Quietly yours.

Quietly yours.

❝ ONE DAY AT A TIME,
TIL I GET BACK TO YOU. ❞

19 Mai 6 494.

Ma douce Ariane,

Les jours se suivent et se ressemblent étrangement. Je suis désolé de ne pas avoir pu t’envoyer cette lettre plus tôt mais tant de choses se sont passés et le temps me manque. Voilà désormais plusieurs semaines que père est parti à la recherche de mère. J’ai encore du mal à réaliser sa disparition soudaine. Ce qu’elle laisse derrière elle. Et tout ce que ça implique réellement pour notre futur à tous. Après la signature des papiers les plus importants pour protéger nos arrières, père est parti dans l’heure. Dans l’heure... Ma sœur a décidé de partir en voyage également. Je crois que cette guerre l’a ébranlé plus que ce qu’elle n’ose me le montrer. Je me retrouve seul ici à devoir supporter la charge de l’intendance. Je n’ai pas le choix après tout. Tout ceci n’est pas qu’une question d’honneur et de responsabilité. Si je ne fais pas ce pas en avant, c’est tout ce que mes parents ont construit et ceux avant eux, qui s’effondre. Dans mes mains tout ceci me semble désormais aussi fragile qu’un château de carte. Un faux mouvement et tout s’écroule. Et qui sait les répercutions qu’il pourrait y avoir si je faute avec gravité. Alors ne t’inquiète pas pour moi si mes réponses se font plus rares, je suis juste débordé de travail. Je ferais mon possible pour t’écrire, c’est une promesse.

C’est drôle tu sais.. J’ai été élevé dans l’hypothèse de cette opportunité. Et pourtant, aujourd’hui, je suis terrifié. La guerre a eu beau m’endurcir, je crois que je reste et resterais toute ma vie dans l’ombre gigantesque de mon père. Je ne serais jamais digne, ni à mes yeux, ni à tous ceux qui jugent chaque jour ma présence lors de nos rassemblements. Mais je ferais de mon mieux et je deviendrais meilleur. Car c’est ce qu’on attends de moi. Et qui sait, peut-être que dans un futur lointain, j’aurais gagné le respect de mes pairs. Où peut-être bien que je viendrais te voler aux tiens pour nous enfuir loin de tout ça. Qu’en penses-tu ? Un avenir juste toi et moi. Me suivras-tu encore une fois où je le souhaite, comme tu me l’avais dit au Nouvel Aegard ? Ne réponds pas à cette question. S’il te plaît. À bien y réfléchir, je risquerais de flancher quelle que soit ta réponse. Raconte-moi tes journées. Dis-moi si tu vas bien, si tu vas mal. J’attendrais avec impatience tes lettres et quand me lever aux aurores deviendra trop dur, tes mots me donneront la force.

Je me languis déjà de te revoir.

Ton Gabriel.

— Gabriel Tinuviel —
#5AC0E7

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Quietly yours.

❝ UNDER THE SAME NIGHT SKY. ❞

09 Juillet 6 494.

Mon Aimée,

Un peu plus d’un mois et demi de plus est passé. J’ai eu des nouvelles de mon père bien plus vite qu’escompté. Je pense qu’il cherche ainsi à me rassurer. Il est bien entré sur le territoire Vënryien et ratisse Navarös à la recherche de la moindre trace de sa présence. Je doute que la terre morte entourant la Fissure nous apporte le moindre indice, mais étrangement, je suis plutôt optimiste. Après tout son lié est toujours plus ou moins avec nous. Et on dit toujours « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles »… Alors je continu d’y croire. Tout finira par redevenir comme avant, j’en suis convaincu. En attendant, pardonne moi de n’avoir toujours pas prit le temps de venir te voir. Je crains que les hautes têtes ici ne soient pas favorable à cette demande. J’ai même essayé de prétexter une visite au duché mais j’ai pris un refus catégorique de toute l’assemblée. Étant l’héritier de ce bout de terre, je ne peux plus prétendre à quitter le territoire. Je suis devenu l’animal de choix de cette foire, à protéger à tout prix. Ironique lorsqu’on sait qu’au fond, une partie de ces monstres seraient prêts à tout pour nous voler notre place. Je dois rester patient et concentré. Je n’ai pas le droit à l’erreur, ni maintenant, ni jamais.

Un mois et demi. Ce n’est rien et pourtant c’est déjà si long. J’aurais souhaité accompagner mon père mais il a besoin de moi ici autant qu’il aurait eu besoin de moi à ses côtés. Elle me manque tu sais. Je donnerais n’importe quoi pour m’effondrer dans ses bras et fêter son retour parmi nous. Pour effacer la peine sur le visage des miens lorsqu’ils pensent à elle. Pour redevenir le simple fils que je voyais dans son regard. Elle me manque tellement, Ariane. Et je me refuse d’imaginer combien son absence pèse le reste de ma famille. Combien elle torture mon père, plus que n’importe qui d’autre. Laïna aussi me manque, déjà. J’ai déjà reçu une lettre de sa part. Elle n’est pas loin de toi. Peut-être qu’elle te croisera par hasard. J’ai fais en sorte qu’elle ne sache pas où tu habites. Je sais que de ton côté aussi, tu es débordée. J’espère que tu vas bien. Je l’espère de tout mon cœur. La distance et mes obligations qui nous séparent, me dévorent un peu plus chaque jour. Lorsque tu poseras cette lettre contre toi après l’avoir lue, imagine mes bras se serrant autour de toi. Imagine mon souffle réchauffer ta peau. Imagine mes cheveux chatouiller ta peau. Même à des jours et des jours de voyage, je suis toujours là avec toi.

Pense à moi ce soir.

Ton Gabriel.

— Gabriel Tinuviel —
#5AC0E7

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❝ A FAILURE AS A SON. ❞

25 Octobre 6 494.

Ariane,

Les nouvelles ne sont pas bonnes. Les tensions augmentent ici. L’absence de père ne fait qu’attiser les flammes et j’ai beau maintenir le contrôle par la force lorsque c’est nécessaire, je sais que dans mon dos, les rouages de la trahison ont commencé à tourner. J’ai d’ailleurs changé le coursier pour cette raison. Je sais que tu n’as pas peur des nôtres et il fait parti d’un cercle de loyaliste de confiance. Je le questionne souvent pour savoir s’il a mentionné ton nom à qui que ce soit. Tu sais comment. Et il est suffisamment bon pour ne pas se faire filer. Je ne prends pas le moindre risque. Il n’y a bien que te concernant que je suis à peu près compétent. Les hommes de mon père me poussent à le faire rappeler à la maison. Mais je crains sa réaction si je venais à le faire revenir de force, à voir la déception dans son regard. Je ne suis pas à la hauteur, Ariane. Pour une fois qu’il a besoin de moi, désespérément besoin de moi, j’échoue à la tâche. Nous avons trop peu de moyen pour faire régner l’ordre ici et mes écrits seuls ne suffisent pas à imposer le respect comme le nom de mon père en bas de page le faisait. Je suis peut-être trop pacifiste pour mener cette vie-là. Mais j’ai eu assez de tuerie et de conflit pour toute une vie après ces dix-neuf mois de guerre. Alors voilà.. Je vais envoyer un groupe le chercher. Je connais plus ou moins sa position et son plan de route grâce à ses écrits. Ils mettront au pire un mois à mettre la main sur lui. Mais si je n’agis pas maintenant pour le faire rentrer avant la nouvelle année, je sais d’avance qu’une famille en particulier passera à l’action. Cependant, je te rassure d’avance. Ne t’inquiète pas pour moi. Je suis bien plus fort que tout ce que tu as pu apercevoir et je suis constamment accompagné par des personnes de confiance. Il y a encore des gens bons ici, des gens qui croient en nous et en cette paix. Je ne me laisserais pas prendre dans un piège naïvement. Toutefois, si à la fin du mois de janvier tu n’as pas de nouvelles de moi, ne vient pas me chercher. S’il te plaît, promets-le moi. Même si, à n’en pas douter, tu recevras ma prochaine lettre dans les temps. Je voulais encore t’écrire un peu mais le devoir m’appelle. Alors crois-y aussi fort que moi et notre vœux se réalisera.

Je t'aime, Ariane.

Ton Gabriel.

— Gabriel Tinuviel —
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❝ I HAD TO. ❞

21 Décembre 6 494.

Bonjour mon amour,

Je suis vivant et en bonne santé. Surprise ! Je sais, tu me détestes. Moi aussi je t’aime à en crever mais comme tu le vois le destin a été clément avec moi. S’il te plait fait en autant. Je me suis promis d’être honnête et limpide avec toi. Mais si tu aurais préféré que je ne te dise rien et que tu découvres tout des semaines plus tard dans les journaux ou pire encore au détour d’une discussion de badauds au marché, je t’en prie dis-le moi. Alors ne m’en veux pas.. Ou en tout cas, pas trop longtemps. Tu vas de toute façon m'en vouloir d'ici la fin de cette lettre. J’ai fait porter celle-ci par griffon. Je n’aurais pas pu faire plus rapide que trois jours. Deux et demi au mieux si mon coursier a volé toute la nuit. Ça mérite bien un point positif pour adoucir ta colère, non ? Enfin.. Venons en aux nouvelles, je me doute que tu souhaites savoir et tout ce qui arrive ne va décemment pas te plaire. J’avais déjà eu l’information en amont mais entre-temps, mon père n’a pas trouvé la moindre trace de ma mère. Je l’ai accueilli avec discrétion, bien peu de gens était au courant de son absence. Et il n’était de toute façon pas en état de faire face à trop de monde. Il semblait fatigué. Physiquement et mentalement. Il m’a à peine regardé, encore moins sourit et nos échanges étaient brefs au possible. Vu les nouvelles, je n’en attendais de toute façon pas mieux. Ça fait deux jours aujourd’hui et à l’heure où je t’écris cette lettre, il n’est pas sorti de son bureau. Les gens ici sont tendus. Je crois – non je suis sûr qu’il évite ses quartiers personnels. J’ai sous-estimé bien des choses cette année. Mes compétences à l’intendance, ma capacité à vivre loin de toi après nos retrouvailles en avril et la peine de ma propre famille. Nous gardons presque tous le silence ici, comme si ne pas reconnaître sa disparition la rendait caduque. Mais ce faisant nous sombrons tous inexorablement dans la tristesse. Certains plus rapidement que d’autre. Et mon père n’est décemment plus le même depuis son retour. Vivre ces dernières années avec ces sentiments pour toi m’ont fait entrapercevoir sa souffrance. La distance est déjà bien assez rude à supporter mais je suis loin d’être à sa place. Si je t’avais attendu toutes ces années et que je t’avais perdu brutalement… Je serais tout aussi dévasté. Je n'imagine même pas en fait à quel point cela m’impacterait. Je crois qu’il tient parce qu’il est ce qu’il est, parce qu’il n’a pas le choix. Non… Je te dis n’importe quoi. Il n’a pas le choix parce que nous sommes là. Ma mère ne lui pardonnerait jamais de nous abandonner. Je me sens encore plus coupable. C’est ma faute si maman a du se jeter en première ligne pour me protéger. Ma faute si elle a disparue. Ma faute si papa se laisse bouffer par son absence. Je dois la retrouver, Ariane. Pour lui, pour nous. Pour moi. J’ai besoin de lui dire à quel point je suis désolé. J’ai besoin de la ramener et de voir à nouveau cette famille prospérer. J’ai besoin d’elle pour tellement de raisons. Des belles mais aussi des égoïstes. C’est ma mère. Ma famille. Ma faute.

Je pars demain matin. Je reprendrais les recherches là où il les a arrêtés à cause de mon incompétence. Avalon est vaste mais je ne partirais pas seul. Le reste des territoires seront couverts par des unités déjà en place, nous avons de nombreux contacts pour nous aider. Heureusement vu nos effectifs réduits après toute cette catastrophe. Cela dit, une mauvaise nouvelle n’allant pas sans une autre, je tenais à te rappeler que les terres sauvages sont très peu peuplées. Avalon n’est pas la plus accueillante et je ne pourrais de fait pas t’envoyer de correspondances. Si le destin se montre favorable, je t’enverrais à nouveau une lettre dans les mois à venir, en espérant avoir une bonne nouvelle à t’annoncer. ~~Pourrais-tu~~ Ai-je le droit de te demander de m’attendre un an de plus ? Non bien sûr que non.. Pourtant je le fais quand même. Attends-moi Ariane. S’il te plaît. Je penserais à toi chaque jour en priant pour retrouver ma mère. Je ferais encore plus d’effort en ratissant la région dans ses moindres recoins et lorsque je serais de retour, tout le monde sera soulagé et heureux. Cette mission se doit d’être un succès. Je dois y croire. Je vais la retrouver. Et ce faisant, je viendrais te retrouver toi.

Pardonnes-moi.

Ton Gabriel.

— Gabriel Tinuviel —
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❝ THERE WAS PRIDE IN YOUR EYES,
WHEN YOU SAID NOT TO WORRY.
TELL ME THE TRUTH WILL DISAPEAR
IF I’M HOLDING YOUR HANDS. ❞

30 Juin 6 495.

Ariane,

Je suis rentré il y a deux jours… Bredouille, évidemment. Et surtout bien plus tôt que prévu, comme tu peux le lire... J’aurais voulu t’annoncer une bonne nouvelle. Te dire que tout allait enfin s’arranger. Mais je crains de n’être porteur que de désillusions. Mon père ne va pas bien et c’est la raison de mon retour en catastrophe. J'ai échoué à retrouver ma mère et le château de cartes s'effondre… Il néglige petit à petit le royaume alors qu’il sort si peu de son bureau. Il passe plus de temps à dilapider nos fonds pour recruter des équipes de recherches et des espions que traiter le reste de ses devoirs de souverain. Et si ce n’était que ça, j’en serais heureux. Soulagé même. Mais c’est pire, bien pire. Et l’horreur de cette vérité c’est que je savais qu’elle finirait par arriver. Mais pas si tôt. Si tôt… Je ne suis pas sûr de pouvoir écrire ça ici mais.. Il perds pied. C’est un mal qui ronge petit à petit son esprit. Lentement mais surement. Je ne sais pas quoi faire Ariane. Son intendant personnel est tout aussi désemparé, il ne l’a jamais vu ainsi. Il ne parle à presque plus personne. Il s’enferme dans ses quartiers, ses recherches, ses rendez-vous douteux… Et le pire dans tout ça, c’est que je n’ai pas été rappelé à Elvendil pour le sauver. J’ai été rappelé pour reprendre les rênes de Babylon, de Roncëlyon. Les têtes de Clans se fichent de l’absence de leur souverain dans une majorité alarmante. Ça les arrange bien. Et ça me mets dans une colère noire. J’ai une assemblée de prévue dans quelques semaines et je crois que si l’un d’eux ose lui manquer de respect en son absence… Mais je ne peux pas faire n’importe quoi. Nyx, elle, le ferait sans remords. Et parfois je me dis que l’impulsivité et la férocité de ma sœur me font défaut. Suis-je trop gentil ? Suis-je vu comme un agneau malléable et insignifiant par mes pairs ? Ici tout n’est pas qu’une question de pouvoir. Je vais devoir gagner leur respect. Et pour ça je devrais peut-être me salir les mains. Si les mots ne suffisent pas, alors les crocs parleront pour moi. Plus le temps passe et plus je comprends la froide violence qui court dans les veines du Roi. Aussi nécessaire que détestable.

Lorsque j’aborde le sujet de la régence avec lui, tout ce qu’il trouve à me dire c’est qu’il m’accompagnera. Et ce n’est pas ce que je veux entendre… Il ne parle pas de venir avec moi là-bas mais bien de me donner toutes les clés pour réussir à sa place. Tu comprends Ariane ? Il parle comme s’il allait partir. Il me prépare. Et il me dit ça avec une telle fierté et une telle peine dans le regard. Ça me brise le cœur. Et ça me blesse avec tant d’aigreur… Comment répare-t-on un cœur en peine ? Comment puis-je sauver un homme en deuil ? C’est toi la médecin. Dis-moi que tu as une idée.. Je prendrais même le plus ridicule des conseils, plutôt que les silences qu’il m’offre pour toute réponse à mes questions surement trop directes. Je crois que même pour lui, la vérité est trop dure à avouer. Je sais qu’il n’a pas perdu espoir. Je le vois dans son regard. Mais je vois aussi tellement de solitude et de souffrance. Il a si mal Ariane. Nous avons tous mal à garder cet espoir de la savoir en vie quelque part loin de nous tous. Mais ma peine semble bien ridicule et âpre face à la sienne. Il culpabilise de tout. Heiron. Maman et Tescanda. Laïna. Nyx aussi désormais, je crois. Et moi. Il sait qu’il me condamne à cette vie qu’il a lui-même si longtemps rejeté. Il sait ce que ça implique pour nous. Et je refuse. Je refuse de te faire subir cette vie-là. Cette absence-là… Je ne suis pas sûr d’être suffisant pour le garder à flot. Peut-être que ce retrait temporaire et masqué de la Couronne lui fera du bien. Peut-être a-t-il juste besoin de temps, seul avec sa peine, son absence. Peut-être que ce temps me permettra de me pardonner également. Décevoir devient une habitude dont je me passerais bien. Si je pouvais au moins sauver Roncëlyon, peut-être que mon père serait soulagé. Je ne sais pas pourquoi je m'imaginais capable de la retrouver alors que lui-même avait échoué… Je ferais ce qu'on attends de moi. J'essayerais tout du moins de ne pas réitérer ce schéma d'échec. De toute façon, cette fois encore, je n’ai pas le choix. J’attendais mon retour avec une telle impatience. J’imaginais mon départ pour ta ville natale, ton sourire en me découvrant sur le pas de ta porte… J’aimerais pouvoir te dire que je te rendrais visite mais nous savons tous deux que c’est impossible dans ces circonstances. Je voudrais presque être capable de le détester pour ça mais c’est mon père et je l’aime lui aussi. Bien différemment mais tout aussi profondément. Alors cette fois-ci, je ne te demanderais rien. Pas encore. Je n’en ai pas le droit. Néanmoins j’espèrerais, à mesure que les jours passent, toujours un peu plus, que tu me garderas dans ton cœur.

Tu hanteras le mien.

Ton Gabriel.

— Gabriel Tinuviel —
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Quietly yours.

❝ I'VE ALWAYS BEEN YOURS. ONLY YOURS. ❞

13 Novembre 6 495.

Très chère Ariane,

Lorsque cette lettre te trouvera je serais surement enseveli sous un nouveau mur de documents à traiter. Sache que j’essaye désespérément de me dégager du temps pour venir te rendre visite et même juste t'écrire… Mais pour chaque papier écrit ou signé, trois autres font surface. J’ai même hésité, il y a peu, à jeter certains d’entre eux dans la cheminé. Je suppose que mon ressentiment à l’égard de ces choses inertes croît à mesure que mon impatience de t’avoir près de moi ne grandit. Cependant, je ne peux décemment pas faire ce genre de chose. Ce n’est pas digne de mon titre, n’est-ce pas ? Je dois penser au bien des autres, mais devoir constamment faire passer ces terres avant moi, avant nous, commence à me peser. Mon esprit est divisé ces temps ci. Moitié espoir, moitié agonie. J’ai essayé si longtemps d’enterrer mes sentiments à ton égard. Je me disais que tu trouverais surement un autre homme à aimer. Que cette vie-là ne te rendrait surement pas heureuse. Et tu mérites quelqu’un qui pourra prendre du temps pour toi. Quelqu’un qui traverserait tout un royaume pour te retrouver, sans une once d’hésitation. Si je ne portais pas ce nom, si mon père n’était pas mourant, si ma vie n’était pas celle-ci… Mais elle l’est. Malgré tous mes efforts pour tout arranger, rien ne va comme je l’avais escompté. Et dans ce carnage qui régit chaque jour de ma vie, je ne cesse de penser à toi. Tu me manques affreusement. Bien plus que je n’oserais jamais te l’avouer à voix haute. Alors je laisse les mots porter la peine de mon cœur jusqu’à toi et.. j’espère qu’elle ne te pèsera pas autant qu’elle me pèse moi. Chaque minute passée perdu dans ces murs de papier coupe mon âme plus profondément que n’importe lequel de ces documents ne le ferait jamais dans ma chair.

Je pense à toi avec tendresse.

Ton Gabriel.

— Gabriel Tinuviel —
#5AC0E7

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