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Bataille Finale


Willelhmina Dragsyl
Eliraan • Royauté
Willelhmina Dragsyl
Willelhmina Dragsyl
Race : Eliraan - Royauté
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 79
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : Bataille Finale  Original
Race : Eliraan - Royauté
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 79
Puissance : 4/5
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Exodial : Nom / Race
Image du personnage : Bataille Finale  Original
Race : Eliraan - Royauté
Fonction : Métier à renseigner dans la zone RPG
Richesse : 79
Puissance : 4/5
Pouvoirs : Ici une description de vos pouvoirs.
Exodial : Nom / Race
Image du personnage : Bataille Finale  Original
Mer 14 Juil - 18:28

« Tu sais que je ne changerai pas d’avis !
-Je ne veux pas que tu te surexpose ! »

Son regard doré est embrumé par la colère. Mais je ne cède pas d’un pouce. Mes lèvres sont pincées, je me décompose de l’intérieur. Lors de nos rares disputes, il a toujours eu le dessus. J’ai toujours détesté le savoir en colère contre moi. Et je comprends pourquoi il réagit ainsi. S les rôles étaient inversés, j’agirai de même. Mais je suis une guerrière, et plus encore une dragonnière. Il ne peut pas m’exiler sur les sur ailes, comme il avait pu le faire avec nos enfants. Nous nous affrontons encore du regard avant que je capitule, baisse la tête et me blottisse dans ses bras. Je ressens la tension le son corps le quitter. Il tremble encore un peu, mais pas de colère. Mais de peur. J’ai envie de lui répéter que moi aussi j’ai peur. Je suis terrifiée. Terrifiée pour lui, pour nos enfants, pour moi, pour notre royaume. J’ai envie de m’excuser de le mettre en colère. Mais je ne peux pas. Si je m’excuse, il en profitera pour m’arracher la promesse de rester en ligne arrière. Il n’aurait pas le culot de me renvoyer au palais, même si je sais que cette idée le taraude terriblement. Je finis par m’endormir dans ses bras, la boule au ventre.

Au matin du jour suivant, je me réveille dans le lit de notre campement. Le front se déplaçant constamment, nous n’avons pas le luxe d’un véritable lit. Nous vivons dans une tente. Noctis est constamment sur les nerfs. Les réunions avec l’Etat major se renouvellent tous les jours pour adapter la stratégie. Je ne peux que l’observer de loin et tenter de l’apaiser. Il m’envoie le moins possible sur les batailles et je vois tout les jours la listes des blessés s’allonger. Je sais qu’avec Tescanda, nous pourrions contre-balancer ça. Mon époux le sait aussi. Et c’est sûrement ça qui le met le plus en colère. Nous n’avons pas beaucoup de dragonniers dans nos rangs. Et Tescanda et moi sommes les plus puissants. Le Roi garde sa Dame à ses côtés, avançant ses Pions et ses Cavaliers, se privant d’un atout décisif.

Je me lève, attrapant ma robe de chambre pour me couvrir. Je serre les pans autour de moi, dégageant mes longs cheveux du tissu pour être plus à mon aise. Mon époux est parti, mais je sens encore son parfum dans l’air. A l’extérieur, l’aube pointe déjà. Il a dû rester avec moi le plus longtemps possible, et probablement ne pas dormir. Il ne dort plus beaucoup en ce moment. Je le sens s’agiter. Il ne trouve le repos que dans mes bras, et quand bien même dans ces rares phases de sommeil, il est agité, tourmenté. Je frissonne et ouvre un pan de la tente pour observer le campement encore silencieux. Une légère brume recouvre les environs et le ciel est gris. Ici, près de Heiron, il y a toujours une légère brume et de la rosée le matin. Dès que le soleil commence à réchauffer l’air, la brume se dissipe et révèle un environnement magnifique. Avant ça, et bien, tout est triste. Je referme la tente pour me préparer, laissant mes pensées vagabonder. Un brun de toilette, une longue natte pour ne pas que mes cheveux me gênent, une armure légère adaptée aux dragonniers… Je termine au moment où mon époux revient dans la tente. Je me retourne pour l’observer et il semble surprit.

« Déjà réveillée ?
-Je n’arrive pas à dormir sans toi. »

Il s’approche de moi. Sa tenue militaire lui va à ravir et me donne toujours de mauvaises pensées. Je l’attire contre moi en passant mes bras autour de son cou. Je l’embrasse, et le temps semble disparaître autour de nous pendant un bref instant. Il me repousse doucement à contrecœur.

« Les armées sont en chemin, c’est aujourd’hui que nous mènerai l’assaut contre Heiron. »

J’acquiesce d’un léger mouvement de tête, perdant mon sourire. Mes bras retombent le long de mes hanches. Il attrape ma main et en caresse le dos avec tendresse. Un pauvre sourire s’affiche sur son visage.

« Nous serons au combat aujourd’hui. Nos enfants aussi.»

Mon cœur rate un battement. En disant cela, il s’excuse presque. Je serre ses doigts dans les miens, me concentrant pour ne pas étouffer. Une boule douloureuse s’est logée dans ma gorge. Partir au combat ne me dérange pas. Mais savoir que ma famille sera face à face avec des ennemis… Nous avons perdu Nyx il y a peu. J’ai toujours du mal à m’en remettre. Son absence est un gouffre dans ma poitrine. Perdre l’un d’eux me ferait mourir de chagrin. Tescanda m’envoie un écho de son amour pour me calmer. J’essaie de garder la face devant Noctis, mais je sais qu’il voit comme je suis terrorisée. Je force un sourire la voix tremblante ;

« Tout ira bien, j’en suis sûre.
-Tout ira bien. »

Répète-t-il d’une voix aussi peu assurée que la mienne. Nous nous mentons.

« A quelle heure ?
-Dans deux heures. Les dernières troupes arrivent. Laïna est déjà là. Flanc Nord. Gabriel arrive, Flanc Sud. »

Je hoche la tête avant de regarder le sol et de finalement fermer les yeux. Noctis me relève le menton avec douceur et pose son front contre le mien. Je murmure :

« Je suis incapable d’aller les voir. J’ai peur.
-Je sais. »

Je n’ai pas besoin de lui préciser ma pensée. Il sait instinctivement que j’ai peur de les voir pour la dernière fois. Si j’y vais, je les renverrai au palais. Ils refuseront. Et Je ferai une scène jusqu’à ce qu’ils rentrent. Cela saperait le moral de nos troupes et la confiance qu’ils ont en leurs Sang-Pur. Je me glisse à nouveau dans ses bras, incapable de le lâcher. J’ai conscience que c’est peut-être nos derniers moments de bonheur.

Ce matin là, nous faisons l’amour pour la dernière fois. Nous nous donnons autant de baisers, autant de tendresse que nous pouvons. Comme si nous allions nous voir pour la dernière fois. Comme si cet amour pouvait empêcher tout malheur de nous arriver. Nous nous réconfortons et nous nous aimons de la façon la plus pure et la plus profonde qui puisse exister.

***

Tescanda s’ébroue. Il est d’un calme olympien, entièrement concentré sur ce qui se passe loin devant nous. Hissée sur son dos, je profite de ses sens surdéveloppés pour penser à autre chose qu’a mes enfants et mon époux. Noctis est avec la cavalerie, au plus près de l’infanterie. Je suis à l’arrière avec Tescanda et deux autres dragonniers. Ils sont nerveux. Personne ne parle, pourtant je sais que la présence de mon lié les apaise également. Tescanda a beau être légèrement plus petits que leurs propres dragons, il est plus vieux et plus puissant. Sa présence est réconfortante. J’échange avec mon liés des émotions, des images. Il me donne son avis sur nos troupes. Il voit avec plus d’acuité, à une plus longue distance. Il a repéré chacun des membres de notre famille, et par égard pour moi, ne se concentre pas trop dessus. Toute la stratégie a été planifiée, Tescanda décollera lorsque la cavalerie s’élancera. Si nous partons avons, nous serons une cible bien trop évidente. Nous aurons déjà beaucoup à faire avec les flottes aériennes sans en plus risque de prendre des tirs depuis le sol. Ils ont beaucoup plus de dragons. Et surtout, les Eliraans possèdent des élémentalistes, ce que nous n’avons pas chez nous. Ma famille est la seule à utiliser la magie. Nous serons donc des cibles évidentes à abattre.

Et puis, finalement, des notes aigüe s’élèvent coté ennemi. Nos trompes de guerre chantent à leur tour, invitant au début de la bataille finale. Si nous prenons Heiron, nous prenons un avantage décisif. Des cris résonnent des deux côtés de la plaine. Avant que je réalise, ma voix et celle de Tescanda se mêlent au brouhaha. Mon lié commence enfin à ressentir l’appétit de la chasse, ses muscles se nouent sous mes cuisses et ses naseaux s’ouvrent pour capter les effluves de peur. Je suis en train d’échanger mon doux géant contre un prédateur alpha. Autour de nous, des portails apparaissent. Le cri de charge est lancé. J’aperçois mon époux s’élancer vers le portail le plus proche pour éviter aux troupes ennemies le temps de sortir. Il est suivi par son propre bataillon. Pour notre sécurité et notre santé mentale, je n’en fais pas partie. J’aperçois mon propre chef s’élancer vers un autre portal en hurlant des ordres. Tescanda écartent ses ailes avant de donner un coup puissant, déstabilisant la cavalerie trop proche qui a tardé à se mettre en route. Chacun des dragonniers s’élance avec son propre bataillon. Nous gagnons en hauteur et je m’accroche à la selle, saisissant mon arbalète. Une épée longue est également accrochée à ma hanche, battant le flanc de Tescanda dans son étui en cuir. Je sais précisément le moment où je perds mon lié. Lorsqu’il plonge vers sa première proie, un griffon brun, je resserre mes cuisses autour de lui. J’ai à peine le temps de viser et d’atteindre le cavalier du griffon avec un carreau que Tescanda attrape la pauvre bête entre ses griffes et l’arrache en deux parties distinctes. Nous sommes immédiatement prit à partie par l’escadron volant. Je ne prends pas le temps de choisir entre cavalier et monture, je tire en voisant les points vitaux les plus exposés. Tescanda attrape, arrache et déchire la chair sans distinction. Dans les airs, nous faisons un véritable carnage sans nous soucier de ce qu’il se passe en bas. Mon lié esquive habilement les tirs magiques, et nos armures nous protège efficacement des flèches qu’il décide d’ignorer volontairement. Dans ma bouche, j’ai le goût du sang que Tescanda savoure à chaque fois qu’il abat une nouvelle proie. Un goût plutôt salé, ou plutôt sucré. Tantôt une essence de menthe, tantôt plutôt cuivré. Mes papilles sont bientôt saturées alors même que mon lié exulte. Je me laisse bercer par sa folie meurtrière pour ne pas trop penser à ma famille en bas.

Un carreau de baliste nous frôlant rappelle Tescanda à la réalité. Il prend conscience de cet engin de mort, le localise avec une vivacité toute draconnière et je n’ai pas le temps de le raisonner qu’il quitte notre formation de coma pour se jeter sur les armes ennemies. L’infanterie qui manie la première baliste a tout juste le temps de fuir avant que mon lié ne s’abatte dessus, l’arrachant au sol et la laissant retombe sur les lignes d’élémentalistes. Je lève un vent puissant pour dévier une pluie de flèches qui vole vers nous. Elle s’abat contre son propre camp, décimant de l’infanterie. Je range mon arbalète, préférant m’accrocher de toute mes forces au dos de mon lié qui a quitté toute raison. La bête sauvage que je chevauche rase les armes balistiques ennemies, alors que nous sommes isolés derrière les lignes ennemies. Je tourne la tête juste à temps pour voir un dragon qui nous percute de plein fouet. Je parviens à ne pas me faire désarçonner alors que Tescanda est jeté au sol. Il se stabilise sur ses quatre pattes et grogne, avant de se jeter en avant sur le dragon ennemi, bien plus gros que lui. Ce dernier souffle un jet de flammes mais mon lié esquive, menaçant encore une fois de me jeter à terre. D’un mouvement vif il passe sur le côté du dragon ennemi et déchire son aile d’un mouvement vif, plantant également profondément ses griffes dans la cuisse de la bête. Puis il redécolle et je manque de me cogner à son encolure, tandis qu’il nous ramène à tire d’aile vers nos alliés. Je jette un coup d’œil en arrière, pour voir le dragon ennemi tenté de prendre son envol avant de s’écrouler, terrassé par le poison de Tescanda. J’esquisse un sourire sauvage.

Quand bien même nos ennemis se sont renseignés, ils n’ont pas pleinement prit conscience du danger que représente mon lié. Petit et agile, il est fait pour le combat rapproché. Il ne souffle ni glace ni feu, à la place il est capable d’empoisonner n’importe quel être vivant pourvu qu’il perce sa peau. Un poison qui peut agir en quelques secondes à peine et pour lequel il n’existe aucun antidote.

Nos plongeons pour aider nos propres lignes et je parviens à retrouver suffisamment pour stabilité pour recommencer à tirer à l’arbalète. A chaque salve de flèches ennemies, je renvoie à l’expéditeur. Mon pouvoir n’est pas réellement offensif. Et dans une guerre, il est difficile à utiliser. Surtout que des élémentalistes pourraient s’en servir contre moi. Exemple simple, en appelant les nuages grâce aux vents, le pouvoir de mon fils est boosté et il peut contrôler plus d’éclairs. Sauf que si des Eliraans possèdent un pouvoir similaire en face, cela nous fera plus de tort qu’autre chose. Je suis bridée. Les nuages épars ne donnent avantage à personne, à part gêner les combats aériens.

Nous plongeons à nouveau, Tescanda se posant brutalement sur le sol en écrasant un Eliraan sous sa masse et envoyant du sang dans toutes les directions, avant de reprendre appui sur la terre et de redécoller. Un pur élan de sadisme, puisqu’a un mètre près, c’était mon époux qui était écrasé. Je sais que Tescanda l’a fait exprès. Il a réussi à se reconcentrer suffisamment pour jouer avec les nerfs de mon époux. Nous montons ensuite très haut dans le ciel, là où l’oxygène est rare, afin d’avoir une meilleure vue sur le champs de bataille. J’use de l’acuité de Tescanda afin d’y voi quelque chose. Les griffons et pégases ne peuvent pas monter jusqu’à notre altitude, seuls les dragons pourraient nous suivre. Mais aucun ne fait mine de vouloir. Tescanda, répondant à une demande tacite de ma part, identifie mes enfants. Ils sont vivants tout les deux et nous avons croisé Noctis quelques instants auparavant. Ma famille se porte bien. Ou du moins, aussi bien que se peut au milieu d’une bataille. La seule qui manque est Nyx. Mon humeur s’entache. Je ne veux plus perdre d’enfant.

De là-haut, plus aucune verdure. Simplement une masse sombre mouvante. Je peux entendre le bruit de la guerre depuis là où je suis, et le calme des cieux est un moment privilégié pour temporiser nos ardeurs. Tescanda souffle bruyamment. J’active et oriente un courant d’air pour que mon lié puisse se reposer en planant. Une idée furtive traverse Tescanda. Fondre sur Heiron et la détruire, purement et simplement, innocents ou non à l’intérieur. Le bouclier est abaissé, ce serait le moment. Il s’oriente tranquillement dans la direction de la forteresse Eliraan. Egarée dans ses pensées, je me laisse tentée par ses arguments. Si on raye Heiron de la carte, nous gagnons. Nous mettons fin au massacre immédiat. Nous sauvons mes enfants et mon époux. Je me laisse hypnotiser par Tescanda et son idée de supprimer de la surface d’Exodus des innocents afin de sauver les miens.

Un grand bruit attire mon regard vers le sol et distrait également Tescanda dans sa persuasion. La bataille en contrebas se fige, et Tescanda commence à décrire des cercles descendant peu à peu pour mieux voir, sa curiosité aussi attisée que la mienne. Le grondement vient bien du sol, et cela n’est pas dû aux forces vampiriques. Mon lié et moi voyons la terre se déchirer dans sa longueur. Les soldats les plus proches perdent l’équilibre. Lorsque la faille commence à engloutir les troupes, des cris de terreur s’élèvent. Les fuyards semblent happés par le centre de la terre. Nous sommes les premiers à voir le monstre remonter des entrailles de la roche. Un dragon. Le plus immense qu’il m’ait été donné de voir. Ma main se pose sur les écailles de l’encolure de Tescanda, puis je me couche contre son corps tandis qu’il plonge vers le sol, vers mon époux. Les soldats s’écartent en voyant la mort fondre sur eux, mais mon dragon se réceptionne parfaitement bien que brutalement, creusant un trou dans le sol. J’ai amorti le choc avec mon pouvoir en créant un coussin d’air. Je bondis du dos de Tescanda pour courir vers mon époux. Il court vers moi, alarmé, alors que je lui hurle ;

« Il faut fuir ! Tout de suite ! »

Du sol, la première et gigantesque patte du dragon est enfin visible. Le regard de Noctis suit le mien et il comprend la portée du danger dont je le préviens. Il hurle le repli, et sa voix est couverte par le rugissement du dragon inconnu. L’ordre est ensuite relayée par les différents capitaines.

Tescanda est captivé par le dragon. Je le regarde, lui-même ayant le regard fixé vers la bête. Mon propre instinct me hurle de fuir, mais le sien l’enjoint à rejoindre le titan qui s’extirpe lentement de la faille. Comme un serviteur appelé par son Maître. Le rugissement était un appel au ralliement. Un appel primitif, ancestral, gravé dans les gènes de Tescanda. Je force mon esprit contre le sien pour le rappeler auprès de moi. Il semble reprendre ses esprits. Je comprends avec horreur que si les dragons liés peuvent résister à cet appel, les dragons sauvage, sans lié pour rompre le charme, peuvent y succomber. C’est comme la Voix chez les vampires. Perdue sur le pont mental qui me relie à Tescanda, je sens son intérêt s’éveiller pour toute autre chose. Je tourne la tête. Juste à temps pour voir Gabriel s’élancer vers le dragon ancestral. Oui, ancestral est un bon mot.

Noctis n’est déjà plus après de moi, s’occupant de la retraite. Je jette un dernier regard vers lui. Ses yeux d’or rencontrent les miens. Il semble comprendre ce que je m’apprête à faire et il regarde brièvement vers le dragon. Il découvre à cet instant la folie de notre fils. C’est une évidence pour moi d’aller protéger notre fils. C’est une évidence pour Noctis de m’empêcher d’y aller. Cependant, grâce à Tescanda, j’arriverai à temps. Noctis, épuisé, ne pourras pas se téléporter suffisamment vite et suffisamment loin. Cela devient tout d’un coup une course de vitesse entre mon époux et moi. Lui pour m’attraper, moi pour rejoindre mon lié avant qu’il ai le temps de le faire. Son parfum m’effleure un instant, supplantant la puanteur de la mort, mais je lui échappe en disparaissant momentanément grâce à mon pouvoir. Ses doigts se referment dans le vide alors que je me jette sur Tescanda, qui m’attrape d’une patte en décollant. J’entends mon mari me hurler de revenir, mais je fais la sourde oreille, me hissant sur le dos de mon lié en m’aidant des attaches de selle. Je n’ai plus le temps d’avoir peur. Une froide évidence s’est insinuée en moi.

Au loin, je vois disparaître des silhouettes dans un brasier créé par le dragon. Gabriel en est beaucoup trop près. Je tance Tescanda d’accélérer, utilisant mon pouvoir pour créer des courants l’aidant à se déplacer plus vite. Je sens l’esprit de mon lié uniquement focalisé sur notre mission. Lorsque nous sommes suffisamment près, Tescanda rugit. Un rugissement à déchirer les tympans. J’appelle les nuages à moi, variant la pression pour qu’il se mette à pleuvoir. Je me prépare à l’impact et, comme prévu, sans ralentir, Tescanda entre en collision avec la bête titanesque, arrêtant le flot de flammes. Le choc est rude, je manque d’être désarçonnée. Je sens les os de mon lié se plaidre de la violence de notre rencontre avec le dragon. Nous nous accrochons à sa gorge, et Tescanda lui lacère les écailles, à la recherche d’une faiblesse où il pourra immiscer ses griffes ou ses crocs. Nous sommes repoussés d’un mouvement brutal et nous perdons de l’altitude. Au même moment, un éclair s’abat sur l’ennemi et il rugit à nouveau. Lorsque j’arrive à portée de voix de mon fils, je hurle à m’en briser la voix :

« Gabriel, replis-toi immédiatement ! »

Nous ne pourrons pas tenir face à un tel monstre. Je dois simplement ménager une fenêtre de fuite à mon fils et son griffon. Et fois cela fait, Tescanda et moi pourrons nous replier à notre tour. La pluie coule sur ma peau, lavant le sang et m’aveuglant au passage. Pourtant, je vois distinctement Gabriel ressaisir sa lance, me défiant pour la première fois de son existence. Le rugissement de Tescanda s’élève en même temps que mon nouveau cri :

« Noon ! »

Trop tard. Gabriel plonge vers le dragon minéral. Si nous en sortons vivant, j’arracherai moi-même la tête de mon fils. Tescanda plonge à la suite du griffon, vrillant au dernier moment pour s’en prendre à la base de la queue du titan. Je repousse mes cheveux en arrière, terrorisé, cherchant des yeux mon fils, cet abruti. Pourquoi ne peut-il pas obéir ? Pourquoi précisément aujourd’hui décide-t-il de me tenir tête ? Le monstre tourne subitement sa tête vers nous et d’un mouvement brusque tente de nous envoler valdinguer. Tescanda esquive d’un battement d’elle et je m’accroche de toute mes forces à mon lié. Je n’ai plus mon mot à dire, je dois simplement réussir à tenir sur le dos de mon dragon. Perdu, confuse, je sens un nouveau goût de sang dans ma bouche à travers les sensations de Tescanda. Un sang chargé de puissance, très salé et âcre, qui reste dans la bouche.

Un coup de queue nous déloge au moment où un second cri perce le brouhaha ambiant. Tescanda s’éloigne un petit peu pour voir de quoi il en retourne. Nous voyons un second dragon, non plus rouge mais bleu, tenter de sortir de la faille à son tour. Tescanda plonge à nouveau sur le rouge et je me plaque contre lui pour ne pas être délogé sous les chocs des assauts. Je suis terrifiée, chahuté entre des forces bien trop immenses pour moi, prise dans la lutte entre deux titans, l’un nettement plus petit que l’autre, mais tout de même immense comparé aux races humanoïdes. J’ai envie de pleurée, ramenée à un stade enfantin et impuissant, accrochée à l’encolure de mon dragon. Je n’ai plus aucun contrôle, Tescanda ayant totalement déraillé pour laisser place à son instinct de dragon pluri-centenaire. Un instinct bestial de prédateur. Je coupe mon esprit du sien pour ne pas m’y noyer à mon tour. La nausée me prend, et je me retiens de vomir par-dessus bord.

L’expérience plus que désagréable prend une pause lorsque Tescanda s’éloigne temporairement pour se jauger avec le dragon de rubis. Il souffle bruyamment, et même si je ne suis plus connectée à son esprit, je sens ses mouvements devenir mécaniques, hachés. Je me redresse et son regard croise le mien. Un léger grondement le parcours. Il a à nouveau conscience de ma présence, sens mon esprit loin du sien, s’excuse probablement de s’être emporté. Mais en cet instant, ce n’est toujours pas redevenu mon dragon. C’est toujours ce prédateur alpha qui se frotte à un autre prédateur alpha. Je ne suis qu’une difficulté supplémentaire pour Tescanda, mais je sais qu’il refuse de me laisser toute seule au cœur de ce tumulte. Je profite de ce moment de répit pour chercher mon fils du regard, m’assurer qu’il est toujours vivant. Au moment où je le repère, Tescanda plonge vers lui. Il aime Gabriel autant que moi. Il est emps de retirer mon fils de là, de gré ou de force. Je reconnecte mon esprit à Tescanda à temps pour saisir ses pensées ; saisir Gabriel entre ses griffes et s’enfuir à tire d’ailes. Le griffon servira d’appât pour distraire les deux primordiaux, et nous nous sauverons. Nous ne pouvons pas gagner contre ces monstres, c’est peine perdue. Nous allons nous faire tuer.

Un choc inattendu nous percute, Tescanda et moi. Tescanda est déséquilibré et je suis éjectée de son dos. Je heurte le sol et roule sur plusieurs mètres, le souffle coupé. Mon esprit tâtonne immédiatement à la recherche de mon lié et je le ressens loin de moi, sonné. Je me redresse difficilement, toussant, crachant du sang. Chaque inspiration me fait mal. J’essuie la boue de mon visage et observe autour de moi. Concentrée pour rester en selle, je n’ai pas vu que l’environnement s’était assombri. La pluie que j’ai créée ce qu’il me semble être des heures auparavant est devenue une véritable tempête sans que je m’en aperçoive. Si j’ai enclenché l’évènement, ce n’est pas moi qui ai fait forcir le temps à ce point là. Des élémentalistes on dû profiter des premiers nuages pour amplifier leur propre pouvoir. J’entends autant que je ressens le couinement de Tescanda. Mon cœur rate un battement. Tescanda ne couine jamais. Il rugit, il gronde, grogne.. Mais ne couine pas. La vague de douleur s’abat juste après sur moi et m’arrache un hurlement de souffrance. Ce n’est qu’un écho de la douleur de mon lié mais elle me terrasse, manquant de me faire perdre connaissance. Je me sens transpercée de toute part. Quand j’ai la force de tourner la tête vers mon dragon, je vois avec horreur son corps inerte entre les crocs de la bête titanesque, du sang coulant dans la gueule du monstre. S’il referme la gueule, il broie mon compagnon.

La terreur me tétanise un instant. Puis, je bondis, usant de ma vitesse vampirique pour me jeter en avant sur le dragon qui tient la vie de mon lié entre ses crocs. Je dégaine mon épée et sans réfléchir une seconde à ce que je fais je prends mon élan pour sauter sur la tête du monstre. J’enfonce mon épée dans son œil avant qu’il ai le temps de m’envoyer balader. Il secoue la tête dans un rugissement, jetant au loin mon dragon affaibli. Je tiens bon, me raccrochant de toutes mes forces à mon épée plantée dans le dragon désormais borgne. Un coup de patte me renvoie à terre auprès de mon dragon trop affaibli pour se redresse. Je sens sa conscience à la lisière de mon esprit. Tescanda est trop faible pour se relever. Nous ne pourrons plus fuir. Je me précipite en trébuchant vers lui et me laisse tomber contre son flanc ensanglanté, à temps pour créer un bouclier autour de nous tandis que la patte du titan s’abat. Le choc est rude et je puise dans la force de la tempête pour résister. Je me laisse aller contre la chaleur poisseuse de mon lié tandis que je nous protège de la violence du monstre qui s’acharne sur nous. Ses coups se répètent encore et encore alors que je m’affaiblis. Tescanda lutte avec moi, m’envoyant ses dernières forces. Nous avons tout deux conscience que nous allons mourir. Mais nous ne voulons pas lâcher prise. Pas ici, allongés dans le sang et la boue. Nous avons encore trop à vivre. Nous avons trop de proches à aimer. Plus jeunes, nous voulions vivre à deux et mourir de vieillesse, blottit l’un contre l’autre. Puis Noctis est arrivé dans notre vie. Tescanda l’a accepté puisque mon bonheur faisait le sien. Puis notre famille s’est agrandie. Trois merveilleux enfants que nous avons élevés à trois. Et être trois parents, bien que seulement deux biologiques, fût à peine assez pour éduquer trois diablotins. Nous avons bâti notre famille avec bonheur, dans les cries et dans la joie. Alextrasza a veillé sur nous de loin, bienvaillante. Nous avons fondé notre propre Eden. Et aujourd’hui, ni Tescanda ni moi ne sommes prêts à l’abandonner. Nous avons perdu Nyx. Je ne sais pas où est Gabriel. Au moins, Noctis et Laïna sont en sécurité. Et la Reine-dragon ? Je ne sais même pas. Notre paradis a volé en éclats. Mais il reste notre Paradis, et nous Tescanda et moi nous nous en allons, qu’en restera-t-il ? Les larmes ruissellent sur mes joues tandis que je lutte contre l’obscurité pour nous protéger, mon lié et moi. Mon dragon pousse un ronronnement pitoyable, le corps brisé. Il resserre son aile broyée contre moi dans un geste protecteur pathétique. Si mon bouclier lâche, ce n’est pas cela qui nous sauvera.

Enfin le déluge de coups s’arrête. La silhouette du dragon rouge se détourne de nous, sûrement lassé de ses jouets qi se sont terrés sous un bouclier trop résistant. J’abaisse les mains, relâche la pression du bouclier. Et mes pleurs redoublent. Parce qu’à ce moment là, l’évidence me frappe, alors que je sens Tescanda sombrer. Je vais mourir. La pluie se mêle à mes larmes. Je n’ai plus la force de lutter. Ce sommeil contre lequel je lutte encore sera éternel. Je vais mourir pleine de regrets. Je ne sens déjà plus mon lié dans mon esprit. Pour la première fois je me sens seule, affreusement seule, abandonnée sur un camps de bataille. J’ai froid. J’ai peur. Je ne veux pas mourir. Mon corps se met à trembler, mon système nerveux tentant de relancer mon organisme pour me tenir éveillée. Je me mets à appeler mon époux en boucle, terrifiée à l’idée de partir quelque part loin de lui. Mais il n’est pas là et il ne sera plus jamais là. Après Tescanda, c’était mon second pilier, mon second guide mon second repère dans la vie. Et là, dans le noir de mon esprit, il n’y a plus rien. Seulement et irrémédiablement moi. Ma vue se brouille. Mes tremblements se font de plus en plus violents, se transformant en spasmes, mon corps luttant tandis que mon esprit s’en va. Je cherche à respirer mais la panique m’en empêche. J’hyperventile, perdue dans une crise de terreur. Et enfin, enfin, je me sens glisser vers le sommeil. Un sommeil apaisant qui balaie mon épouvante et mon tourment.

Quand enfin Tescanda se réveille, ranimé par les troupes alliées, il est seul. Aiko n’est plus là. Ni dans son esprit, ni contre lui. Il hurle alors sa détresse à la face du ciel, à s’en briser les cordes vocales.


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