qui donne sur le vaste ciel étoilé. Une porte en verre donne accès à un large balcon qui sert de repère à Tescanda. Mon lié est allongé, silhouette obscure veillant sur mes précieux enfants. Il ouvre un œil lunaire pour m’observer à travers la vitre avant de refermer la paupière. Je reporte mon attention sur mes trésors.

Gabriel, l’aîné. L’héritier. Celui qui succèdera un jour à Noctis et moi. Il dort, apaisé. Je caresse sa joue de poupon et il ne remue pas. Dans quels rêves merveilleux est-il entraîné ? Beaucoup de responsabilités finiront sur ses épaules, et je crains qu’il ne le supporte pas. Voudra-t-il fuir le trône comme Noctis l’a fait pendant tant de siècles ? Je ferai de mon mieux pour alléger sa peine aussi longtemps que le ciel m’en donnera l’occasion. Qu’il profite de sa jeunesse et de sa liberté au maximum. Qu’il n’ai aucun regret lorsqu’il reprendra notre flambeau.

Nyx. Seconde à être venue au monde. Certainement celle qui nous posera le plus de problème. Elle ne marche pas encore qu’elle disparait si on cligne des yeux. Grognon et très expressive, il est difficile d’oublier sa présence. Ses sourcils sont froncés et elle se débat dans son sommeil. Je me demande ce que nous réservera sa vie. Probablement beaucoup d’inquiétude et des aventures palpitantes à nos dépens.

Laïna. La dernière. Quand je m’approche, elle est réveillée. Elle me regarde avec ses grands yeux dorés. Elle ne dit pas un mot, me détaille. Quand j’approche ma main elle me saisit les doigts. Je souris. La plus calme et la plus éveillée des triplés. Silencieuse et intelligente, déjà très autonome mais demandant de l’affection. Je ne serai pas étonnée si un jour elle partait découvrir le vaste monde pour en accumuler toutes les connaissances. Ma douce fille sera certainement celle qui servira de socle à la famille si un jour je disparaissais. Elle n’est encore qu’un bébé, mais j’ai toute confiance en elle. Un instinct purement maternel qui me dicte que Laïna sera toujours capable de prendre la relève s’il arrive quoi que ce soit. Je caresse sa joue tandis qu’elle me relâche. Elle ferme les yeux et je dépose un baiser sur son front, lui murmurant de dormir. Elle obéit sans rechigner. Je souris.

Je me tourne vers le coin de la pièce, dans l’endroit le plus obscur. Je sais qu’il se tient là. Il est une ombre parmi les ombres. Je tends la main vers lui. Noctis s’avance dans la lumière des étoiles, ses yeux de félin brillant presque dans l’obscurité. Il entrelace ses doigts aux miens. Il veille en gardant ses distances mais prodigue autant d’amour qu’il le peut à nos enfants. Je l’attire vers moi et me blottis contre lui. Je lève les yeux vers lui et je lui murmure, pour ne pas réveiller notre progéniture ;

« Ce sont nos trésors. Le fruit de notre amour. Je ne te remercierai jamais assez de ces cadeaux inestimables. »


©️junne.



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Sam 21 Aoû - 18:18

Aiko - Willelhmina
Two mirror souls; Same but different.


OS supprimé par erreur, oups ♥ A remplacer
©️junne.



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Dim 22 Aoû - 13:57

Après la naissance des enfants : 6 ans
Souvenir d'été



« Ces roses nous serviront à faire une infusion. Choisis les plus belles, on les fera tremper dans de l’eau bouillante, et quand ce sera froid on pourra en profiter. »

Je montre la rose à Laïna qui hoche la tête et se met au travail, à genoux dans l’herbe. Concentrée sur sa tâche, elle prend méticuleusement les roses qu’elle trouve les plus jolies. Je l’observe un instant, un sourire aux lèvres. Elle a 6 ans. Douce et organisée, elle préfère se réfugier à la bibliothèque durant son temps libre. Mais lorsque je lui propose une activité, elle repose son livre et accoure vers moi, même s’il s’agit de jardinage. C’est une enfant éveillée. Elle grandit bien vite et je regrette déjà qu’elle devienne une petite fille, laissant derrière elle le bébé qu’elle fut. Je pose la rose dans le panier en osier que j’ai emmené avec nous. Le soleil brille, et nous profitons tous d’un jour de repos.

Un cri d’enfant attire mon attention et je tourne la tête. Un nouveau sourire tendre se dessine sur mes lèvres. Nyx poursuit son père armée d’un bâton de bois. Il se téléporte, la faisant tourner en bourrique. Gaby tente de suivre le jeu, décontenancé par la brutalité de sa jeune sœur. Noctis finit par la saisir et la jeter par-dessus son épaule. Elle hurle de plus belle, riant à moitié et se débat. Gabriel vole à son secours, sautant et s’accrochant aux vêtements de son père, et mon époux finit par relâcher sa victime avant de se téléporter un peu plus loin. Les deux triplés repartent en courant à la poursuite de leur père. Il croise mon regard et me sourit, profitant du laps de temps où les enfants ne l’ont pas encore atteint. Il se téléporte à nouveau avant d’être attrapé.

Je pousse un cri lorsque je sens ses bras se refermer sur moi et que je quitte le sol. Même Laïna bondit sur ses pieds, ne s’attendant pas du tout à être ainsi dérangée dans notre activité calme. Mon époux s’écrit à l’intention des enfants ;

« On ne dinera que lorsque vous aurez réussi à récupérer maman ! »

Et il se téléporte avec moi dans les bras sans me laisser le choix. Je finis par rire tandis que nous réapparaissons plus loin dans le jardin, dans le champ de vision des triplés. Mes pieds touchent terre et je me retourne dans son étreinte solide.

« Ils n’y arriveront jamais si tu ne leur donne pas une chance.
- Je me demande simplement quand est-ce qu’ils vont appeler le joker.
- Le joker ?
- Tescanda.
- Il va être furieux.
- C’est l’idée »

Je ris de plus belle.



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Sam 4 Sep - 19:45

Coma : rencontre
Nous nous retrouverons.


Je sens une présence. Faible, éparse, hésitante. L’obscurité me semble soudain moins étouffante. L’odeur caractéristique de cendres. Je me lève à la recherche de la source de tout cela. Mais bien évidemment la salle où je me trouve est toujours aussi vide. Une sensation d’urgence m’étreint le cœur. Elle est là, quelque part. Je ne sais pas où. Je me précipite à la fenêtre, collant mon visage pour essayer d’y voir au maximum autour de moi. Il n’y a que cette nuit étoilée infinie qui s’éteint petit à petit. Je frappe contre le carreau. Encore. Et encore. Il y a quelqu’un, je le sais, je le sens. Là, tout à l’extérieur. Mais je suis incapable de l’atteindre ou même de trouver cet être égaré.
Je continue de frapper. Mon poing me lance douloureusement. Mais je continue, serrant les dents, y mettant toute ma force. Pour la première fois depuis ce qu’il me semble une éternité, une lueur d’espoir a surgit. Et puis soudain, je la vois, cette silhouette qui semble flotter dans l’espace. Une créature noyée d’obscurité qui se laisse porter par des vagues invisibles, dissimulant une à une les étoiles à son passage avant que ces dernières ne reviennent éclairer ma misérable vie. Je m’immobilise, les sens aux aguets. Elle dort. Ses cheveux d’argents reflètent la lumière des étoiles. Sa peau opalescente a l’éclat de la lune. Et je sais que sous ses paupières closes, un regard d’azur pourrait incendier mon âme.
Je hurle pour attirer son attention, à m’en briser la voix. Je ne sais plus son prénom, alors je me contente de m’époumoner en espérant la réveiller. Mais elle continue de flotter, inerte dans l’immensité. Je recommence à frapper contre la vitre. Moi qui ne ressentait plus que le désespoir depuis longtemps, mon cœur se contorsionne sous le besoin impérieux de rejoindre cet enfant qui sommeil. Un poison brûle mes veines. Mon âme saigne.

Et puis soudain, une ombre gigantesque apparaît devant ma vitre, s’y arrêtant. Un museau d’obscurité où se dessinent d’immenses crocs laisse la place à un œil à la couleur d’un blanc pur. Et cet œil se braque soudainement sur moi. Je fais un bond en arrière, détaillant l’immense monstre écailleux. Tescanda..

Je me laisse tomber en arrière, sidérée par cette apparition. Elle est là, et elle l’a amené avec elle. A moins que ce ne soit lui qui rôde autour de son corps endormi, tel un garde silencieux et éternel ? Il m’a reconnut. Son attention est toute tournée vers moi. Je vois l’immense gueule faire volte-face avant que des crocs tentent de s’abattre sur la vitre pour briser ma prison. Elles ne raillent même pas le verre. Un déluge de griffes s’ensuit, dans une bataille perdue d’avance. Pourtant, aucun son ne me parvient depuis l’autre côté. Je vois le dragon de jais s’acharner mais je ne l’entends pas. Il se recule et je vois pour ce qui me semble être la première fois son immense tête. Je le redécouvre, dans sa beauté sauvage et toute l’épouvante prédatrice qu’il peut susciter à ses proies. Il ouvre la gueule dans ce que je devine être un gémissement pitoyable. Je m’approche de la fenêtre et y pose mon front, incapable de retenir mes larmes. Il est là, et je ne peux pas le toucher. Je connais tout de lui et il connait tout de moi. J’aimerai poser ma main contre son museau ne serait-ce qu’une dernière fois, sentir son souffle chaud m’envahir et la rugosité de ses écailles sous mes doigts. Je le vois tourner la tête, intéressé par le corps qui continue de s’éloigner. Je suis son regard. Elle continue son trajet, inconsciente de la scène qui se joue juste là. Tescanda m’observe à nouveau. Je plonge mes yeux dans les siens, tâtonnant dans mon esprit à la recherche de ce qui nous liait autrefois. Mais je suis incapable de savoir si c’est ma prison qui inhibe notre lien ou s’il s’agit d’une option plus funeste. Il reporte son attention sur le corps de la créature endormie. Sa gueule s’entrouvre. Il est déchiré entre sa mission de la surveiller et celle de rester auprès de moi et chercher un moyen de me sauver. Je lui lance un pauvre sourire. Au fond de moi, je sais que cet être que je suis pourtant incapable de reconnaître vaut mille fois ma vie. A choisir, ce sera toujours elle. C’est ancré dans mes veines, je serai capable de tout sacrifier pour cette belle endormie. Même ma liberté. Je recule de la fenêtre, le visage noyé de larmes asséchée depuis longtemps, avant de me rassoir, me forçant à sourire. Je me résigne. Rejoins-la. Sauve-la. Je peux attendre, mon tour viendra.. Le dragon de ténèbres exprime un nouveau râle, aussi torturé que je peux l’être. Il m’observe, et dans son regard je peux y lire tout son amour. Un sentiment aussi infini que l’immensité qui nous entoure. Je suis à toi et tu es à moi. Mais je dois te laisser partir, pour notre bien.. C’est une amère évidence qui me frappe. Nos chemins se séparent ici. Simple conclusion d’une fin qui a commencé il y a déjà longtemps. Le Final End d’une histoire merveilleuse. Va, mais ne m’oublie pas.. Mon doux géant se détourne d’un coup de patte las. Il serpente un instant, s’éloignant de ma prison, avant de s’arrêter et de jeter un coup d’œil en arrière. Son regard de lumière tranche avec son corps fait d’ombres. Puis il reprend sa route, ondulant dans le ciel infini, gardant une distance respectueuse avec l’être qu’il garde. Je me rapproche de la fenêtre et regarde disparaître les deux corps, dévorés par l’obscurité de l’espace. Je grave dans mon esprit autant que dans ma peau avec mes ongles de simples mots pour figer la dernière promesse muette de Tescanda ;

Nous nous retrouverons.


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Mar 14 Sep - 21:28

Inclassable
Juste un coup d'inspi en lien avec Aiko-bébé ♥


Je veux te voir danser au gré des vagues. Je veux voir l’écume blanche embrasser tes mollets d’albâtre. Je veux entendre ton rire noyé dans le bruit du ressac. Je veux voir ton sourire bien plus lumineux que le crépuscule qui s’abat derrière toi. Je veux que chaque instant, que chaque infime partie de ton être, soit gravé dans mon esprit. Maintenant et à jamais. Je veux que le vent qui te caresse m’apporte le parfum de ta peau. Chaque fois que je tente de te saisir entre mes doigts tu t’évanouis dans le zéphyr, telle une cruelle illusion. Maîtresse de Cœur, Reine d’Amour. Enfant de délice. Tu as conquis le royaume de mon âme d’un seul regard. D’un toucher tu as abattu les murailles qui me protégeaient. Devant toi je m’agenouillerai autant de fois qu’il le faudra pour te réitérer ma dévotion. Je brûlerai la glace et congèlerai la lave si tu me le demande. J’inverserai la nuit et le jour, je marcherai à travers le ciel et je compterai les étoiles pour que tu me regardes à nouveau.

Offre-moi tes bras pour que je m’y noie.

Je t’offrirai mon cœur pour que plus jamais tu n’ai froid.

Je te jure qu’à partir de cet instant et pour l’éternité il n’y aura que toi.


©️junne.



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Jeu 16 Sep - 21:49

Deux ans après le couronnement
Les étoiles reviennent toujours chez elles


Les lourdes portes de bois renforcées s’ouvrent sur le maire Dealan et moi. Le vieux falariel reste silencieux le temps que je découvre l’enceinte intérieur du bastion. Elcarir était déjà impressionnante de loin. Mais lorsque l’on franchit ses lourdes murailles noircies de suie, on prend conscience du passé défensif de la citadelle. Nous traversons le tunnel qui permet d’accéder à la cour intérieure. Là se trouvent divers baraquement, que ce soit la forge ou les écuries. Quelques stands de marché se pressent les uns contre les autres, et quelques résidents de la citadelle m’observent avec curiosité. Je leur souris. Le maire reprend la conversation là où nous nous étions arrêtés ;

« Comme je vous l’expliquais, le château d’Elcarir a sa vie propre. La population peut venir se réfugier dans le premier cercle de défense en cas de siège de la ville. Un puits se trouve un petit peu plus loin, et il y a toujours des provisions engrangées. Même si nous sommes en temps de paix, je veux être prêt à toute éventualité. »


J’acquiesce en le suivant de prêt, détaillant avidement chaque détail du spectacle qui s’offre à moi. On se croirait dans une petite ville au cœur d’une ville plus grande. Le vieux bourg d’Elcarir a brûlé il y a longtemps. Son centre de vie s’est donc déporté vers le port, qui bruisse d’animation à toute heure du jour et de la nuit. Le vieux bourg est relativement calme et on a gardé les traces du grand incendie qui l’a ravagé. Le château a été touché, mais les pierres ont évidemment résistés. Les cendres, en se reposant, ont teinté toutes les zones épargnées. Pourtant, dans cette noirceur ambiante qui n’arrive pas à être lavé par la pluie tant elle est incrustée dans l’âme de la ville, on y trouve un cœur qui bat fort et au rythme de la musique des troubadours qui arpentent les rues. Le premier cercle du château, bien que plus tranquille que le port, connait cette même fièvre de la vie. Hennissements. Caquètement. Bêlements. Les gens se hèlent d’un bout à l’autre, on crie, on rit. Nous nous approchons d’une seconde muraille, encore plus haute que la première. Son ombre s’étend loin sur le sol, et je suis obligée de basculer ma tête en arrière pour voir le sommet du mur. De nouveaux gardes sont en poste. Un ordre est lancé vers l’une des tours qui encadrent la herse, et cette dernière se lève lentement à notre approche.

« L’entrée du premier cercle est déjà contrôlé, par souci de sécurité, bien que la ville soit très paisible. Le second cercle est inaccessible à la population. Il renferme notre patrimoine et nos trésors. »

Nous passons sous la herse. Je me sens écrasée par la quantité de pierres qui m’entoure, désormais. Je peux même sentir la magie qui en émane. Le Bastion d’Elcarir n’est pas seulement protégée physiquement ; il l’est également magiquement. Sa renommée n’est plus à faire depuis longtemps. Un court jardin verdoyant nous accueille, avant de laisser la place à la façade du château. Sobre, imposante, aussi noire que les murailles. Il n’y a pas de fenêtres au rez de chaussée et au premier étage, simplement quelques meurtrières. Au deuxième étage d’étroites fenêtres semblent nous observer, grillagées par ce qu’il me semble être de l’acier. Des ouvertures dans les murailles qui nous entourent promettent de nombreux secrets. Le maire remarque que mon attention s’y est portée.

« Ces portes mènent aux différents sous sols creusés dans la montagne. On y retrouve les baraquements, notamment. Tout ne pouvait pas loger en surface, il a fallu faire des choix. Voulez-vous visiter ?
-Non, ça ira, je vous remercie. Je suis surtout curieuse de ce dont nous avons parlés. »

Le maire hoche la tête. Nous grimpons quelques marches qui nous séparent de la double porte du château en lui-même, tout aussi lourdement renforcée que la première, et elle pivote comme si elle possédait une vie propre. A l’intérieur, nous croisons un majordome qui s’avance. Je devine un humain sous ses airs affables.

« Reine Tinuviel, Monsieur le Maire, nous vous attendions. »

Je salue l’homme d’un sourire, tandis que Dealan lui donne une tape amicale sur l’épaule. Le Maire m’entraîne à sa suite tandis que nous laissons le majordome retourner vaquer à ses occupations. L’éclairage est assuré par des lustres et des flambeaux. La décoration est épurée, laissant la majesté aux vieilles pierres. Quelques tapis et tapisseries permettent de maintenir un minimum de chaleur. Nous continuons la visite.

« Le Château appartenait à la famille du Seigneur Andromedea. La lignée s’est éteinte il y a une dizaine d’années, et dans son testament le Seigneur a légué ses biens à la ville. Comme vous le savez, nous fonctionnons avec un système d’élections depuis. Le système a ses défauts, mais la ville étant, comme je vous l’ai déjà dit, paisible, nous en sommes heureux. Évidemment, comme vous vous en doutez, nous sommes loyaux à la couronne. »

La dernière phrase est ajoutée avec un semblant de panique dans la voix. Pourtant, depuis que j’ai rejoins la famille royale vampirique, il est bien connu que je suis la plus accessible. Le peuple craint autant qu’il admire la Reine Mère et reste méfiant du nouveau Roi qui était si peu présent ce dernier millénaire. Pour le peuple vampirique, je suis une arriviste. Je suis lentement appréciée par mes semblables. Mais je sais, par le réseau d’espions, que ma présence est largement approuvée par les autres races. Mon arrivée dans le cercle très fermé des Sang Pur est vue comme une aubaine pour renouer de vieux liens et décoincer une routine millénaire. Autant avouer que je suis terrifiée de faire le moindre faux pas. Cela fait quelques années déjà, pourtant je suis toujours pétrifiée lorsque je perds l’équilibre en publique ou que je suis incapable de donner une réponse à une réunion. Mortifiée serait peut-être le terme le plus juste. Finalement, là où je suis le plus à l’aise reste avec les relations publiques. Je m’entends bien avec ceux que je rencontre, et ils me le rendent. Ainsi donc, le fait que le maire ait peur de moi m’amuse plus qu’autre chose.

Nous traversons des couloirs d’un pas lent afin que je puisse observer les quelques tableaux accrochés ci- et-là, ainsi que les fresques sur les tapisseries.

« L’entièreté du château a été pensé et construit pour soutenir des guerres magiques et des sièges de longue durée. Jusqu’à présent, il n’a jamais été prit. Ni par le ciel, ni par la terre. Beaucoup de livres relatent les batailles qui se sont déroulées à ses pieds. »

Essaie-t-il de me vendre le château d’Elcarir ? Cette idée m’amuse. Serait-ce si mal que ça d’habiter ici ? Après tout, le dernier résident est décédé depuis longtemps. Ce bastion qui a traversé les âges ne sert désormais plus que de dépôts et de lieux de balade pour quelques privilégiés.

« Y a-t-il une bibliothèque ?
- Elle n’est pas très grande, mais elle existe bien. Ce sont cependant beaucoup d’archives et de textes en lien avec le château ou la ville. Voulez-vous la voir ?
- Ca me ferait très plaisir. »

Il est peu probable que la bibliothèque d’Elcarir puisse rivaliser ne serait-ce qu’avec une seule des bibliothèques d’Elvendil. Mais par curiosité, je veux voir. Le maire oblique dans une nouvelle direction et je le suis obligeamment. Nous parcourons de nouveaux couloirs qui ressemblent plus à des tunnels qu’autre chose, éclairés uniquement par des flambeaux et au plafond bas. Il me semble que nous descendons légèrement. La bibliothèque est-elle souterraine ?
Le maire pousse une petite porte qui ne paye pas de mine. Bingo. Derrière, dans ce qui ressemble plus à une cave qu’a une bibliothèque, quelques rayonnages s’étendent. Tout est dans le noir complet. Le Maire, d’un tour de main, allume le lustre qui surplombe le tout. La bibliothèque doit faire environ la taille du bureau de Noctis. Une pièce que je trouve habituellement sacrément vaste pour ce qu’elle contient –c'est-à-dire pas grand-chose-, mais ici tellement remplie qu’on se sent à l’étroit.

« Comme je vous l’ai dit, la bibliothèque est petite. Elle mériterait certainement à être déplacée, mais je n’ai pas le cœur à toucher à quoi que ce soit dans ce château. Le Seigneur Andromedea était très apprécié. »

Une fois que le Maire remarque que ma curiosité s’est tarie, il éteint le lustre par magie. Il referme la porte et nous rebroussons chemin.

« Le rez de chaussé est essentiellement composé des quartiers des domestiques. On y retrouve également les cuisines. Les chambres d’invités et les bureaux sont au premier. Au second, on retrouve les appartements du Seigneur et de sa famille. Le premier étage est toujours utilisé, mais plus le second. »


Nous grimpons un escalier en pierre. Tout le château en est fait, il n’y a pas une once de bois, si ce n’est dans les quelques cheminées que nous croisons et les portes renforcées. Rien ne peut brûler ici. Même le mobilier semble être fait dans un métal étrange. Le Grand Incendie, le traumatisme de plusieurs générations ?
Nous passons devant différentes portes. J’y devine les bureaux et les salons. Pas de salle de bal. Pas de salle du trône. Le Bastion d’Elcarir n’est pas fait pour régner sur un royaume. Il est fait pour protéger une ville et ses occupants. Il n’a rien d’un château de plaisance. Pourtant, j’en aime l’ambiance austère et sereine. Dans ce mastodonte de roche, on se sent en sécurité. Comme si le monde entier pouvait s’écrouler sans que le château ne frémisse. Je n’ai pas vu de balcon, je doute qu’il y ai le moindre jardin intérieur. Le bâtiment a été pensé pour tenir sur une montagne et être compacte. Tout est enfermé dans une double muraille large, encloché par une magie défensive puissante. Je peux sans mal imaginer les conseils de guerre qui se sont tenu derrière ces portes fermées.

« Nous arrivons à ce que je voulais vous montrer. »

La porte en question ne se discerne pas des autres. Pourtant, le Maire Dealan sort une clé pour la déverrouiller. Évidemment, ma curiosité est à nouveau piquée. Qu’est-ce qui mérite d’être ainsi scellé, dans ce trésor de sécurité qu’est le Bastion ? Le vieux falariel pousse la porte et allume les torches. Ce n’est pourtant pas leur lumière qui attire mon regard, plutôt le joyau qui brille d’un éclat bleuté.

« Par ici, ma Reine. »

Je reporte mon attention sur lui. Il indique un tableau posé au sol. Je m’approche de la toile dissimulée sous un drap qui ne possède pas une once de poussière malgré les années qui sont passées.

« La soeur du dernier Seigneur avait le don de voir les possibles futurs. Beaucoup ne se réalisaient pas, évidemment. Un choix peut changer la face du monde. Pourtant, elle a peint ce tableau il y a presque trente ans. Il vous revient, majesté. »


Je ne sais pas si je dois avoir peur. Un frisson d’excitation et d’appréhension mélangée me parcoure. J’attrape un coin du drap et avec délicatesse je le relève, découvrant la toile centimètre par centimètre.

C’est un portrait de famille qui a été peint peu avant ma naissance. On y voit une jeune femme assise sur un fauteuil. Debout, légèrement derrière elle, son mari. Ils sont entourés par trois jeunes adultes, probablement leurs enfants. La femme tient un nouveau né dans ses bras. En arrière plan, deux dragons dansent dans le ciel. Un rouge et un noir. Je pose mes doigts sur la peinture, suivant le contour du visage de l’époux. Je pourrais le reconnaître entre mille. Je peux dessiner chaque trait de son visage de mémoire. Je connais la douceur de sa peau et la chaleur de son rire. Je connais la profondeur de son regard d’or. Je connais la passion qui l’anime. C’est mon Roi qui est là, debout, en tenue d’apparat. El la femme à ses côtés… J’ai l’impression de regarder dans un miroir rapetissant. C’est moi. Identique à celle que je suis déjà. Avec ma cascade de cheveux noirs, avec les yeux bleus perçants et un sourire accroché au visage. Je reconnais les deux dragons en arrière, Alex et Tescanda. Je suis cependant étonnée qu’Alex ne soit pas représenté sous sa forme de reine vampire. Quant aux trois inconnus qui nous entourent et le bébé que je tiens contre moi… Mon cœur semble assourdissant dans ma poitrine.

« Quand ? »

Un simplement mot d’où je fais jaillir toute l’urgence de ma détresse. Quand ce futur est censé se dérouler ? Je sais qui sont ces personnes qui nous entourent. Je reconnais mon doux amour dans les traits des visages. Dans les yeux d’or. Dans la tignasse grise. Dans cet aspect farouche. Ce sont nos enfants. Nous avons déjà abordés le sujet, et nous prenons notre temps. Je sais que nous avons l’éternité devant nous. Quatre enfants ? Cela ne semble pas si étonnant quand on pense que mon aimé a déjà 1600 ans et que je le suivrai dans l’immortalité.

« Nous ne savons pas. Ce tableau a été peint il y a très longtemps, et Gaesha Andromedea perdait la tête à la fin de sa vie.
- Y en a-t-il d’autres ? De tableaux je veux dire.
- Biensûr, mais je doute..
-Montrez-les-moi. »

Il est rare que je donne des ordres. Je m’étonne moi-même. Le Maire obéit, et je le suis jusqu’à un enchevêtrement de tableaux. Je quitte à regret celui où ma future famille est représentée.
Je m’agenouille au sol, me moquant éperdument de me salir. Je saisis le premier tableau, le remettant dans le bon sens pour le découvrir. Une plaine défigurée par une déchirure d’où surgit une patte griffue immense. Je m’en désintéresse. Deux petites filles qui jouent près d’un lac, l’une blonde l’autre aux cheveux blancs. Je repousse la toile sur le côté. Je passe d’autres peintures sans trouver ce qui m’intéresse. Et puis enfin je retrouve un visage familier. Celui de mon père, décédé lorsque j’avais quatre ans. Je le reconnais car mon frère lui ressemble énormément. Des cheveux de jais. Des yeux bleu glacier. A ses côtés, une jeune femme aux cheveux mordorés et aux yeux bleus. Une teinte bleu canard, légèrement différent du mien. Et au sourire éclatant. Mon père lui tient la main.

« Qui est-ce ?
- Nous ne savons pas trop. Madame Andromedea a souvent représenté cet homme, mais nous n’avons jamais réussi à savoir son identité.
- Non, elle..
-Et bien, c’est Gaesha Andromedea, Majesté. Quelques années avant sa mort. C’est son dernier tableau. Elle a peint un souvenir et non le futur. »

Je suis prise d’un terrible pressentiment.

« Comment est-elle morte ?
- Elle s’est laissé dépérir. Comme je vous l’ai dit, elle a perdu la tête sur la fin de sa vie. Probablement à cause de son pouvoir.
- L’homme avec elle, a-t-elle dit quelque chose ?
- Ceux qui le savent sont probablement déjà tous morts, désolé. Cette histoire remonte à loin. »


Je ne peux pas me détacher du regard bleu canard de Gaesha. Je reprends la parole sans lever les yeux vers le Maire ;

« Puis-je emporter les deux tableaux ?
- Si vous le souhaitez, mais je ne comprends pas pourquoi celui-ci..
-Je le trouve beau, tout simplement. »

Le silence du maire laisse filtrer sa suspicion. Il sait que je mens, mais il ne sait pas sur quoi. Il n’a cependant aucun recours pour m’empêcher d’emporter la toile. Je suis sa reine, après tout. Je me relève, faisant un effort surhumain pour ignorer les alarmes dans ma tête ;

« Je vous remercie de m’avoir montré tout ça, monsieur le Maire. Je vous dédommagerai pour les tableaux.
-Non, ne vous en faites pas. C’est un cadeau, Majesté. Prenez-les. Ils pourrissent ici depuis bien trop longtemps de toute manière. »

Pour la première fois depuis notre rencontre, je remarque sa politesse de façade. Ma réaction au second tableau ne lui a pas plut. Il sait que je sais des choses qu’il ignore. Et ça le met probablement en colère. Et bien je m’en contrefiche. Je ne suis sûre de rien. Je ne veux pas me faire de faux espoirs.

A mon retour au palais d’Elvendil, je dissimule les deux tableaux. Le palais est suffisamment immense pour que je conserve mes propres secrets. Le portrait de notre future famille, à Noctis et moi, fait parti d’un futur qui peut s’écrouler. Je ne veux pas l’influencer. Le tableau de mon père et de Gaesha Andromedea est, quant à lui, un désir égoïste d’intimité. Je refuse que mon époux, même si je l’adore plus que ma propre vie, n’y mette son nez.

Quelques semaines après ma visite à Elcarir, mon réseau d’espionnage m’apporte de précieuses informations. Gaesha Andromedea a disparue pendant presque deux ans avant de revenir passer la fin de sa vie au Bastion. Avant cette fugue, elle a fréquenté un jeune veuf du nom d‘Haruo Deb qui avait perdu sa précédente femme en couche, plusieurs années auparavant. Elle est revenue à Elcarir sans jamais révéler ce qu’il s’était passé durant sa fugue et s’est laissé mourir petit à petit avant de finalement mettre un terme à sa vie.

Ma naissance remonte à sa période de fugue.

Je n’ai jamais connu ma mère, je n’ai jamais su si elle était morte ou si elle avait juste abandonné mon père.

Le Manoir de mon enfance a brûlé, emportant avec lui tout ses secrets. Mon père, assassiné, en a fait de même avec les siens.

Il me faut plusieurs semaines supplémentaires pour obtenir des informations du dernier témoin de mon passé : mon frère. Douze ans de différence d’âge. Et des années de silence.

Il me confirme mon pressentiment, alors même qu’il ignorait une partie de l’histoire. Ma mère était bien une jeune femme blonde aux yeux bleus du nom de Gaesha. Notre père et elle se sont aimés. Passionnément. Je suis née désirée de cette union. Keigo ignore pourquoi elle est partie.

Je me décide à taire cette information. Personne n’a besoin de savoir cette partie de mon passé. Je pensais naïvement que Keigo et moi avions la même mère. Personne ne m’avait détrompé. Quand je pense à Gaesha, mes sentiments sont mitigés. Dois-je aimer cette femme que je n’ai jamais connue ? A-t-elle un jour prit de mes nouvelles avant sa mort prématurée ? Pourquoi nous a-t-elle laissé ?

Je reste sur cette affirmation. Je ne suis pas seulement Aiko Deb. Je suis Aiko Deb Andromedea, épouse Tinuviel. Et si cette révélation éclaire mon passé, elle ne dirige pas mon futur.




©️junne.



Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
Aiko Deb
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
Lun 18 Mar - 14:07

Les Panthères
Ressusciter les morts. Créer un miracle pour faire des ravages.

Assise dans les gradins, j’observe le rond de sable déjà gorgé de sang. L’odeur des corps transpirants m’agresse les narines mais je reste imperturbable. Bras croisés sous la poitrine, je suis d’un calme olympien au milieu de la foule déchaînée. La soirée est déjà bien avancée, et je sais que la Panthère va bientôt faire son entrée. Le combat se termine par un k.o magistral d’un falariel immense sur un eliraan déjà mal en point par de précédents combats.
La Panthère est annoncée. Une ovation, les spectateurs sur les gradins se lèvent.

Mon sosie s’avance, le corps outrageusement révélé par une armure qui sert d’apparat plutôt que de défense. Ses longs cheveux flottent derrière elle dans une coiffure à demi relevée masquant ses formes arrières en partie, mais les sifflements approbateurs se font tout de même entendre. Je fronce les sourcils, plisse le nez. Des haches de lancés sont accrochées le long de ses cuisses sur un pantalon en cuir qui épouse son corps musclé. Tous ceux qui me connaissent réellement verraient la différence. Mais dans l’excitation d’un soir de combat, les gens sont bien trop contents de voir la Panthère combattre. Cela fait quelque temps que Nyx usurpe mon identité. Ma fille se défoule là où je me faisais de l’argent pour survivre, nos buts ne sont pas les mêmes mais nos pas nous mènent au même endroit.

Le falariel l’observe un instant avant de sourire face à son décolleté et son ventre dénudé. Elle se donne en spectacle, et pas uniquement grâce à ses capacités à se battre. Je n’ai jamais porté de tenue aussi révélatrice. Moulante, biensûr. Mais j’avais toujours une armure défensive. Nyx est tellement sûre de ses capacités qu’elle ne s’embarasse pas de tout cela. Le falariel et elle échangent quelques mots, qui la font rire. J’ai une confiance absolue en elle, mais j’irai lui botter le train.
Nyx est talentueuse, plus que je ne le serai jamais. Elle a une tactique de combat offensive et rapide. Elle est souple, imprévisible. Mais elle n’a pas développé son don de Sang-Pur. Je reste plus puissante, plus rapide, plus insaisissable. Et surtout, j’ai un ego qui ne souffrira pas de perdre contre ma propre fille.

Le combat entre les deux adversaires s’engage. Je me penche en avant, repoussant quelques mèches qui se sont enlevés de ma lourde tresse grise.  J’ai trouvé très amusant d’usurper l’identité de ma fille, elle qui usurpe la mienne. Nos visages restent différents comparé à la ressemblance entre Laïna et moi, car Nyx tient plus de Noctis. Mais nos yeux sont strictement identiques, le même bleu océanique qui se transforme en tête dès que nous sommes en colère.

Sans surprise, Nyx mène l’assaut, faisant reculer le falariel tente elle le couvre d’attaques. Elle ne cherche pas la force brute contre cet adversaire qui est plus résistant qu’elle ; elle le frappe répétitivement aux même endroits, menant une guérilla rapide. Le falariel résiste, finit par l’attraper par la chevelure. Pas assez proche du crâne, cependant. Incapable de s’éloigner ou d’esquiver, elle encaisse pare le coup de genou qu’il tente de lui assener, en profite pour se jeter sur lui et le déséquilibrer avec l’impact. Ils tombent au sol, Nyx au dessus. Quand le falariel dégaine sa dague, elle saisit l’une de ses haches pour contrer l’attaque. La lame de la dague ripe contre le manche de la hache, se bloque contre la hampe et Nyx tire d’un coup sec, arrachant l’arme des mains de son adversaire. Sans une once d’hésitation, elle lève la hache pour l’abattre sur le visage du falariel. D’un mouvement de hanche, il parvient à la faire basculer sur le côté, retenant le bras de ma fille en l’air. Ils restent dans une position plutôt ambiguë quelques secondes, sûrement le temps d’échanger quelques mots. La foule est en délire, excité par le violence et la sexualité sous adjacente de la scène. Je change de position, mal à l’aise. Je ne dois pas agir, je dois rester calme.

La scène évolue à nouveau. Nyx approche son visage de l’homme comme pour l’embrasser, un sourire suave sur les lèvres. Et donne un coup de tête dans le visage du falariel, visant le nez. Il subit l’impact, est aveuglé un instant mais ne la relâche pas. Elle relève brutalement un genou, frappant dans l’entre-jambes. Le coup semble porter ses fruits car elle parvient à se dégager, abandonnant cependant sa hache qu’elle ne parvient pas à récupérer. Le falariel mime Nyx, se relevant peu après elle mais bien moins élégamment, le sang ruisselant sur son visage et la démarche mal assurée.

Le changement de visage chez Nyx m’alerte immédiatement. Sa position change légèrement. Elle vient de passer en prédation, excitée elle aussi par la violence et le sang. Je sais que ses instincts primaires sont forts. J’en ai déjà discuté avec mon époux. Elle se contient beaucoup moins bien que son frère et sa soeur, son tempérament étant bien plus belliqueux. Nyx est dangereuse. Et personne a part moi ne semble avoir remarqué ce changement d’attitude. Elle ne joue plus, l’objectif n’est pas de mettre son adversaire k.o mais bien de le vider de son sang.

Je ne doute pas du falariel a continuer d’encaisser. Mais je doute clairement de la capacité de raisonnement de ma fille à cet instant.  Quand elle charge à nouveau, je me dissipe pour réapparaître devant elle. Je dévie son attaque, la projetant sur le côté et esquivant la riposte du falariel en même temps.

J’entends les huées que mon arrivée cause. Je projette le falariel sur le côté, l'emprisonnant dans un dôme de brume avant de me focaliser sur la bête qu’est devenue ma fille.

Elle m’observe, frustrée que je l’empêche d’accéder à son repas. Ses yeux sont posés sur moi, mais elle ne me voit pas vraiment. Son regard turquoise s’est voilé, et je la sens m’analyser rapidement. Je sais qu'à la distance où elle est, avec le bruit, elle ne m’entendra pas. Il faut que j’arrive à la maîtriser sans me faire blesser. Il faut que je parvienne à nous isoler du bruit, de l’odeur, de l’endroit, afin qu’elle ne se focalise que sur moi. Mon parfum, ma voix, le battement de mon coeur. Réduire les stimulis pour la ramener sur la bonne voie.

Il faut quelques instants avant qu’elle initie l’attaque. Avec une combattante comme ça en face, je ne prends pas l’initiative. D’une rapidité bien plus élevée que tout à l’heure, elle se jette sur moi. Hélas pour elle, j’ai les réflexes affutés. Mes nombreuses années auprès de mon époux et nos jeux répétés m’ont beaucoup appris.Lui se téléporte, contrairement à Nyx qui a besoin de se propulser. Elle reste donc beaucoup plus gérable que Noctis. Je me décale légèrement sur le côté au dernier moment, attrapant sa chevelure comme le falariel l’a fait tout à l’heure. Sauf que je l’attrape bien plus proche du crâne, et je la tire en arrière avec force, faisant jouer son élan contre elle. Elle heurte le sol avec violence et je me jette sur elle, immobilisant ses poignets avec mes genoux, plaquant sa tête contre le sol, une main sur la gorge et une main sur le front. Je sais qu’elle serai capable de m’attaquer le moindre morceau de chair avec les crocs. Je fais immédiatement tomber une brume autour de nous, dans tout le bâtiment.

Nous cachant ainsi des yeux des spectateurs, l’humidité brouille les odeurs et les bruits. Je la sens se débattre sous moi, je mets tout mon poids sur mes points d’ancrache. Je suis plus petite, plus légère, plus voluptueuse que Nyx. Son corps est sec, taillé par des années d'entraînement au sein de l’armée royale.

“Nyx ! Regarde moi !”

Ma voix est autoritaire, sans appel. J’ai toujours eu beaucoup de contrôle sur ma famille, quand bien même je n'ai que très peu élevé la voix. Je crois qu’ils ont tous peur de me décevoir, alors qu’ils ne le pourront jamais. Je les aime plus que ma propre vie.

Les yeux aiguisés par l’instinct de prédation de Nyx se posent dans les miens, et j’y lis énormément de violence. Je ne me laisse pas ébranler, car je la connais. Ma fille est un diamant brut, un incendie qui qui parfois se calme et parfois s’embrase jusqu’au ciel. Je reprends, d’une voix plus douce, maintenant que j’ai capté son attention d’une meilleure manière ;

“Regarde moi, ma chérie. C’est moi, tu vois ?”

Je m’approche de son visage maintenant qu’elle se débat moins. Je veux qu’elle sente mon parfum, je veux remplir son champ de vision. Je sais que je lui fais mal aux poignets, je sais que ma main sur sa gorge est inconfortable. J’attends quelques instants, écoutant son pouls ralentir au niveau de la gorge. Je ne l’étouffe pas, je la maintiens, et cette prise me permet de sentir son rythme cardiaque. La tempête aquatique de son regard se calme peu à peu. Je la relâche doucement, méfiante. Ses yeux se décalent de mon visage, et elle regarde droit vers le plafond, pourtant invisible par la brume. Elle revient à elle avec douceur. Je me dégage de son corps, lui laissant l’espace de respirer. Elle se redresse en position assise, le regard clair mais dur.

“- Qu’est ce que tu fais ici ?
- Tu pensais vraiment échapper à ma surveillance ?
- Visiblement je me suis trompée, tu sais depuis quand ?
- Presque depuis le début.
- Et lui ?”


Elle parle de soon père. Je sais qu’elle nous rejette, et j’ai mal au coeur qu’elle parle de Noctis ainsi. Peinée, je prends sur moi. Je vais pour lui repousser une mèche et enlever du sable sur sa joue, mais elle repousse sa main avec la mienne, ne souhaitant pas être touché. Je soupire.

“- Il ne sait pas encore, mais il l’apprendra tôt ou tard.
- Il vaut mieux tard. Pars, s’il te plait.”


Je lui fais un pauvre sourire. A la base, je voulais la disputer pour tout ça. Mais finalement, je suis bien trop douce, bien trop touchée par ce rejet de sa part. Les positions de force se sont inversées, et j’en ai durement conscience. Je sens le Lien avec Tescanda vibrer comme un grondement, tandis qu’il sent ma peine. Je reprends,

“Rentre à la maison.”

C’est autant une supplique qu’un ordre. Difficile d’associer les deux, non ? Et bien, c’est ce qui arrive quand on ne sait pas si l’on doit utiliser son autorité de mère ou non. Je veux que ma fille rentre à la maison. Je veux qu’elle réintègre notre famille. Mais je ne sais pas comment faire pour l’y contraindre, alors que j’ai pleinement conscience du gouffre qui nous sépare. Elle se sent différente, perdue, incomprise. Peut-être l’est-elle, mais je refuse de la perdre. Je refuse qu’elle se sente rejetée. Elle ne l’a jamais été, même si elle a sûrement pris nos tentatives d’apaisement pour autre chose.

“- Ce n’est pas chez moi, tu le sais très bien.
- Je ne veux pas entendre parler de cette taverne.
- On ne peut rien te cacher, hein ?”


Elle a un rictus avant de se relever. L’arène semble avoir été vidée et j’ai vaguement conscience du falariel que je garde sous mon dôme.
Je me relève à mon tour, empêchant ma fille de s’éloigner de moi alors même qu’elle me tourne le dos. J’observe ses longs cheveux noirs emmêlés et plein de sable.

“Tu aurais pu faire un effort, tout de même. Usurper mon identité ? Tu ne pensais pas que je m’en rendrais compte, surtout ici ?
- Je reconnais que ce n’était pas très malin. Pourquoi tu me suis ?
- Je veux que tu rentres à la maison. Je te suivrai jusqu’à ce que tu le fasses.
- Tu plaisantes j’espère ?
- Absolument pas. Et tu sais que ton père va finir par s’inquiéter si je ne rentre pas. Contrairement à toi, je ne découche pas.
- Mais laissez moi tranquille !”


S’écrie-t-elle, se retournant brusquement vers moi. Je suis étonnée par l’aspect métallique que prend ses yeux, le regard devenu aussi dur que l’acier. Je ne savais pas que nos yeux bleus pouvaient être aussi intimidants. Je plisse légèrement les yeux, agacés qu’elle me crie dessus.

“Passons un marché, alors.”

Ma voix est glacée. Je suis prête à faire des concessions, si elle en fait également. Elle reste silencieuse, consciente que j’obtiendrai ce que je veux d’une manière ou d’une autre mais que grâce à un marché elle pourrait en tirer un bénéfice. J’énonce le contrat ;

“Rentre au palais. Je ferai en sorte que tu puisses partir régulièrement en voyage si tu souhaites t’éloigner de nous, et ni ton père ni moi ne te pisterons. Mais je veux que tu passes la majorité de tes nuits, chaque mois, au château.”

Son regard s’aiguise. Nyx n’a jamais été très douée pour les transactions, mais elle ne se fait pas facilement avoir. Laïna lui a sûrement joué trop de tours, et elle a retenu la leçon ainsi.

“Pas de Gabriel ni de Laïna collé aux basques ? Je serai libre de partir seule quand je veux, où je veux, tant que je reviens dormir plus de la moitié du mois au palais, chaque mois ?
- Exactement.
- Et quand je serai au palais, je pourrais me déplacer à ma guise, tant que je suis là pour dormir ?
- Oui.
- Pas de repas de famille ou que sais-je d’autre ?”


Je force un sourire. Laïna a visiblement joué trop de tours à sa sœur, Nyx est devenue beaucoup plus méfiante avec le temps.

“Oui. Mais je te veux de la nuit tombée au lever du soleil dans l’enceinte du palais.
- Marché conclu.”


J’ai parfaitement conscience qu’elle sera sûrement à boire quelque part avec les gardes de repos. Mais au moins, elle sera à la maison. Je veux qu’elle considère Babylon comme son foyer, à nouveau. Et si cela passe par être plus proche des personnes extérieures à sa famille que nous, et bien je l'accepterai. Je sais qu’elle finira par nous ouvrir son cœur à terme. Il faudra peut-être des centaines d’années… Mais je retrouverai ma petite fille. Domestiquer un animal sauvage prend toujours du temps.
©️junne.



Aiko Deb
Vampire • Sang-Pur
Aiko Deb
Aiko Deb
Race : Vampire - Sang-Pur
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 93
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
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Puissance : 4/5
Pouvoirs : Morphée
Exodial : Nom / Race
Mar 19 Mar - 12:43

Deux semaines après la guerre
Egarée dans l'obscurité

Noctis,

Je ne sais pas où je suis. Egarée, enfermée. Je ne me souviens de rien si ce n’est de ce matin, de ce dernier baiser, de ce sentiment d’urgence et ce terrible pressentiment. Mon esprit est un gouffre sans fond. Mon environnement est immatériel, éternel. Où es-tu ? Où êtes vous, tous ? Tout est noir, ici. Je vais devenir folle. Je tourne en rond, incapable de partir à votre recherche, claquemurée tel un animal. La Panthère m’appelait-on ? J’ai l’impression d’être un chaton sans sa mère. Sans repère. Je t’aime. Je t’aime, je t’aime. Je t’aime ! Alors pourquoi suis-je aussi seule ? Pourquoi m’avez-vous tous abandonné ici ? Quel est ce sortilège dont je suis prisonnière ? Tu sais, dans les contes on parle d’un baiser d’amour véritable pour rompre n’importe quelle magie.  J’en viens à espérer que mon beau Roi viendra m’embrasser pour me sauver. Je sais que je ne peux pas m’en sortir seule. J’ai crié, hurlé, frappé les murs de ma cage. J’aurais dû me blesser. Mes mains en sont ressorties intactes, prouvant que je ne suis pas dans notre réalité. Noctis, mon amour, guide moi. Je ne sais pas comment m’en sortir. Je ne sais pas si je vais m’en sortir. J’ai besoin de toi. Sauve-moi, je t’en supplie.


©️junne.



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