Un bien triste anniversaire

Un bien triste

anniversaire.

❝ You were the tide that kept me in,
But even a wave will crash and end. ❞

T H E M E

La journée avait été longue. Fastidieuse même aurait été le terme le plus à même de décrire les évènements passés. Il n’y avait presque pas un jour sans réunion. Matériaux, main d’œuvre, nourriture, diplomatie, gestion des relations alliées et interne. La charge de travail rendait les gens dépressifs, agressifs ou encore désespérés. Certains se tuaient à la tâche, d’autre se perdaient dans le pillage et l’escroquerie ou encore dans une abîme si sombre qu’ils n’y croyaient plus. Il fallait tenir le peuple d’une main douce et ferme, conserver la fidélité des troupes qui assuraient la sécurité de tous et de leurs biens et assurer le rôle de Roi du mieux possible pour afficher un Royaume puissant capable de se relever et de se défendre contre de potentiel opportuniste.


Deux ans avait passé mais certains quartiers d’Elvendil était encore sombres et poussiéreux comme au premier jour. Il ne manquait que le feu, la fumée et les cris. Même après toutes ces années, la cicatrice était toujours là, tiraillant les esprits de chacun. Le peuple se remettait à peine, les chantiers de reconstruction peinaient à avancer par manque de main d’œuvre et de matières premières. Nous avions bien trop perdu dans la bataille et pourtant nous essayions dans tout Roncëlyon de ne pas se laisser abattre. Nous recevions même quelques dons d’alliés. Depuis peu, on pouvait déceler du mieux. Les délits étaient moins fréquents, les enfants étaient à nouveau dans les rues et certains paysans souriants. Lors de journée ensoleillé, on pouvait même découvrir des regroupements, de la musique, des rires et un brouhaha digne de la vie.


Mais malgré toute la bonne volonté des races alliées et du peuple, moi, je ne m’étais toujours pas relevé. Je serrai la balustrade fermement de mes mains en observant Elvendil du haut de Babylon. La pierre gémit sous la force qu’il lui était imposé, craquelant sa surface. Échappant un soupir, je posai mes coudes contre la barrière fragilisée, les bras ballants, levant les yeux au ciel. Est-ce qu’elle nous voyait de là-haut ? Est-ce qu’elle me jugeait d’être si faible alors que j’avais toujours été si fort pour nous à l’époque ? Que pensait-elle de tous ces projets que nous avions, que j’avais abandonnés, brûlés dans les flammes du conflit ? Je voilai mes iris dorés en fermant mes paupières. Mes dents se serrèrent, baissant la tête, je joins mes mains contre mon front. Non… Il n’y avait rien de tout cela. Ni paradis, ni enfer. Rien. Juste le néant et le silence. Elle n’était plus là. S’émerveiller à croire autre chose n’était qu’une tentative désespérée que j’avais de me voiler la face… Une excuse pour imaginer un bourreau à tous mes tourments.


Je n’avais pas à me plaindre. Je n’avais pas tout perdu contrairement à d’autres. J’avais encore une partie de ma famille aussi infime soit-elle. J’avais un toit, des richesses, des alliés et de rares personnes qui se souciaient de ma santé physique et mentale. De notre belle famille, il ne restait que Gabriel et Laïna. Un fils rongé par son sentiment du devoir envers son père et son peuple et une fille ravagé par la perte et la déferlante de pouvoir qui en découla. Nouveau soupir, je me redressais sur un début de crépuscule. Une douce lumière chaude qui ne suffit pas à réchauffer mes pupilles figées et ternies par le deuil. Il était l’heure… J’avais instauré une sorte de rituel que je ne manquais jamais, parfois plusieurs fois par jour. Certains me prenaient pour un fou, d’autres pour un faible mais je balayais ces idioties d’un revers de la main. Je n’avais pas peur d’utiliser la Voix pour qu’on me foute la paix dans ces seuls moments où je pouvais me retrouver avec Elle. Bien que se retrouver avec Elle était un grand mot. Personne n’avait jamais pu retrouver son corps, tout ce qu’on avait qui lui était lié, c’était Tescanda, son Dragon de jais. Quoi de plus risible que d’avoir son plus grand rival comme seul moyen de supporter le deuil de sa femme. Au début, il m’arrivait parfois de lancer des lames cristallines contre lui, les faisant disparaitre à la dernière seconde. Espérant un mouvement, un signe qui me prouverait qu’elle était vivante et lui également. Après, ça ne devenait qu’un exutoire stupide pour transformer ma tristesse en colère pour pouvoir ainsi l’évacuer. Il était si facile de se laisser aller à la haine contre l’être qui avant moi-même était supposé la protéger depuis ses plus jeunes années.


Mais ce sentiment devint las et amer. Supplier le Dragon de sortir de son sommeil pour me déchirer de part en part pour avoir échoué où nous avions tous deux merdé, pour la faire revenir de je-ne-sais quelle manière était plus facile. Parfois, je pouvais presque sentir une chaleur à travers le cristal, comme si toute sa fureur à mon égard essayait de m’atteindre. Peut-être ne supportait-il plus de me voir si faible. Peut-être se rendait-il compte que la force de mes sentiments était sans limite, au-delà de tout ce qu’il n’avait jamais pu ressentir pour Elle. Peut-être, simplement, ne supportait-il plus ce moustique envahissant perturbant son sommeil… Une fois encore, mes pas m’avait emmené au kiosque sans que je ne m’en rendre vraiment compte. J'étais figé comme le marbre, mes iris posé sur ce stupide cercueil vide entre griffes, queue et crocs draconiens. L’animal était cristallisé, recroquevillé comme un enfant autour de sa mère symbolisé par une unique rose... Une rose. J’étais censé vivre ce deuil, en me recueillant sur une fleur. Quelle insulte à la complexité et la beauté d’une âme si lumineuse et unique qu’était ma femme.


Un bruit feutré attira mon ouïe vampirique. Souple, aérien, presque inaudible. Ce pas, je le connaissais par cœur. C’était le Sien. Mon cœur rata un battement alors que la raison faisait d’ors et déjà un mur dans mon esprit. En arrivais-je à un point où mon esprit essayait de compenser en me noyant d’illusions ? Étais-je tombé si bas dans le chagrin ? Je grondai en me retournant et fis quelques pas vers Elle. Le soleil était bien bas, nous étions dans l’ombre de Babylon et je ne perçu au loin que sa silhouette. Peau d’albâtre, cheveux de jais, fine et élancée telle une panthère. Ah.. Ma respiration se bloqua alors que mes yeux affichaient une réelle surprise. C’était… Non. Ce n’était pas Elle mais une partie de son être.



❝

Laïna...

❞


Dis-je d’une voix tendre, tinté d’une déception difficile à dissimuler. Plusieurs questions me brulaient les lèvres mais je savais pourquoi elle était là. La date ne trompait pas, le timing était parfait. Avait-elle planifié cela depuis des jours ? J’affichai un sourire à la fois sincère mais empreint de tristesse. J’avais presque oublié tant chaque journée se ressemblait depuis toutes ces années. Laïna avait toujours su me donner des indices sur le chemin à prendre. Elle était le genre d’enfant à vous dire des propos insensés qui se révélaient pleinement quelques heures ou jours plus tard. En l’observant, je notais à quel point elle lui ressemblait, presque identique, elle avait tout prit de sa mère. Tout sauf mes iris ambrées. C’est ce qui l’avait trahi, ce qui avait sauvé mon pauvre esprit de la folie. Me serais-je jeté dans cette douce illusion pour la retrouver ? C’était possible. Après tout même deux ans après, il était quasi impossible pour moi ne serait-ce que de prononcer son prénom…

❝ I carried you,
Till I buried you... ❞

— Noctis Tinuviel —

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Un bien triste

anniversaire.

❝ I know we’re worn down to our bones
But this is our prayer, this is our oath ❞

T H E M E

Laïna ne bougea pas d’un centimètre, elle soupira simplement et plusieurs questions se bousculèrent dans ma tête embrumée. Avais-je si mauvaise mine que ça ? Aurait-elle préféré se recueillir sans ma présence ? Pire encore, était-elle déçue de m’avoir croisé en ce lieu damné ? Je fronçai légèrement le regard sous l’incompréhension de ce simple soupir. La jeune Vampire sourit tristement en posant son regard sur le cercueil de sa mère et je suivi le mouvement. Une brise fraîche s’était levée pour agrémenter la scène funeste. Le vent hivernal n’avait pas vraiment d’impact sur moi à cet instant, trop plongé dans le moment présent. Obnubilé par les deux femmes qui aient jamais compté dans ma vie, je portai une oreille attentive aux paroles de ma fille.


❝

Non, ce n’est pas Mère. Désolé de lui ressembler autant.

❞

Susurra-t-elle d’une voix mélodieuse. Un sourire en coin presque ironique vint relever mes lèvres. Elle lui ressemblait vraiment, c’était une évidence. Mais elles n’étaient pas jumelles pour autant. N’importe qui ayant suffisamment côtoyé sa mère pouvait sans gêne faire la différence. Feu la Reine Tinuviel avait le visage plus fin, presque divin. Une peau albâtre telle une statue gravée dans le marbre, d’une douceur semblable à la surface de l’eau. Des pupilles océaniques tantôt tempétueuses, tantôt idylliques… Ses gestes, sa silhouette tout était d’une féminité et d’une fluidité parfaite. Sa voix était la mélodie la plus belle et sensuelle qui m’ait été donné d’entendre. Elle était la fille du vent et de l’océan. Bénie par la chaleur et la douceur du soleil de l’été. Le rayon de soleil au milieu de l’œil du cyclone.


La jeune femme Deb que j’avais connue, à la fois si fragile et impétueuse n’avait cessé de remettre en question ma vision de la vie mortelle. Lorsqu’elle était Humaine, nous avions eu tant de péripétie et de challenge à surmonter. Je n’avais pas d’estime particulière pour le Royaume Humain à cette époque. Je déplorais leur barbarie, leur Roi laxiste et idéaliste ainsi que leur égoïsme. Notre contrat pour achever les prisonniers sentencié à mort était mon seul lien avec eux et cela me suffisait. Mes multiples rencontres avec Elle avaient envoyé voler toutes mes croyances sur ce peuple. Ils n’étaient pas tous ivres, cupides, égoïstes et sans manières. Certain pouvait être drôle, maladroit, brave et plein de noblesse. Cette femme m’avait tant chamboulé qu’avant même de m’en rendre compte nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre. Malgré l’habitude de n’avoir pour visite humaine que des proies, elle fut une des rares Humaines que je ne vis jamais comme un repas potentiel. Malgré la soif, malgré sa fragilité et ma force, nous étions des aimants qui s’attiraient inlassablement. Et j’avais beau repousser de toutes mes forces ces sentiments nouveaux d’une âme trop frêle pour mes crocs d’adamant, je ne faisais que tomber toujours plus sous son charme à chaque rencontre fortuite.


Je me souviens encore de nos conflits concernant le futur. Elle était déterminée à passer sa vie à mes côtés quitte à perdre tous les avantages de sa vie d’Humaine. La mordre avait était la plus dure décision de ma vie mais je n’avais pas regretté un instant. Les années passées à ses côtés étaient les plus belles de toute ma longue vie. Je n’étais pas objectif, évidemment mais comment l’être après tant de découvertes, de joie, d’épreuve traversées main dans la main. Comment l’être après un mariage et trois enfants… Si aujourd’hui, je n’avais plus aucun espoir de sa réapparition, elle n’en restait pas moins ma Reine. Trônant sur le piédestal qu’elle avait toujours eut en mon âme et cœur.


Quel gâchis aujourd’hui de voir à quel point j’avais brûlé les ponts me liant à mes enfants. Nous avions perdu Nyx en même temps qu’Elle. Et nous nous étions tous isolés pour oublier. Gabriel, lui qui avait été si fusionnel avec sa mère, était maintenant très distant. Il s’était plongé dans la régence du Royaume instantanément. Je n’étais pas dupe et je suis sure que Laïna le savait également. Ce n’était qu’une façon de se sentir utile, serviable, redevable et surtout occupé. Nous étions tous bien placé pour le comprendre. Laïna, elle, avait fui le Palais Royal sans prévenir personne. Personne sauf son frère. J’avais donc beaucoup de question à lui poser mais le jour était mal choisi. Deux ans. Voilà ce qu’il aura fallu pour avoir un signe de vie de ma fille. Encore heureux que Gabriel pouvait affirmer avec certitude qu’elle allait bien sinon il y a fort longtemps que Roncëlyon se serait vu retourné de long en large pour la retrouver. Mais pourquoi lui et pas moi ? Avait-elle peur de mon courroux ? Un simple signe que tout allait bien aurait levé un tel poids sur mon corps fatigué…


Je reposai mes prunelles d’un or gelé sur les iris ambré de Laïna. Avant même d’avoir le temps d’analyser ses émotions et son attitude, un esprit prit forme à ses côtés. Il se déplaça d’un pas gracile devant Laïna et l’enlaça tendrement. J’haussai un sourcil, dubitatif sur ce geste. La Princesse se laissa faire et je ne pipai mot. J’avais presque l’impression d’être de trop dans ce tableau. Elle se détourna avec un sourire furtif et observa Tescanda. Je grimaçai en détournant le regard. Il était toujours plus facile de se laisser aller lorsque personne n’observait… Après plusieurs minutes de silence, étrangement peu pesant, Laïna se retourna vers moi. Je relevai le regard vers elle, l’expression neutre.


❝

Tu ressembles à un mort-vivant, Père.

❞

J’étouffai un rire en baissant les yeux. Ouch. Voilà qui était direct. Je soutins son regard, oubliant la présence de cet être inconnu. Je doutais qu’il soit une menace, Laïna semblait très proche de lui et donc je lui fis confiance instinctivement. Je n’irais pas jusqu’à dire que je l’ignorais mais j’étais si soulagé de revoir ma fille que je faisais abstraction. Elle me sourit, sincèrement et je le lui rendis. Lumineux, ce sourire spontané ne lâcha pas mes lèvres alors que je m’approchais d’elle. Je pris sa main droite dans la mienne et je l’attira lentement contre moi. Une étreinte d’abord très tendre puis plus sérieuse. Resserrant mon étau légèrement comme pour l’empêcher de fuir à nouveau loin de la maison. Elle m'avait tant manqué. Elle l'ignorait sans doute, j'étais si maladroit pour communiquer mes sentiments mais cette étreinte en était la preuve immuable. J'aimais ce petit être du plus profond de mon être. Et même si elle n'était plus petite depuis longtemps, elle resterait à jamais ma précieuse petite fille.


❝

Bon retour à la maison Laïna. Même si se faire accueillir par un zombie n’était surement pas dans tes plans, je suis sûr que ta mère me pardonnerai ce faux pas.

❞

Dis-je ironiquement, en me détachant d’elle lentement. Je reculai d’un pas et passa une main dans mes cheveux, tentant de leur donner un semblant de forme. Peut-être avait-elle raison, je me laissais souvent aller ces derniers jours avec la date approchant. J'avais surement une mine affreuse, une coiffure approximative et un simple costume noir n'était pas des plus gai non plus. La visite de Laïna avait au moins pu égailler un peu cette sombre date anniversaire, ça rattrapait ma silhouette de déterré. Je tentai un sourire, quelque peu maladroit en prenant une pose nonchalante, une main sur la hanche, l’autre pointant ma tête de « mort-vivant ».


❝

Mieux ? Je me dois d’être un minimum présentable en présence de son Altesse après tout !

❞

Ajoutais-je un peu taquin pour essayer de changer un peu l'ambiance. Posant le regard sur l’esprit silencieux à nos côtés, je me demandai enfin ce qu’il en était de cet être. Était-il lié par le Sang ou par un quelconque contrat ? Inquisiteur, mon regard fit la navette entre lui et Laïna.


❝

Me ferais-tu l’honneur des présentations Laïna ?

❞

Demandais-je d'un ton curieux. Je croisais les bras en observant de haut en bas cet esprit qui traînait depuis surement plusieurs années avec ma fille. L'instinct protecteur paternel remontant quasi instantanément à la surface, je le dévisageais avec un intérêt... certain.

❝ There’s royal blood in us
Chosen for this ❞

— Noctis Tinuviel —

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ShanKo réagit avant moi au mouvement de mon père. Moi, je savais instinctivement qu'il ne me ferais rien, que nul part sur la planète je ne pourrais être plus en sécurité que dans l'étreinte de ces bras, mais pour mon ami, partenaire et confident c’était différent . Cet être avec lequel j'étais liée corps et âme, bien sûr il partageait mes pensées mais de là à admettre si facilement que cette personne à qui je vouais un amour sans limite, une confiance aveugle et en même temps que je craignais plus que personne ne me ferais rien, il fallait quand même un temps d’adaptation.
Alors quand père avança, ShanKo eut d'abord le réflexe de me protéger, s'interposer entre nous. L'idée fus balayée, d'une brise de souvenir je fis disparaître les angoisses de ma moitié, ramenant à nos esprits partagés les sensations, les odeurs et la sécurité des étreintes passées.
Aussi quand Père me prit la main, puis m'attira à lui, ShanKo ne bougea pas,essayant de repousser son envie de m’arracher à l'étreinte pour me laisser jouir de ce moment de douceur.. Essayant de me laisser l'intimité dont j'avais besoin en cet instant de retrouvaille. Je pris le temps d'apprécier le contact doux de mon père, me remémorant un instant les câlins que nous échangions alors que j'étais petite fille. L'étreinte se fis plus forte et je souris. Je savais ce qu'il voulait dire, ce qu'il voulait faire passer dans cette étreinte transformée en étaux. Mais il ne savait pas parler, s’exprimer de manière générale n’avait jamais été le point fort de mon paternel, enfin d'aussi loin que je me souvienne en tout cas. Il me relâcha enfin me souhaitant la bienvenue, je ne pus répondre, j'étais heureuse et en même temps l’angoisse de la suite m’etraignais la poitrine de façon etrange, je n'avais pas prévu de rester, je voulais m'éloigner de cette ville, trop chargée d'émotions pour moi mais maintenant, face à la détresse de mon père...Je gardai le silence, me contentant de me réfugier dans l'étreinte mentale que m'offrait mon lien spirituel.
Après quelques secondes de remise en forme mentale, je repris mon aplomb de Princesse pour faire face à mon père qui réussi à me faire lâcher un véritable rire.Je ne pus retenir ce rire sincère et parfaitement léger devant la désinvolture fictive et quelque peu exagérée dont il venait de faire preuve.
J'avais l'impression que son geste étaient voué à me faire rire, mais je ne pouvais m'empêcher de sourire tant il était idiot, j'essuyai une larme de rire du coin de mon œil,quand bien même il était coiffer, un zombie reste un zombie.
Il me demanda de faire les présentations,après un instant de latence je compris, il n'avait jamais vu ShanKo sous sa forme humaine physique, si il l’avait déjà vu, c’était à l’époque ou je n’avais pas la conscience des possibilité que m’offrait mon lien avec cet esprit, je n’avais donc pas en capacité de le faire apparaître en lui transmettant mon énergie en y réfléchissant, je n'étais même pas certaine que mon père se souviennent de ma particularité, de mon lien avec ce livre enchanté. Je pris une inspiration profonde, et alors que Shan venait près de moi pour s'incliner devant mon père, je pris alors la parole, parlant véritablement en utilisant mes cordes vocales pour aligner plus d’une poignée de mot, pour la première fois depuis 5 ans.
"Oui, évidemment. Je te présente ShanKo, l'esprit érudit enfermé dans le livre artefact que j'ai découvert dans la bibliothèque royal à mes 4 ans. Étant liée au livre, je suis également liée à Lui. Il est mon ami, mon confident et mon protecteur."
Pendant que je parlais j’avais sortis de mon sac le livre artefact en question, les sceaux magiques représenté par des cercles de runes étaient à présent presque tous ouvert, révélant ma maîtrise du don que j’avais reçue, et la pierre de sang au centre émettait une lueur non naturel, preuve qu'elle enfermé une créature magique.
Après un regard en biais à mon esprit gardien. Je repris la parole, plus doucement cette fois mais parfaitement consciente qu’il m'entendrait de toute façon.
" c'est lui qui m'a aider à surmonter... beaucoup de choses, que ce soit mon sang ,ses pouvoirs, mon don ou Sa disparition. Sans lui, je me serais perdue… Papa."
Ce mot, ce mot si compliqué à prononcer mais que j’avais espéré pouvoir à nouveau faire résonner de ma voix cristalline. Ce mot qui comportait tout ce que je ressentais pour lui et qui restait enfermé dans mon cœur depuis tellement longtemps que j’avais peine à croire m’en souvenir encore. Shan attrapa ma main pour me donner un peu de courage et empêcher les larmes qui embuaient mes yeux de couler. Mon père m’avait manqué presque autant que mon frère, et la chaleur de l’étreinte que nous venions de partager fut la goutte d’eau qui fit déborder l’océan de mes émotions.

Un bien triste

anniversaire.

T H E M E

Larme et rires adoucirent l’ambiance pesante du kiosque et l’on pourrait presque oublier d’un œil lointain, que c’était un lieu de recueil funeste. Le tableau qui se déroulait sous mes yeux était chaleureux, la douceur du crépuscule s’y mariait à merveille. Laïna était radieuse et le lien qu’elle entretenait avec cet esprit, bien qu’ambiguë à mes yeux, me rassurait. Elle n’était pas seule dans son périple, ni dans sa guérison. J’esquissai un sourire discret alors qu’elle prit la parole, gardant tout de même ma posture défensive face à l‘inconnu qui s’inclina devant moi en signe de respect.



❝

Oui, évidemment. Je te présente ShanKo, l’esprit érudit enfermé dans le livre artefact que j’ai découvert dans la bibliothèque royale à mes 4 ans. Étant liée au livre, je suis également liée à lui. Il est mon confident et mon protecteur.

❞


Déclara-t-elle en me dévoilant le dit ancien livre dans ses fines mains d’albâtre. Je l’observai avec attention, décrochant mon regard de son allié, discernant plusieurs détails. Il présentait diverses runes, des inscriptions et une large pierre en son sein. Une pièce mystérieuse qui me parlait peu... Je n’étais pas un érudit, la magie n’était pas mon domaine. Je ne considérais même pas mon don comme de la magie mais comme un simple outil que j’utilisais à ma guise. Pourtant faire apparaître des armes d’une dimension cristalline et l’utiliser pour me déplacer instantanément était clairement de la magie. J’avais réalisé l’existence de ce don si tôt, qu’il était un presque comme un prolongement de mon être. La demoiselle vampire reprit la parole, d’une voix plus discrète, presque timide.



❝

C’est lui qui m’as aidé à surmonter... beaucoup de choses ; que ce soit mon sang, mon don, ou Sa disparition. Sans lui, je me serais perdue Papa.

❞


Hm.. C’était la seule réponse que j’avais su donner à cette dernière déclaration. Ne décroisant pas les bras, je dévisageais ShanKo qui prit la main de ma fille dans la sienne et un cocktail explosif d’émotions se déferlait dans mon crâne. J’étais à la fois soulagé de savoir qu’elle eut un compagnon de voyage à ses côtés mais aussi rongé par le remord qu’elle n’ait pas fait le moindre pas vers moi pour l’accompagner dans toutes ses épreuves psychologiques. Qu’est-ce qu’un esprit avait de plus qu’un père ? Étais-je si inaccessible ? Était-il aussi fidèle qu’un lien de sang ? Avait-il un objectif nécessitant d’utiliser sa maîtresse ? Comment pouvait-il lui être si serviable alors qu’il était scellé dans ce livre, à la merci du bon vouloir de son invocatrice ? Peut-être étais-je paranoïaque mais je sentais qu’il y avait plus que ce que la situation actuelle laissait paraître.


Je n’étais pas à blâmer pour ce ressentiment étrange, j’avais perdu deux membres précieux de notre famille. Cette inquiétude, légitime, prouvait à quel point j’étais attaché et déstabilisé de découvrir une telle relation d’un coup. Et puis merde, j’étais son père après tout. C’était comme si elle revenait m’annoncer qu’elle avait rencontré quelqu’un dans son périple et qu’il était la raison de sa visite très très tardive. Ce n’était pas de la jalousie mais de l’incompréhension. Le même schéma se reproduisait ; ma Reine et son Dragon, ma fille et son esprit… J’étais convaincu que c’était le genre de lien inexplicable qu’on ne pouvait comprendre qu’en le vivant. Et c’était là bien ma veine… J’essayais de me détendre un peu et repris la parole d’une voix faussement sereine.



❝

J’ai du mal à comprendre mais je l’accepte. Simplement, ne prends pas exactement le même chemin que ta mère. C’est tout ce que je te demande..

❞


Je déglutis difficilement, ma voix avait tremblé sur le dernier mot mais je ne montrais rien de plus. Je respirai un grand coup, soupirant pour relâcher la tension. Je n’étais pas le genre de personne à montrer mon vrai visage. Elle l’avait connu, Elle l’avait aimé. Pourtant, c’était un visage trop fragile pour être dévoilé. J’étais un père et un Roi et bien des personnes comptaient sur moi. Je ne pouvais pas me permettre de laisser mes émotions me submerger en compagnie de qui que ce soit. Pas même ma propre fille. Elle ne m’avait déjà pas jugé digne à l’époque de confidence et de soutien, il n’était pas question de baisser davantage dans son estime.


Laïna pourtant ne semblait pas se soucier de ses futilités et elle avait bien raison. Elle laissa ses émotions se déferler alors que des larmes perlaient à ses yeux dorés. La vision de ses iris safran embués de larmes fut comme un coup d’orage en plein cœur lors de nos entrainements avec son frère dans son jeune âge. Douloureux, saisissant, inattendu, paralysant. Je me figeai un instant et l’instinct paternel prit le dessus. Et au diable son compagnon et son bouquin. Je me rapprochai rapidement d’elle pour l’enlacer de nouveau, si vite qu’il est fort probable que je me sois téléporté sans même m’en rendre compte.



❝

Ha.. Ne pleure pas ma chérie, je t’en supplie. Ne pleure pas. Je suis là, je l'ai toujours été. Je le serais éternellement…

❞


Dis-je avec émotion mais conviction alors que je caressais tendrement sa tête. Je n’étais pas le genre de personne à faire et dire les choses à moitié. Je le pensais sincèrement et j’étais prêt à tout perdre pour cela. Mon Royaume, mon immortalité, mon don pour le bonheur de mes enfants. Tu entends ma Reine ? Je crois que mes idées désespérées de retrouvailles ne sont plus d’actualités. Cependant, je continuerai de râler sur l’écailleux. Il ne faut pas non plus trop en demander. Il n’était pas question et il n’avait jamais été question d’abandonner ma famille. Le désespoir pousse les gens à bien des choses mais pour en venir à la mort il aurait fallu avoir tout perdu. Et j’avais encore tant à chérir.



❝

C'est une promesse.

❞



— Noctis Tinuviel —

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Un bien triste

anniversaire.

❝ Salvation ❞

Nous restâmes ainsi un moment, se berçant l’un l’autre pour apaiser notre peine. Je pouvais ressentir la peine foudroyante de ma fille alors que ses larmes transperçaient ma chemise noire de jais. Je profitais de ce moment où je pouvais juste être un père et non un roi, respirant son parfum qui me rappelait tant de souvenirs sur sa tendre enfance. Ces temps si doux à ma mémoire me semblait si loin maintenant. Je me souvenais de ses premiers pas, Laïna fut d’ailleurs la première des trois à marcher en autonomie. Je me souvenais aussi de sa curiosité sans fin pour tout et n’importe quoi, à quel point elle nous rendrait fous avec sa mère à poser milles questions en une journée. Mais aussi de ces moments de calme où, rêveuse, elle se perdait dans des livres et des dessins que parfois elle seule comprenait. Je me souvins à quel point elle eut été une enfant grandiose, intelligente, généreuse et douce. Elle l’était toujours minus l’innocence. La vie.. La guerre... laissait des traces immuables sur l’âme.


Laïna se retira de mes bras, un sourire sur le visage. Elle déposa un baiser sur ma joue et fit un pas en arrière, se séparant pour de bon de notre étreinte. Son regard certes embué de larmes semblait néanmoins plus lumineux, je lui souris, soulagé qu’elle ait pu extérioriser une partie de sa peine. Elle prit une profonde inspiration, souffla lentement, pensive. Intrigué, je gardai cependant mes lèvres closes, attendant qu’elle prenne la parole à nouveau. Elle semblait se préparer à m’annoncer quelque chose et mon cœur de papa se serra davantage. Allait-elle partir à nouveau ? Si tôt ? Ne pouvait-elle pas au moins rester cette nuit ? Elle avait l’air décidé. Je plissa les yeux, anticipant la chute.


Son esprit, ShanKo se rapprocha d’elle pour lui tendre un tissu brodé du bout des doigts, s’appliquant à effectuer une révérence des plus solennelles.



❝

Votre Altesse…

❞


Dit-il d’une voix douce et respectueuse. J’observais la scène, dubitatif. Sans réellement comprendre tout de suite le sens de tout ceci. Elle accepta le carré de linge, sécha ses larmes, rafraîchissant ainsi son visage angélique. ShanKo fit un pas en arrière, comme pour lui laisser plus de place et elle se tourna de nouveau vers moi. Une lueur dans le regard que je ne lui connaissais pas illuminant ses iris.



❝

Je suis de retour, Père !

❞


M’annonça-t-elle d’une voix à la fois chantante et sérieuse. La silhouette droite, la tête haute, voilà que ma petite fille devenait Princesse sous mes yeux ébahis. Auparavant chenille, elle devint Danaus plexippus, un monarque revenu de sa grande migration pour accomplir sa destinée. Ses ailes dorées se posant pour de bon sur le lieu qui l’avait vu naître… Je resta figé un moment, choqué, ne réalisant pas l’impact de ses mots sur mon esprit. Mon corps fatigué se mit à trembler et mon âme déchirée se mit à hurler. Intérieurement, j’étais genoux à terre, recroquevillé, le visage ravagé par les pleurs, hurlant à en perdre la voix, faisant résonner le soulagement et la fin d’un conflit qui faisait rage en moi.


Je baissa la tête, une main fébrile se glissant entre mes mèches pour recouvrir mes yeux. Je n’arrivais plus à faire le tri, je n’étais plus maître de mes pensées, ni de mes émotions. C’est impuissant que je regardais le masque tomber, dévoilant à ma fille et son esprit, des larmes qu’elle n’avait jamais vu sur mon être, glisser entre mes doigts. D’abord un cours d’eau, puis un ruisseau pour enfin devenir torrent. Je serrais les dents, essayant tant bien que mal de me contenir alors que le clapotis de mes larmes fracassait le sol. J’avais perdu ma femme et une fille, j’avais eut vent de la fuite de Laïna sans pouvoir lui dire au revoir ou la retenir et je m’étais éloigné de Gabriel face au chagrin et à la charge de travail. Je me fichais royalement de récupérer une princesse. Je souhaitais juste rétablir un semblant de notre famille.


L’Idylle édénique était perdue à jamais, le Feu-Follet dévastateur n’était plus que cendre, il ne restait que l’Éclair Souverain à mes côtés et voilà que la Nymphalidae cuprique nous faisait grâce de son retour. Je calmais doucement mes larmes de soulagement, respirant un grand coup, le souffle entrecoupé par l’émotion. Laïna rentrait enfin à la maison. Et ni elle, ni moi ne pouvions réaliser à quel point cela serait bénéfique à mon état.



❝

Merci, tous les deux.

❞


Arrivais-je enfin à articuler. Il était important de souligner mon remerciement à ShanKo également. Car après tout, si elle en était là aujourd’hui c’était aussi grâce à lui. Il l’avait aidé à surmonter cette épreuve. Il avait donc gagné beaucoup de respect de ma part en ce jour. Je me ressaisis enfin, me redressant en affichant un visage coloré par les larmes et la gêne.



❝

Voilà qui n’est pas très digne d’un Roi. Pardonnez-moi. Mais c’est si inattendu, je croyais que tu détestais le château. Qu’est-ce qui t’as fais changer d’avis ?

❞


Lui demandais-je d’une voix tendre, douce comme une brise d’été. On pouvait ressentir à quel point je m’étais apaisé en cette sombre journée. Était-ce sa Lueur qui l’avait guidé à nouveau vers moi ? De la chance ? Où était-ce une réelle envie de prendre part à la royauté ? J’étais curieux mais il n’y avait aucune pression dans ma demande. Elle pouvait bien renier son rang tant qu’elle ne me reniait pas à nouveau.


— Noctis Tinuviel —
#F8D153

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Je regardais sans comprendre mon père s’écrouler. Moi qui pensais que me retour emplirais son vieux cœur de joie et de bonheur, je le vois pleurer. Certainement la première fois de mon existence que je vois le Roi, mon père, se laisser aller à l’émotion, et ce n’est pas la main tremblante qu’il a maladroitement placée devant son visage qui réussira à tromper mes yeux d’ambres. Il pleure réellement et le bruit chantant des gouttes tombant au sol n’en était qu’une preuve supplémentaire. Comment faire? Que faire? Qu’est-je donc fait pour voir mon père perdre ainsi pied? Je commence à me perdre moi-même,me posant trop de questions sans trouver les réponses, ne sachant comment faire, ni même quoi faire, face à ce spectacle inattendu. Je suis incapable de réagir, je suis seule, impuissante. C’est évidemment à cette instant que je ressens l’étreinte mentale de mon esprit protecteur, la chaleur factice de sa main dans la mienne, ses doigts cherchant l’enlacement des miens. Ce contact apaise mon âme et calme mon esprit, je recommence à réfléchir, doucement, échangeant mentalement avec lui, mais il n’a le temps que de calmer mon angoisse naissante avec de douces paroles. Il aligne trois phrase emplis de calme et de sérénité. Mon père parle, pour nous remercier, tous les deux et alors que je suis surprise et que mes yeux reflètent ma stupéfaction, ShanKo lui souris. Visiblement ravie que mon père est compris son implication auprès de moi. Décidément les ancêtres sont fait pour s’entendre !
Mais ce qui m’a fait sortir de mon étreinte mentale c’est moins le sens des paroles de mon pere que le ton de sa voix. Ce mélange d’émotions qui lui nouait la gorge. L’angoisse d’avoir mal agis auprès de lui fais place à la tendresse, un amour immense pour lui me submerge, le flot de mes sentiments, réfrénait depuis presque deux ans revenait d’un coup pour mettre des larmes de soulagement, de joie et d’amour au coin de mes yeux déjà humides. Quand il se redresse et nous regarde enfin j’ai le sourire aux lèvres, je suis absolument ravie que mes pas m’aie mener en ce jour jusqu’à lui. Un triste jour, puisqu’il restait l’anniversaire de la disparition de la reine, mais ce jour, si triste pour nous tous, devenait aujourd’hui le symbole de ma renaissance. Nous avions perdu une reine il y a quelques années, nous gagnions aujourd’hui une princesse.

J’écoutais les paroles de mon père avec attention. Ayant d’abord envie de rire face à sa désinvolture forcée puis ayant envie de hurler au malentendu sur la fin de sa phrase. Je n’avais jamais détesté le château, j’aimais son atmosphère particulière et bienveillante. Donc évidemment je n’avais pas pu changer d’avis. Mais, en recollant les morceaux depuis mon départ en exil, je me souvins que mis à part mon frère, personne n’avait su les raisons de mon départ et je remerciais Gabriel silencieusement pour avoir garder le secret. Je lui offrirais ce qu’il voudrait des que j’en aurais l’occasion,… un séjour à Myridia peut être. Je ris intérieurement de ma blague, je n’avais pas de nouvelle de ma future belle sœur depuis un moment, mais il était évident que je donnerais ma bénédiction pour leur union le moment venus. Et si papa y mettait un quelconque veto, je serais le faire sauter. Mon frère et sa princesse ressemblait à Père et Mère au début de leurs relations et par bien des égards. Si mon exil m’avait appris quelque chose, c’était bien sur la relation particulière que l’ancien prince des ténèbres avaient entretenue avec la dragonnière, combattante envoûtante des milles lames. Vivre dans le royaume humain avait eu des conséquences intéressantes mais cela était une autre histoire et pourrait me servir de moyen de négociation le moment venue. Je quittais mes pensées pour revenir dans le présent, avec mon père et ses rougeurs de pommettes.


«Je n’ai pas eu a changer d’avis, je suis venue lui montrer ça...»

Mon sourire n’avait pas quitter mon visage et c’est comme une évidence que j’appelais mon lié, lui parlant à peine, bougeant à peine les levres. Lui demandant de m’aider autant mentalement que verbalement mais en restant un murmure à peine audible:
* Shan, je vais lui monter*
Mon ami s’inclina, repris sa forme spectrale pour retourner à sa prison de cuir et de papier. Je fis quelques pas en arrière, décrochant le livre de son attache aimantée pendue à ma ceinture. J’ouvris le livre d’un geste que l’habitude avait rendu naturel. Livre dans la main gauche, pouce sur la gemme rouge de couverture tendis que le reste de mes doigts maintenant le livre en équilibre. Ma main droite vint se poser au centre du livre, sur les pages ouvertes, recouvertes de runes étranges.


*
Par mon nom et par mon sang.
Par mon lien et par mon pouvoir.
Que vienne à moi l’héritage des nuages
Amlug hith
*

Toujours un murmure, à peine plus appuyé que pour appeler mon lié mais je n’avais plus besoin d’énoncer mes incantations clairement pour lancer mes protections.
Un immense nuage empli l’espace autour de moi. Me protégeant de son opacité, ne laissant voir à mon père qu’un dragon de brume ressemblant étrangement à Tescanda, le dragon de jais autrefois lié à ma mère et aujourd’hui endormis à coté de son tombeau. Je laissais le sortilège faire son effet quelques secondes avant de tendre le bras droit comme pour couper le nuage. Au même instant je fermais le livre et le remis en place à ma ceinture. Quand le nuage se dissipa totalement, à peine 10 secondes après que jeu fermé le grimoire, je regardais mon pere en souriant. Je pris la parole, ne lui laissant pas le temps de reprendre son souffle.


«
Je n’ai jamais haïs le château, mon titre ou mon rang, papa. Je n’étais juste pas capable d’affronter la réalité. Alors, si tu accepte une princesse en plus de juste ta petite fille fragile,… je suis de retour Papa. 
»

Je posais les yeux sur mon père avec tellement de tendresse dans le regard que je me demandais vaguement si je ne ressemblait pas à maman quand elle posait les yeux sur nous. Mais j’avais assumer depuis longtemps ma ressemblance avec elle, et le regard que portait mon père sur moi n’était nullement celui d’un fou ayant aperçu un fantôme, comme je l’avais redoutais, mais bien celui d’un père retrouvant sa fille. Alors je profitais de mon bonheur, ShanKo réapparu à mon coté, visiblement content de l’effet du sortilège, et de mes progrès autant magique qu’émotionels.

Un bien triste

anniversaire.

❝ I didn’t give you the gift of life,
but life gave me the gift of you. ❞

THEME

Le cœur battant une mélodie mélancolique et apaisée, mes iris autrefois si terne arborait en ce triste jour, un léger voile brillant. Non pas le reflet de la lune perçant les nuages sur mes yeux humides, mais bien un semblant d’espoir et d’humanité, retrouvés. Le feu ardent, iridescent et mouvant de mes yeux n’était pas encore de retour. Mais j’entamais doucement ma guérison. La route serait longue et fastidieuse tant j’avais d’obstacles à surmonter. Mais avec mes deux enfants à mes côtés, je ne craignais plus de trébucher. Laïna irradiait, un sourire rayonnant sur ses lèvres illuminait son visage. Je notai cependant qu’elle fut déstabilisée à mes propos. Étais-je dans le faux durant ces deux années ? Je n’avais fait qu’assumer des choses après tout. Gabriel avait été muet comme une tombe, soit disant autant dans la surprise que moi de la disparition de Laïna. Mais s’il y avait bien un des enfants que je lisais facilement c’était bien lui. Il me ressemblait en quelques points et, tout comme moi, il ne savait pas mentir… Je savais qu’il avait des informations sur sa sœur. Pour autant, il n’avait jamais perdu la face contre moi. Il l’avait protégé du mieux qu’il le pouvait. C’était sans aucun doute l’homme le plus loyal de tout Roncëlyon et je le pensais sincèrement.



❝

Je n’ai pas eu a changer d’avis, je suis venue lui montrer ça...

❞


Dit-elle d’un ton chantant, extatique. Elle piqua ma curiosité, qu’avait-elle de si important à montrer à sa mère ? Elle ajouta un murmure à l’attention de son esprit qui répondit instantanément à son appel. L’homme — si l’ont pu appeler un esprit ainsi — s’inclina et disparu dans une brume fantomatique qui voleta jusqu’à son réceptacle, le fameux grimoire. Laïna se recula de quelques pas et j’étais à la fois curieux et un peu stressé. J’espérais sincèrement qu’elle maîtrisait son don maintenant et que la bâtisse ne risquait rien. Cet endroit… Je l’avais bâti en son honneur. C’était mon seul recueil. Si un jour Babylon tombait, je savais que je déferlerais tout mon pouvoir pour protéger cet endroit. Quitte à nous enterrer sous des milliers de lames pour l’éternité… Protéger sa mémoire, c’était maintenant la mission d’une vie, potentiellement éternelle. J’avais créé la Garde Lùin à cet effet. Auparavant, je ne quittais pas Babylon, trop inquiet à l’idée de subit un nouvel attentat. J’étais toujours mal à l’aise lors de déplacements diplomatiques mais c’était des hommes de confiance. De rares soldats triés sur le volet, prêt à se sacrifier pour la couronne et suffisamment forts pour défendre Babylon en l’absence des Tinuviel. Ce lieu.. c’était mon seul point d’attache à l’Idylle. L’ancre qui me permettait de ne pas dériver des eaux paradisiaques. La lumière éblouissante du phare qui me ramenait toujours à la maison… En dehors des enfants, c’était la seule chose qui me raccrochait vraiment à elle.


J’avais les mains moites, tremblantes et mon cœur s’emballait petit à petit. Je touchais nerveusement mon alliance du bout du pouce pour m’apaiser. Elle ouvrit le grimoire, posait sa main libre contre ses pages runiques et murmurait une incantation, à peine audible. Elle semblait susurrer au vent, c’était un tableau poétique et mystérieux à la fois. Rapidement, une masse nuageuse empli l’air autour d’elle, chargeant l’espace d’humidité et de fraîcheur. Mon cœur ratait un battement alors que je reconnaissais ce type de magie. Je le connaissais par cœur. Je l’avais déjà affronté et côtoyé, de bien des manières. Laïna disparu de ma vision en quelques secondes et la brume prit une forme draconienne. Je pouvais sentir ma cage thoracique se compresser et mon cœur se serrer comme jamais depuis ce fameux jour. Je relevais une main tremblante vers le dragon gris qui ressemblait bien trop à Tescanda. Les dents serrés, je me jetais à corps perdu dans toutes sortes d’émotions qui se déchainaient en moi. Le même corps, le même port de tête hautain, il me dévisageait de toute sa hauteur sans aucune émotion. Je n’osais imaginer l’expression déchirante sur mon visage à cet instant. Mais fort heureusement, les nuages épais me protégeaient de la vision de ma tendre fille. Il était là, aussi inerte que son modèle cristallisé. Ce pouvoir était bien une partie d’elle dans son essence élémentaire... Regarde là mon Amour, ta fille devient aussi incroyable que toi. Tu serais si fière.. Si heureuse...  


C’était si douloureux de découvrir cette réminiscence de ma Bien-Aimée… De savoir que jamais, elle ne vivrait ces découvertes avec nous. Et bien des souvenirs flashèrent dans mon esprit face à cette façon de malléer la brume. Il me fallait cependant les refouler car je n’étais pas encore prêt à y faire face, surtout pas avec ma fille à mes côtés. Cette apparition, ce don, c’était un démon que j’allais devoir apprivoiser à mes dépens. Je connaissais mon esprit, je connaissais sa sournoiserie... Tout était une potentielle lueur d’espoir. Sauf que je savais pertinemment que rien, ni personne, ne me ramènerait sa Lumière. Alors je laissais mon bras retomber contre mes flancs et je souriais à la fois fier et triste. Laïna avait tant progressé depuis son départ. Et j’étais heureux de savoir qu’une partie d’elle vivait en sa fille. Même si chaque rappel de sa disparition était un coup de poignard de plus. Je repris mon souffle, apaisant la brûlure naissante en mon cœur face à cette émotion forte. Quelques instants après, Laïna scinda le nuage, stoppant son invocation et elle réapparu en me souriant, visiblement très satisfaite de sa démonstration.



❝

Je n’ai jamais haïs le château, mon titre ou mon rang, papa. Je n’étais juste pas capable d’affronter la réalité. Alors, si tu accepte une princesse en plus de juste ta petite fille fragile,… je suis de retour Papa.

❞


Ces quelques mots je les accueillis comme une bénédiction. Le soulagement que je ressentais en cet instant fut immense. Remplaçant lentement la froide morsure du deuil par une chaleur apaisante. Je soupirais profondément, relâchant au passage la tension dans mes épaules. Elle ne détestait donc pas sa vie d’avant dans la famille royale. Également, elle ne regrettait pas son titre de noblesse acquis à sa naissance. Voilà un fardeau qu’il ne me fallait désormais plus porter. La tendresse qu’elle portait dans son regard à mon égard, me rappelait la chaleur de sa mère. Des nos trois enfants, Laïna était décemment celle qui ressemblait le plus à sa mère physiquement.



❝

Voilà des mots qui réchauffe le cœur de ton faux vieux père. Quant à ton don... Je suis sure que ma Reine aurait adoré ta démonstration. Je l’imagine les yeux pétillants en découvrant la brume prendre l’apparence de son lié. Tu sais… Ta mère aurait été si fière de toi.

❞


Ma Reine... Plus celle de Roncëlyon. Cette lourde charge ne lui incombait plus. Bien sûr, elle restait dans le cœur de son peuple mais à mes yeux, elle ne régnait plus que sur mon être. Je le savais pertinemment mais ce soir ce fut comme un coup de poing. A la vision d’un fragment de sa magie, je réalisais à quel point je l’aimais encore... A quel point je ne vivais que pour elle et son héritage. Sans les enfants et Tescanda, je n’avais plus rien. Rien de suffisamment fort qui me raccrochait à Exodus. Je n’aurais pas été lâche, j’aurais pris le temps de former quelqu’un de digne pour veiller sur Alexstrasza et Roncëlyon. Je tenais beaucoup à eux mais je n’aurais pas subi l’éternité ainsi. Je n’aurais pas su sans les enfants. J’étais fort lorsque c’était nécessaire. Mais cette épreuve me demandait bien plus que ce que j’étais capable de porter seul. Alors pouvoir prendre appui sur les épaules de ma famille, c’était le plus beau des cadeaux possible. Le deuil était une épreuve insoutenable. Je m’étais toujours demandé pourquoi certaines personnes ne réussissait pas à tourner la page durant leur si courte vie. L’éternité avait ce pouvoir de rendre la dure vie des autres si insignifiante à nos yeux. Mais le vivre, le ressentir, le supporter.. c’était autre chose. C’était pire que mille ans de torture. Certaines journées me paraissaient insupportable et je n’avais pas d’autre solution que de m’isoler pour craquer. J’étais si faible depuis sa perte. Indigne…



❝

Sache que tu es loin d’être une petite fille frêle, ma fille. Tu as déjà réussi bien plus que ton idiot de père en ces quelques années. Et je suis d’autant plus fier de toi.

❞


Répondis-je avec un demi-sourire. Laïna semblait avoir surpassé le deuil. Pas l’avoir vaincu mais au moins elle ne le laissait pas prendre le dessus dans sa vie. De fait, elle avait en effet bien plus progressé dans sa vie que moi. Ou en tout cas, elle cachait ses émotions aussi bien que le faisait son frère. C’était difficile de se rendre compte de la lourdeur de la perte de leur mère. Qu’est-ce qui était le plus dur ; perdre l’amour de sa vie ou sa seule et unique mère ? J’espérais sincèrement que leur deuil était plus doux que le mien. Non pas parce que je pensais aimer ma femme plus qu’eux mais… Si leur peine était équivalente à la mienne.. Aah… Tout mais pas ça, je vous en prie. Quand allions-nous surpasser cette épreuve ? Quelle en était la moralité et le bienfait ? On nous rabâche sans cesse que rien n’arrive jamais par hasard. Mais cette affliction ne nous avait jamais rien apporté de positif. Je devais penser à autre chose, aujourd’hui était un jour d’équilibre. Le retour de ma fille contrebalançait tout ceci. Je devais me focaliser sur le positif. Le reste reviendrait à la charge bien assez tôt de toute façon…



❝

C’est avec plaisir que je vous retrouve enfin, Votre Altesse.

❞


Lui annonçais-je d’une voix apaisée. Je me tournais alors vers Babylon et observait le château sur tout sa hauteur. J’observais sa structure que je connaissais sous toutes ses coutures. Et lorsque mes yeux se posèrent sur les appartements princiers, j’eus un sourire en pensant à Gabriel et aux domestiques. J’en connaissais qui allait bondir de joie en découvrant la nouvelle. L’endroit allait de nouveau être si vivant et chaleureux. J’avais hâte de redécouvrir cet aspect du château que j’avais oublié depuis… Ah ! Bien sur il allait peut-être falloir revoir la décoration des pièces dédiées à Laïna, ses gouts avaient peut-être changé. Ces nouvelles interrogations, bienvenue, occupaient maintenant toutes mes pensées.



❝

Te souviens-tu de tes appartements ? Si tu le souhaites, tu pourras redécorer, je me fiche du budget. Ah et, ne penses pas tout de suite aux tâches administratives. Prends le temps de t’installer et de reprendre tes marques, d’accord ?

❞


Je me fichait du Royaume et de ses finances quand ma fille rentrait enfin à la maison après une si longue absence... J'aurais bien le temps de m'occuper de tous cela plus tard.. avec les enfants.



— Noctis Tinuviel —
#F8D153

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