Wuthering waves.

Wuthering waves.

❝ IT COMES AND GOES IN WAVES. ❞

29 Juin 6 495.

Aiko,

Gabriel est rentré aujourd’hui. Il est rentré et tu n’étais pas à ses côtés. Notre fils m’avait pourtant prévenu mais jusqu’au bout j’ai repoussé le moment où il apparaitrait seul dans le hall de Babylon. Je ne suis même pas venu l’accueillir lorsque son griffon s’est posé à l’extérieur. Je ne sais même pas pourquoi j’écris tout ça. Pourquoi je t’écris alors que tu ne liras jamais ces mots. Une part de moi voulait que tu saches combien ton absence me tue à petit feu. Peut-être aussi espérais-je que l’encre emporterait mes maux pour se figer dans le papier. J’en viens à penser des choses horribles. Peut-être que tout ça était trop pour tes épaules. Peut-être m’as-tu quitté sans un mot en laissant Tescanda veiller sur les enfants. Le figeant dans un sommeil qui ne se briserait que pour les protéger, eux. Mais si la couronne était un problème, tu aurais du me le dire. Et j’aurais tout fais pour nous faire fuir. J’aurais ruiné Roncëlyon pour notre famille, pour toi. Pourtant c’est trop tard, tu m’as quitté pour de bon n’est-ce pas ? Et je suis le pire des connards de penser ainsi. J’insulte ton affection et ton éternelle dévotion. Mais comprends moi mon Amour, j’ai besoin d’une raison. Donne moi une raison. Pourquoi Tescanda ici mais pas toi. J’espère que dans ton autre vie tu trouveras ces lettres et que tu y trouveras un semblant de consolation en sachant que pas un jour n’est passé sans que tu ne me hantes. Je ne passerais jamais à autre chose. Jamais. Car mille six cents ans ont passés avant de nous rassembler. Et c’est une preuve suffisante de la rareté de celle que tu étais à mes yeux. La peine passera et reviendra sans cesse. Dans cette marée en pleine tempête, je finirais par craquer et me laisser submerger. En attendant, laisse moi continuer de t’aimer. Éperdument.

Éternellement tiens,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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Wuthering waves.

❝ IN THE DARK THERE’S YOUR WARMTH.
BUT WHY CAN’T I HOLD ON ? ❞

26 Août 6 495.

Aiko,

Deux mois de plus ont passés. Les Ancestraux ont de nouveaux attaqués à nos frontières. Je suis désormais obligé de ramener ~~nos~~ mes troupes dans le royaume pour protéger mes sujets. J’espère que tu vas bien, que tu restes loin de ces monstruosités et que ta vie est plus douce en dehors de Roncëlyon. Je suis désolé de m’être emporté de la sorte dans la première lettre. Je crois que le choc m’a fait voir noir. J’ai mis un temps fou à reprendre la plume. Je me suis demandé si tout ça valait vraiment la peine. Après tout je ne sais même pas où les envoyer. Et j’ai peur de te blesser si tu venais à lire les stupidités que je pose sur le papier. Je suis si puéril. Tous ces mois de conflit et de recherche m’ont mis à fleur de peau. Mais aujourd’hui je crois que j’ai compris, je me dois de respecter ton envie. Si tu as besoin de distance, alors soit. J’attendrais. Tu finiras par m’envoyer un signe, une lettre. Peut-être même viendras-tu me rendre visite à l’abri des regards curieux en escaladant Babylon. Après tout tu as toujours été divinement douée pour te faufiler dans les ombres et la brume. J’attendrais ton brouillard dansant dans la nuit, emporté dans une valse par la brise d’été. J’attendrais la mélodie des battements de ton cœur quand tu t’approcheras de moi. J’attendrais la douce vision de tes iris océaniques perçant l’obscurité. Et pendant cette attente interminable, je continuerais de t’écrire même si ça n’a aucun sens.

Patiemment tiens,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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❝ A FEELING I THOUGHT WAS SET IN STONE.
IT SLIPS THROUGH MY FINGERS. ❞

17 Décembre 6 495.

Mon insaisissable Amour,

Aujourd’hui j’ai failli craquer pour de bon et tout envoyer valser dehors. Les chefs de clans, les ministres et les meubles. Les mots sortant de leurs bouches perfides me révoltaient un peu plus à chaque seconde. Le manque de compassion et l’égoïsme dont ils font tous preuve me pousse à croire que Roncëlyon n’est qu’une antre remplie de chiens galeux. On me demande tout sauf l’essentiel. De l’or et des hommes, mais pas si j’ai une piste. Des matériaux et des droits, mais pas si tu vas bien. Des terres et du pouvoir, mais pas si notre famille tient le coup. C’est comme si l’hiver avait saisi leurs âmes, ces personnes auparavant si impactés par ta seule présence faisait comme si de rien n’était. Et ça me rends fou. Ça me rends furieux. Cette manière de gérer mon deuil à ma place. De ne pas me mettre face à l’obstacle comme un étalon jugé trop faible pour le sauter. ~~J’aurais pu tous les~~ J’ai mis fin à ce conseil rapidement et je suis venu t’écrire. Il valait mieux ça qu’autre chose n’est-ce pas ? Je suis désolé si tu as du mal à me lire, mes mains ne semblent pas vouloir arrêter de trembler... J’essaye. J’essaye tellement Aiko, si tu savais le mal que je me donne pour tenir cette façade. J’essaye d’oublier ta présence dans les moindres recoins de Babylon. J’essaye de ne pas me perdre dans l’odeur de ton parfum. Mais je l’ai déjà recommandé deux fois. C’est stupide. Ça fait déjà un an et demi et je m’accroche comme un fou à ce que nous avions. Je n’arrive ni à outrepasser le manque de ta lumineuse présence, ni à omettre à quel point tout me fait penser à toi. Je me perds à préparer Gabriel pour une fin qui arrivera plus vite que tous ce que je me plais à lui dire. J’ai déjà commencé à perdre l’appétit et l’envie de me lever chaque jour. Tout ceci me parait désormais bien anodin. Ma vie est devenue une vaste facétie, Aiko. Aussi vide de sens que ce trône à côté du mien. J'étais si sûr de nous. Si sûr de moi.

Désespérément tiens,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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❝ IT TAKES CONTROL OF THE PERSON THAT
I THOUGHT I WAS, THE MAN WE USED TO KNOW. ❞

19 Février 6 496.

À la mère de nos enfants,

Nous sommes le dix-neuf février et hier tu as raté l’anniversaire de tes enfants. L'année dernière était particulière et je n'en ai pas tenu compte. Alors j’étais persuadé que tu apparaitrais pour leur rendre visite aujourd’hui. En cachette bien sûr, loin de ma vile présence. Que l’absence de Laïna auprès de son frère te minerait le moral alors qu’elle me ronge les entrailles, même si nous savons tous deux qu’elle va bien. Que l’air fatigué de Gabriel te pousserait à me faire face et venir me gifler avec au moins la même hargne que tu m’avais fait goûter à Mille-Lames. Que tu m’évites passe encore mais que tu ignores tes enfants... Tu n'aurais jamais fait ça, n’est-ce pas ? Je sais que la guerre peut changer quelqu’un. Mais à ce point ? Étais-je un si mauvais mari ? Suis-je un si piètre père ? Suis-je si misérable à tes yeux pour ne pas mériter ta colère, tes raisons et tes adieux ? Le suis-je ? Je suppose que oui. Comment expliquer ton silence et ton absence sinon. A défaut de t’avoir toi, je suis même aller hurler sur Tescanda. Ton lié n’a même pas daigné montrer le moindre signe de vie pour me répondre. J’ai même — tu me tuerais si tu savais ça. Mais tu ne lieras jamais ces lettres n’est-ce pas ? Je ne sais même pas pourquoi je me pose encore la question. J’ai attaqué ton foutu lézard. Et le plus ridicule dans cette histoire, c’est que je n’ai même pas entaillé le cristal qui l’entourait. Pas une putain de griffe. Dans ta violente absence, tu protèges encore plus férocement ce qui t’es cher. Et regarde-moi. Je n’en fais décemment plus parti. J’ai bien compris le message. Mais si tu me laissais une seconde chance, je ferais mieux. Je deviendrais meilleur. Je veux juste retrouver ce que nous avions, ce que j’étais. Je voudrais — Laisse-moi être tiens à nouveau. S’il te plaît. S’il te plaît. S’il te plaît. Je t’en supplie. Rentre chez nous. Reviens-moi.

Toujours, toujours tiens,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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❝ LOST IN MEMORIES OF A STOLEN PLACE.
MY VOICE IS CAUGHT IN YOUR SILENCE,
ONLY TO DIE IN ECHOES LOST IN SPACE. ❞

26 Avril 6 496.

À celle qui fut mienne,

Je t’ai tout donné et ça n’a pas été assez. J’étais prêt à repartir dès que Gabriel était apte à gérer Roncëlyon quelques mois. Et je l’aurais fait. Tu me connais. Toi mieux que quiconque, tu sais à quel point je peux être buté. À quel point je peux être con et déraisonnable. Je serais venu te trouver où que tu me demandes de te rejoindre. Je l’aurais fait sans sourcilier. Mais aujourd’hui, nous sommes le vingt-six avril. Ça fait deux ans. Deux ans et je n’ai rien reçu de ta part. Ni une lettre, ni un mot, ni un souffle de vent. Te brises-tu le matin de cette date comme je le fais chaque année ? As-tu seulement encore une once de pensée pour moi ? Te souviens-tu encore des multiples manières dont je t’appelais ? De toutes celles que j’usais pour te vénérer corps et âme ? Sais-tu seulement à quel point tu hantes encore mes jours et mes nuits ? À quel point je t’aime encore à en crever ? Je vais finir par mourir de cette épreuve que tu m’infliges. Quoi que j’ai fait, je ne mérite pas cette colère si impétueuse. Pourquoi suis-je coupable à tes yeux ? Je t’ai tout donné. Tout. À chaque étape de notre relation. Mais ce n’était jamais assez. Il t’en fallait toujours plus. Quelle était l’étape après la transformation, le mariage, la couronne et les enfants. Que pouvais-je te donner de plus ? Je t’ai offert l’amour le plus sincère et profond que je n’ai jamais ressenti. Plus de pouvoir que quiconque n’en possède à ce jour dans Exodus. Plus d’enfants que tout ce que nous avions prévu et imaginé lors de cette folle décision que nous avions prise. J’ai fait tellement d’efforts pour nous, prit tellement de risques. Et tu semblais heureuse. Si heureuse. Je n’aurais jamais dû baisser ma garde et te laisser tarir. Peut-être était-ce trop. Trop d’un coup. Trop en l’espace de trente ridicules années. Attendais-tu de moi que je te refuse encore un temps ce que tu désirais ardemment ? Que nous jouions encore à ce jeu du chat et de la souris qui te plaisait tant ? À moins que c’était là tout ce dont tu attendais de moi. Étais-tu si perfide et bonne comédienne ? Tout ceci n’était-il qu’un vaste mensonge ? Attends-tu ma mort pour te délivrer de ma présence devenue trop insupportable à tes côtés ? J’aurais pu me satisfaire d’un mensonge. J’aurais pu me contenter de tout ce que tu me jetterais à tes pieds. Et je me serais mis à genoux pour m’y complaire, sans même te regarder si tel était ton souhait. Mais ce rêve-là aussi tu me l’as refusé. Alors pardonnes-moi. Pardonnes-moi de rejeter à mon tour cette réalité imposée. Si tu m’arraches ce rêve éveillé que j’ai chéri toutes ces années, je n’ai d’autre choix que de le raviver dans les limbes. Je refuse de continuer à supporter ton épreuve. Je refuse de te haïr avec plus de venin que je ne pourrais en supporter. Je refuse de détruire davantage cette image que j’ai de toi. À partir d’aujourd’hui, je ne vivrais plus, ni pour toi, ni pour nos enfants et encore moins pour moi. Je survivrais. Plus dangereusement qu’auparavant encore. Et j’irais vivre dans mes rêves pour te retrouver. Je serais bien mieux accompagné dans ceux-ci qu'ici. Et tu me détesteras un peu plus pour ça. Parce que je survivrais à tes côtés. Dans un monde qui voudra encore de notre éternité.

Lâchement tiens,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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❝ NIGHTS WITHOUT YOU, SLEEPING NEXT TO ME,
ARE TOO LONG AND CUTS TOO DEEP. ❞

18 Septembre 6 496.

À ton insoutenable absence,

Je sais que tu ne peux pas entendre mes mots dans cette réalité que j’ai refusé d’accepter. Ni même dans ces rêves et ces cauchemars qui régissent désormais ma vie. Je ne pensais pas reprendre la plume si tôt. Mais je crois qu’elle me soulage au moins un peu dans ma peine. Ton absence est toujours aussi dure à vivre qu’au premier jour. Mais elle n’est désormais plus aussi cruelle. Cette illusion me permettra de tenir encore un temps. J’espère au moins deux ans de plus. Un délai raisonnable pour que Laïna nous revienne. Je pense qu’elle me surprendra même bientôt de sa présence. Elle a toujours été très proche de son frère après tout. Ils sauront être une force l’un pour l’autre, j’en suis sûr. Je sais d’avance que tu me détesteras d’être si égoïste et d’abandonner les enfants. Mais tu sais, j’en ai discuté avec notre fils et bien qu’il n’ait pas saisi la viscéralité amère de mes sentiments à ton égard – comment le pourrait-il si jeune – je crois qu’il a malgré tout conscience du contexte et de la souffrance qui me ronge. Il semble de toute façon qu’il emprunte déjà le chemin tortueux d’un amour véritable, ce chanceux. Je ne suis cependant pas encore sûr d’accepter son amourette. Il prends des risques et même si je ne souhaite que son bonheur, j’aurais aimé avoir ton avis sur le sujet. Laïna aussi comprendra mes raisons, elle ne les acceptera peut-être pas mais elle est aussi brillante et aimante que toi au fond. Elle finira par admettre que cette vie, n’en est plus vraiment une. Pour être tout à fait honnête, je ne suis même pas sûr que tu comprendrais non plus si par miracle tu lisais un jour ces lettres après mon départ. Je J’en viens à un point où je ne sais plus quoi penser. Je m’étais persuadé que tu m’avais quitté. À cause de ma décision irrationnelle de nous envoyer en guerre. À cause de ce qu’elle avait changé en nous. À cause de la couronne et du poids de tes responsabilités de reine. À cause d’une famille trop nombreuse qui t’étouffait. À cause d’un projet de tromperie où tu aurais eu tout ce que tu souhaitais. Mais aujourd’hui, bien des courants ont dansés sous mes ponts. Le déni et la colère sont passés difficilement mais j’ai enfin réussi à passer outre. Et je me rends enfin compte de l’hérésie de mes pensées obscures. Reste la culpabilité, la peine et l’illusion. Mon océan, celui que tu m’as offert, semble désormais bien trop calme. Sous mon ciel d’encre, la surface de l’eau est un miroir abyssal qui me mets mal à l’aise. Tout ici est froid, sombre et mort. Et je crains chaque jour que cet océan ne disparaisse pour à nouveau laisser place à un désert blanc. C’est tout ce qui me reste de toi. Une présence envahissante et apaisante au fin fond de ma tête. Alors reste avec moi jusqu’à la fin. Nous nous l’étions promis.

Irraisonnablement tiens ici comme là-bas,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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❝ TRYING TO FIND PURPOSE IN
EVERY PIECE YOU LEFT IN US. ❞

07 Novembre 6 496.

À ton inexplicable silence,

Ce matin en me réveillant, j’ai presque cru que tu étais là. Que le rêve avait franchi la barrière de l’onirique pour se glisser dans ces draps de soie. Mais lorsque mes yeux embrumés se sont relevés sur toi et que mes iris se sont verrouillées dans les tiennes, ta présence qui semblait si réelle s’est volatilisée dans les rayons lunaires. Je sais que tu ne me reviendras pas ici-bas. Je l’ai compris et même si je ne l’accepterais jamais, je crois que j’ai fini par me résigner à ne plus t'attendre. Mon âme désirera toujours la présence de la tienne. Et j’attendrais la morsure de Mialekh pour te rejoindre. En attendant, je dois vivre sans toi. Un jour de plus. Observant avec autant de tendresse que de peine chaque chose me rappelant ta présence passée. Chaque changement de ma personnalité modulé par ta douceur. J’y ai longuement pensé autrefois tu sais. À ce que je serais devenu sans toi. Le même sale vaurien fuyard et irresponsable que le premier jour où tu m’as trouvé. Ou un homme encore plus solitaire et aigri de sa vie passée. Peut-être que cette guerre n'aurait jamais été repoussée des mois durant. J’aurais surement fait parti des partisans de celle-ci. N'importe quoi pour échapper à la réalité de cette vie morose après tout c’était là tout l’intérêt des Mille-Lames. Alors une guerre, ma foi quelle aubaine. La disparition d’Alexstrasza me poussant à reprendre le trône ne m’aurait rendu que plus instable. Si j'étais devenu le vilain de ce monde, te serais-tu interposée dans la ligne adverse ? Surement. Tes liens avec Vënrya t’y aurait poussé. Je t’aurais peut-être tué de mes propres mains. Mais je pense plutôt que face à toi et Tescanda, je me serais laissé faire. Pas facilement bien sûr, j’aurais surement pris plaisir dans notre duel, une dernière dose mémorable d’adrénaline avant la fin. Mais là encore, d’une autre manière, je t’aurais jugé digne de ma vie. Digne de la prendre dans tes mains graciles pour la réduire à néant. J’aurais plongé mes iris de miel dans ton orage tempétueux alors que ta lame transpercerait mon corps une énième fois. Relevant la beauté de tes traits ravagés par la colère et l’amertume. Observant la vie me quitter dans le miroir de tes yeux océaniques, enfermé dans le mur de tes cheveux tombant en cascade au-dessus de moi. Et à mesure que le sang et le venin me quitterait, le bruit des armées se serait tari pour ne laisser plus que nous deux dans une bulle de haine et de souffrance. Je t'aurais peut-être même remercié dans un dernier souffle avant de m'éteindre pour de bon. Ton cœur se serait-il serré plus fort pour moi que pour tous ces autres inconnus tué par tes mains ce jour-là ? Je me plais à croire que ce serait le cas. Mais ça aurait été une belle mort, je m’en serais contenté. Il y a bien pire fin que de mourir des griffes de la Panthère, ne crois-tu pas ? Je l’aurais préféré à celle-ci. Dans l’hypothèse où ton départ était volontaire, j’aurais préféré une mort rapide et silencieuse. Oh, je sais ce que tu te dis. Que je repars encore dans ce genre de théorie saugrenue alors que je te connais si bien et que tu n’aurais jamais pu me faire ça. Ni à moi, ni aux enfants. Mais ça fait plus de deux ans maintenant. Et bien que le cours du temps m’eût toujours paru bien plus rapide qu’à tes yeux d’Humaine, ton absence me rappelle chaque jour à quel point le temps est long, à quel point une journée dure une éternité... Ces deux ans sans une once de présence auront fait plus de dommage que sept cents ans de traque. Dis-moi, à quel point trouves-tu ça ridicule ? Surement pas autant que moi. J'ai honte. De ce que je suis devenu. De cet homme incapable de vivre sans la femme de sa vie. Incapable de savourer cette existence malgré la famille que tu m'as laissé. Quand bien même, quelle que soit ta raison, aussi valable soit-elle, j’endure et je ne juge plus. Saurais-tu en faire de même pour moi ? Comprendrais-tu que je fatigue de me battre encore après tant de noyades alors que celles-ci sont ce qu’il y a de plus doux à supporter ? Gabriel ne me sortira pas de là. Laïna non plus même si elle revient. Chaque part de toi me pousse un peu plus dans la folie. Chaque rappel de celle que tu étais est une gifle qui me fout à genoux. Je suis parti trop loin mon Amour. Trop loin pour faire demi-tour. Trop loin pour t’oublier.

Tiens envers et contre tout,

Noctis.

— Noctis Tinuviel —
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